Critique de Faims, de Patrick Senécal
Présentation et critique du roman Faims, de Patrick Senécal
Note des lecteurs6 Notes
Points positifs
Une histoire réfléchie et originale
Des intrigues bien ficellés
Points négatifs
Longueurs dans la première partie
Quelques répétitions
4
Note Horreur Québec

Avez-vous faim?

Trouvez-vous votre vie sans saveur? Êtes-vous devenu qu’une pâle et fragile imitation de ce que vous rêviez d’être?

C’est sur à travers ces questionnements que Patrick Senécal nous entraîne dans son roman Faims, paru aux Éditions Alire en 2015. Ce livre traite des désirs enfouis et des pulsions secrètes qui hantent la plupart des hommes… Même ceux habitant une petite municipalité bien tranquille. C’est donc dans le terreau banal qu’est la vie de famille de Joël, un policier de la ville imaginaire de Kadpidi, que prend racine cet étonnant thriller policier. Un livre avec un scénario complexe, au dénouement inattendu et à une multitude d’intrigues bien ficelées.

Mais avant tout, jetons un coup d’oeil au quatrième de couverture:

« Assassins, oui. Comme vous tous, comme tout le monde. Et hypocrites. Et lâches. Et envieux, débauchés, frustrés, égocentriques, vils, infâmes, assoiffés de pouvoir, d’argent et de luxure, couverts du vernis de la res­pec­tabilité pour mieux camoufler nos désirs qui nous rongent et nous tuent, dégoulinants de bonne conscience avec nos conjoints, nos enfants et notre boulot, et aveugles, volontairement et désespérément aveugle jusqu’à ce que la réalité nous crève les yeux et le cœur ! Humains, depuis la caverne, depuis le serpent et sa pomme, humains jusqu’au bout de nos ongles de bêtes ! »

Bienvenue à Kadpidi, une petite ville tranquille située au cœur d’une région tranquille. C’est là que vit une petite famille tranquille. Joël, le père, est policier ; Martine, sa femme, est propriétaire d’une clinique vété­rinaire. Leurs deux enfants sont maintenant des ados et, à la fin de l’été, Nicholas entrera au cégep, Émilie en troisième secondaire.
En ce second samedi de juillet, la trente-deuxième édition du Bal du Chien-Chaud bat son plein au parc Woodyatt et la journée est magnifique. Or, au même moment, le « Humanus Circus » arrive en ville avec ses quatre autocaravanes et ses trois fourgons tirés par des camionnettes.
Bientôt, plus rien ne sera tranquille…

Ma petite critique sur Faims, de Patrick Senécal

Dans ce roman à saveur de thriller policier, Patrick Senécal nous confronte aux frustrations, mensonges, désirs et secrets enfouis qui hantent tous les hommes, même les habitants d’un village à l’apparence paisible. Rien de fantastique, de magique ou de satanique; tout cela n’est provoqué que par un cirque ambulant qui présente une série de spectacles réservée aux adultes et qui appelle à un laisser-aller, proposant aux gens de nourrir leurs faims. Si ce roman est radicalement différent de la série Malphas ou de Sur le seuil, la thématique abordée se rapproche du roman Le vide.

L’histoire commence lentement et sa mise en place prend un certain temps. À travers certaines longueurs, il est difficile pour le lecteur de comprendre que se tissent les ficelles d’une intrigue solide et surprenante qui nous tiendra en haleine durant la dernière partie du roman. En effet, chaque personnage présente sa propre petite intrigue, son douloureux passé et surtout, une faim… et les personnages sont plutôt nombreux. Il devient alors difficile de savoir dans quelle direction l’auteur souhaite nous guider. Plusieurs critiques ont été plutôt tièdes envers ce roman, précisément à cause de cette minutieuse mise en place des intrigues qui ralentit considérablement le rythme de la lecture et devient répétitive. Cependant, tout comme le train sur une montagne-russe, plus la montée est longue et plus la descente est impressionnante. Si les pages peuvent semblées lourdes pendant la première partie du roman, la lecture s’accélère alors que se tourne les pages et le lecteur retrouvera finalement un rythme endiablé qui le guidera vers une fin surprenante et inattendue.

Malgré les critiques parfois peu élogieuses, Faims de Patrick Senécal nous entraînent dans un scénario solide et surprenant. À travers une multitude d’intrigues, de revirements et de personnages attachants, l’auteur nous fait vivre une expérience intéressante qui nous pousse à faire quelques remises en question.

Pour les fans de Senécal, il est important de noter le retour de Michelle Beaulieu, qui était en vedette dans les romans Aliss et Hell.com, ainsi que La reine rouge (Websérie TVA 2011). Cette même Michelle Beaulieu est aussi la fille aînée de Jacques Beaulieu, le père de famille tueur en série qui kidnappe le personnage principal de 5150 rue des Ormes. Au cours d’une discussion avec l’auteur lors d’une rencontre au Salon du livre de Trois-Rivières 2016, ce dernier affirmait apprécier particulièrement ce personnage et qu’il avait éprouvé un certain plaisir à l’intégrer à cette histoire. Nul doute que ses fidèles lecteurs seront bien contents de la retrouver; car même si Beaulieu est sans aucun doute le personnage le moins attachant de l’histoire, sa présence ne passe pas inaperçue.

Critique de Faims, de Patrick Senécal

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