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[Critique] «Witches, Sluts and Feminists: Conjuring the Sex Positive» de Kristen J. Sollée

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4.5
Note Horreur Québec

Autrefois, on attendait de la femme qu’elle se complaise dans ses taches domestiques, obéisse sans protestation, soit privée d’ambition. Trop curieuse ou éduquée, elle faisait peur. Trop sexuelle aussi. Brûlée ou pendue, la «sorcière» avait rarement eu le temps de se rendre au Sabbat: on l’avait saisie dès qu’elle s’était trop éloignée de la cuisine ou de la chambre à coucher.

Witches, Sluts and Feminists: Conjuring the Sex Positive défend l’idée que celles qui se faisaient autrefois traiter de sorcières se font aujourd’hui traiter de salopes, deux termes que plusieurs féministes n’hésitent pas à s’approprier. Comment la sorcière se manifeste-t-elle au cinéma, dans la porno, en musique, en politique? Comment se fait-il qu’on craigne toujours autant les femmes en 2017? Un chapitre du livre est même consacré à Hillary Clinton, surnommée par certains a witch with a capital B. Soutenue par des interventions d’auteures, d’artistes et de théoriciennes, la plupart versées dans les arts occultes, Kristen J. Sollée examine la sorcière sous toutes ses coutures.

Witches, Sluts and Feminists : Conjuring the Sex PositiveSollée explique qu’à plusieurs égards, l’histoire se répète. Ainsi, les mêmes hommes qui se méfiaient des sage-femmes parce qu’elles s’y connaissaient en santé reproductive s’opposent aujourd’hui à l’avortement et à la couverture de la pilule contraceptive par les régimes d’assurance publique. Sorcellerie et féminisme sont présentement à la mode, ce qui les amène aussi à dénoncer la dénaturation de ces mouvements par le capitalisme. Des messages revendicateurs comme «Hex the Patriarchy», par exemple, sont imprimés en masse sur des vêtements fabriqués dans des sweatshops qui exploitent les femmes, ce qui leur enlève leur pouvoir.

Même si Witches, Sluts and Feminists… discute du passé douloureux des sorcières et des féministes (on y parle même d’épigénétique!), il se tourne vers l’avenir avec espoir et optimisme. Internet et les médias sociaux rapprochent les sorcières, créent des cercles virtuels et même de nouvelles opportunités de pratiquer la sorcellerie: saviez-vous qu’un sort pouvait être lancé par un simple texto?

L’auteure étant l’éditrice du blogue Slutist, on ne s’étonne pas de le voir abondamment cité. En fait, grâce à sa succession de courts chapitres, cet essai de moins de 200 pages se lit comme une série de billets, de sorte qu’on peut facilement mettre sa lecture sur pause. Ceux qui souhaitent approfondir leur réflexion seront heureux de trouver une bibliographie bien garnie et les féministes, qu’ils pratiquent ou non la sorcellerie, rassurés de savoir que le tout est écrit dans un grand souci d’intersectionnalité.

À lire!

Horreur Québec