titane ducournau

[Critique] Titane: une Palme en or massif

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Note Horreur Québec

Comme vous le savez certainement, Titane a remporté la Palme d’or au festival de Cannes en juillet dernier. Il s’agit un très grand pas pour le cinéma de genre, même si voir cette victoire sous cet angle peut aussi s’avérer diminutif pour un film qui, peu importe la lecture que l’on en fait, se veut une œuvre réussie. Pour son deuxième long-métrage, après le très beau Grave, la cinéaste Julia Ducournau nous propose tout un voyage.

Suite à un accident de voiture, la jeune Alexia a dû se faire mettre une plaque de titane dans la tête. Nous la retrouvons à l’âge adulte, et se dandinant avec d’autres filles sur des voitures lors d’une exposition. Bientôt, la police recherche le responsable d’une série de meurtres des plus sanguinaires, et un père va retrouver son fils disparu depuis 10 ans.

Titane affiche film

Rare est le spectateur qui sortira indemne de Titane. Rempli de déférences contemporaines, le scénario déconstruit, en nous en mettant plein la gueule, l’éternel cliché de la victime féminine aux prises avec un homme toxique. Même l’univers d’un salon de l’auto, associé habituellement aux vanités masculines, devient ici un environnement dominé par ces mannequins qui utilisent presque les véhicules exposés comme outil de strip-tease. Si le mariage entre véhicules et danseuses semble être la matérialisation orgasmique de l’homme hétérosexuel par excellence, on découvrira très rapidement que c’est la femme qui a le dernier mot. L’hétéronormativité n’est uniquement présente que pour nous montrer sa destruction.

Ici, rien n’est ce qu’il paraît, et tout est une allégorie et un anéantissement des terrains connus. Le scénario questionne cette barrière entre les sexes, qu’elle soit réelle ou instaurée, mais aborde l’avortement, les relations entre les générations et même les abus de l’entraînement physique. Cette idéologie du corps parfait ne frappe pas une adolescente souffrant d’anorexie, mais un quinquagénaire. Ici aussi, Ducournau traverse la barrière de cette généralité acquise par ce que l’on croit être une tendance.

Un peu à la manière du Vertigo d’Hitchcock, le long-métrage se divise en deux parties complètement différentes au moment où le personnage d’Alexia décide de se mettre en retrait. Deux personnages aux antipodes vont alors endosser le mensonge pour leur profit personnel. C’est un peu comme si on passait de Henry: Portrait of a Serial Killer pour plonger dans un drame familial à la Kramer vs. Kramer, où un père est prêt à tout pour retrouver son fils.

La mise en scène de Ducournau nous semble presque dépouillée lorsqu’elle capte les regards de ses personnages, mais n’en bouillonne pas moins de style. La cinéaste n’est jamais prisonnière de ses partis pris esthétiques et conduit l’ensemble avec un grand raffinement. Les influences de David Cronenberg et de Nicolas Winding Refn se font sentir, mais Ducournau offre plus qu’une photocopie de leur filmographie.

L’actrice Agathe Rousselle nous compose une vilaine qui risque de marquer les annales du cinéma. Dans un rôle très différent que ceux dans lesquels il a auparavant brillé, Vincent Lindon (La loi du marché) est au sommet de son art.

TITANE | Bande-annonce officielle
Horreur Québec
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