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[Fantasia 2017] Entrevue avec Gabriel Claveau pour le film de zombies québécois Punk Fu Zombie!

Dans les prochains jours, les fans d’horreur auront la chance de découvrir la comédie d’horreur trash Punk Fu Zombie du cinéaste Gabriel Claveau au festival Fantasia. Horreur Québec n’a pu résister à un entretien avec lui pour nous en apprendre davantage sur ce futur film «culte» québécois.


Horreur Québec —Tu nous offres un film de zombies trash et en français. Mais en visionnant le film, il devient vite évident que vous ciblez volontairement une facture qui renvoie au cinéma d’exploitation. D’où te vient cette idée?

Gabriel Claveau: Nous avons étudié les codes du cinéma d’exploitation, autant au Québec qu’aux États-Unis. Avec notre film, on ne présente pas les mêmes thèmes, mais les mêmes codes. On essaie en fait de les réutiliser. Le fait qu’on présente une trame narrative peut sembler aller à l’encontre du cinéma d’exploitation, mais c’est difficile de faire autrement présentement. Juste mettre des attractions, ça ne fonctionne plus et nous n’avions pas un assez bon niveau d’attractions. Il nous fallait une histoire qui se tienne. Le cinéma des premiers temps offrait, d’une certaine manière, des films d’exploitation. Hollywood y a inséré le roman avec les années. L’idée de Punk Fu Zombie était que l’intégration narrative n’était pas un élément fondateur. J’ai plus abordé mon long-métrage comme un film d’exploitation de série B, à très petit budget.

HC —On peut à certains niveaux comparer ton film à un Troma, mais c’est quand même un tantinet réducteur. Punk Fu Zombie est plus fouillé. J’ai eu l’impression que l’idée première du film était une sorte de remise en question? Est-ce que le trash sert un peu d’alibi à un message politique?

GC —Oui, un peu. J’ai envie de laisser les gens deviner, par contre. J’ai essayé d’être «acide» sur tout. Je n’ai pas vraiment voulu prendre parti, en y insérant un message face à mes convictions politiques. Je n’aime pas les films d’horreur qui sont des pamphlets politiques. J’ai voulu écorcher tout le monde. J’ai un background en politique, donc dans l’écrit, il y a peut-être des choses qui passent. C’est certain que les gens vont en voir, et je suis convaincu qu’ils vont souvent se tromper.

Je serais très heureux d’être comparé à Lloyd Kaufman. Pour Punk Fu Zombie, Il y a eu un vrai temps d’écriture. Ces films sont souvent écrit en un après-midi. De notre côté, on a mis quatre ou cinq mois à l’écrire. J’ai eu deux assistants scénaristes et un conseiller. On l’a réécrit pour avoir une histoire ayant le plus d’action et le moins de temps morts possibles.

Mettre plus de temps dans l’écriture nous a permis aussi de faire le film de manière plus «cheap», parce qu’écrire, ça ne coûte rien. Même avec une histoire ridicule, il ne faut pas perdre le fil narratif. Je voulais une histoire. Nous ne voulions aucunement tomber dans la «sexploitation» et exploiter la beauté des femmes, comme Troma le fait toujours. Il n’y a aucune nudité et nos jolies filles, on les massacre (Rires). On a donc fait un film différent des films de «sexploitation» qui étaient, autrefois, produits au Québec.

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HC — Est-ce que tu as un film d’exploitation québécois favoris?

GC — L’Après-Ski, c’est certain. C’est quasiment un film surréaliste. Totalement dans la culture du viol. C’est tellement «politically incorrect». Le scénario fait trois lignes et le réalisateur n’arrive pas à le suivre. C’est l’un des films qui a rapporté le plus d’argent dans l’histoire du cinéma Canadien.

poster Christian 1HC —Est-ce que, selon toi, le cinéma d’exploitation n’est pas parfois un miroir plus direct de la société que certains Blockbusters?

GC— Oui. On ne fait pas d’études de marché, comme certains pour de grosses productions. Les films deviennent l’avis culturel dans de pareils cas. En même temps, je m’inquiète. Le gouvernement du Québec, la SODEC et Téléfilm Canada sont présentement impliqués dans le film de genre. Pourtant, on dirait qu’on est prêt à y sacrifier la culture québécoise. Je suis ami avec Alain Vézina (Le Scaphandrier) et on aime moins que nos films doivent être produit à l’américaine. Est-ce qu’on souhaite un cinéma de genre qui n’a plus rien de culturellement québécois? On nomme ces films qui sortent comme étant québécois, mais ils ne le sont plus. Si on ne fait rien, c’est comme si on décide que notre culture n’a pas sa place dans le genre. La culture québécoise est, pour les étrangers, exotique et intéressante. J’adore Turbo Kid, mais j’ai l’impression que le film a eu un côté nocif à ce niveau. Il faut tourner nos films en anglais, dorénavant et en y insérant de la culture américaine.

HC —Dirais-tu que le cinéma de genre est donc mal compris au Québec?

GC— Turbo Kid a été invité aux Rendez-vous du cinéma Québécois et après il y a eu Feuilles Mortes, d’une très bonne facture, avec Roy Dupuis. Ce n’est pourtant pas un film si aimé. Le scénario est imprévisible et la photographie est sublime. Ils ont fait le film en dix-huit jours. C’est incroyable. Le Scaphandrier présente un résultat très différent de ce qu’Alain voulait faire au début. J’ai lu le scénario de départ et c’était meilleur que le film qu’on a vu. L’élite a dit que c’était un mauvais film de genre. Les scènes d’horreur sont très réussies, je trouve.

Au Québec, il n’y a pas de place pour le cinéma commercial, point final. L’idée d’avoir un film indépendant peut, peut-être, nous permettre une certaine rentabilité. Mon équipe, moi et plusieurs amis réalisateurs aimerions ramener ce qui faisait la sauce de ce cinéma des années 1960 et début 1970. Rentabiliser ces films, en dehors du circuit officiel. C’est faisable sous l’ancien modèle du cinéma d’exploitation. On présente des visionnements en salles, avec des salles louées et des promotions avant. On y regroupe un paquet de films indépendants, les gens payent un cinq dollars et y mangent du popcorn. On peut aussi les présenter avec animation dans des bars. Tous ceux qui me parlent et qui ont investi dans le cinéma de genre ont gaspillé de l’argent. Ce n’est pas juste de l’art, c’est un commerce. Ça semble capitaliste, mais c’est aussi comme ça qu’on garde une indépendance.

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HC—Punk Fu Zombie peut divertir tous le monde, mais il est davantage destiné au peuple québécois, premièrement, à cause de la langue, mais aussi à cause du bagage culturel qu’il faut avoir pour s’y amuser pleinement. Quel type de marché avez-vous envisagé?

GC— Les français peuvent trouver ça exotique, mais je dirais même qu’il faut être un québécois de 35 ans et plus, pour saisir les références et l’humour (rires). Si on a un bon buzz à Fantasia, avec pleins de monde dans la salle, on va tenter quelque chose. Il faut comprendre que ces films doivent être visionnés dans des salles, en «gang» pour respecter le climat d’exploitation. Regarder ça seul chez vous, ça n’a pas le même impact. C’est un peu la raison pour laquelle le VHS a tué le cinéma d’exploitation. Peut-être qu’on pourrait envisager un DVD ensuite.

HC —Si chez Romero les zombies sont une métaphore du système de consommation, tu dirais que les zombies de Punk Fu Zombies symbolisent quoi?

GC —Je n’ai pas vraiment pensé à ça. Nous avions une formule. Quand les canadiens anglais se faisaient mordre, ils devenaient des hommes-rats. Ce n’est pas tellement expliqué, dans le film.

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HC— Tu m’as mentionné que le tournage avait été assez long, mais que ça pouvait avoir eu certains avantages. Lesquels?

GC— L’avantage d’un film comme celui-ci, c’est qu’on tourne uniquement les fins de semaines. Je ne sais pas comment certains font pour clancher un tournage en vingt jours consécutifs. En tournant les week-ends, cela m’a permis de ne pas faire le découpage technique d’un seul coup. Je n’avais pas entièrement complété les dialogues, non plus. J’ai eu cette impression de pouvoir terminer le scénario en découvrant mes acteurs, et en me sentant inspiré. Chaque week-end on recommence une nouvelle organisation. Il y a aussi des désavantages de tourner sur presque un an et demi. Est-ce que les acteurs vont garder la même coupe de cheveux?

HC— Est-ce que tu as des projets pour l’après Fantasia?

GC— J’aimerais faire une sorte de Star Wars québécois, à Hochelaga. Avec une secte de punks, et des maquettes (rires). Dans mon prochain film, il ne peut pas ne pas y avoir de vaisseaux spatiaux.


Punk Fu Zombie est présenté le 18 juillet prochain à 21h15. Consultez notre critique du film.

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