Seed of Chucky Banner

Amis depuis plus de 30 ans: rétrospective de la franchise «Child’s Play»

La franchise Child’s Play a maintenant 33 ans et Chucky n’a pas pris une ride, littéralement. Son parcours meurtrier est également loin d’être terminé. Le genre slasher nous avait habitué à des meurtriers masqués, menaçants, musclés, des tueurs d’enfants ou d’adolescents. Avec leur poupée Good Guys, Don Mancini et Tom Holland nous ont offert en 1988, sans nécessairement réinventer la roue, un tout nouveau genre de vilain.

Après tout, qui se douterait qu’un dangereux psychopathe se cache dans un jouet pour enfant? Chucky avait tout pour plaire. Son sadisme, son humour noir et la voix et le rire de Brad Dourif lui ont procuré un charme qui l’ont rapidement hissé au rang des préférés des fans d’horreur. Après sept films, un remake et une série télévisée qui arrive à grand pas chez nous, il est temps de revisiter cette franchise avec ses hauts et ses bas.

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Child’s Play, 1988

Charles Lee Ray, joué par Brad Dourif, est poursuivi par la police. Abandonné par son partenaire, l’assassin trouve refuge dans un magasin de jouets. Blessé mortellement, l’homme décide d’utiliser un rituel vaudou afin de transférer son âme dans une poupée, où personne ne pensera le trouver. Plus tard, une mère monoparentale achète la poupée en question pour l’anniversaire de son fils Andy, sans se douter qu’un meurtrier s’y cache. Ce qui semblait être un jouet inoffensif va bientôt se transformer en machine à tuer qui n’aura qu’un seul but: trouver un nouveau corps dans lequel il pourra revivre.

Réalisé par Tom Holland, qui nous avait déjà offert Fright Night en 1985, l’histoire a été imaginée par Don Mancini, qui a co-écrit le scénario. Mancini a non seulement créé Chucky, il lui a littéralement donné son âme: il écrira chaque chapitre de la franchise et lui assurera une pérennité qui dure encore depuis.

Dès le début du film, on comprend rapidement le propos de la surconsommation. À une époque où les séries jeunesse commençaient à se faire financer par des compagnies de jouets, la télévision était un outil important pour commercialiser ces produits. Andy, incarné par Alex Vincent, est le public cible parfait. Délaissant ses jouets déjà nombreux, le garçon ne peut s’empêcher de faire une fixation sur la poupée Good Guys de l’heure, s’habillant même comme elle. Le film prend l’approche d’un slasher classique, où l’on ne voit pas le tueur agir pendant un bon moment, laissant planer le mystère en compagnie d’un personnage qu’on imagine dérangé. Les premiers meurtres sont ainsi montrés selon le point de vue de Chucky, l’arme du crime à la main, rappelant Halloween ou encore les giallo italiens. Si les poupées tueuses n’étaient pas monnaie courante à l’époque, reste que Chucky a tout du monstre classique. Comme le vampire ou le loup-garou, par exemple, il souffre aussi d’un point faible pour nous permettre d’en venir à bout. L’original de 1988 ne laissait pas de place à une suite, mais, si les films d’horreur nous ont appris une chose, c’est de ne jamais assumer que le tueur est bel et bien mort.

Vous pouvez également lire notre critique sur le film original.

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Child’s Play 2, 1990

Deux ans après les événements du premier film, la compagnie derrière les Good Guys veut revenir en affaires et récupère la carcasse de Chucky pour la restaurer, ignorant qu’elle ramènera ainsi à la vie le tueur Charles Lee Ray. Andy a été placé depuis en institut psychiatrique et doit maintenant aller vivre en famille d’accueil. Même s’il se croit en sécurité, son cauchemar est loin d’être terminé: Chucky est de retour et déterminé à prendre possession de son corps afin de redevenir humain.

Après le succès de Child’s Play, il n’est pas étonnant qu’une suite fut envisagée. Il y avait toutefois un problème. La production a dû s’arrêter lors de négociations concernant la vente de MGM. L’Australien Christopher Skase du groupe Qintex devait acquérir le studio, mais ce dernier comptait bannir les films d’horreur. Don Mancini a donc cru bon vendre les droits de la franchise afin de permettre la suite. Plusieurs studios se sont montrés intéressés et c’est Universal Pictures qui a remporté l’enchère, MGM possédant toujours les droits du film original. Ironiquement, Skase n’a pas acquis le studio et a finalement fait faillite pour ensuite s’exiler en Espagne. La réalisation a été confiée à John Lafia, co-scénariste du premier film.

Au scénario, on comprend que la compagnie de jouets ait voulu reprendre la production et tenter d’étouffer l’affaire du premier film, mais la décision de restaurer la fameuse poupée s’avère moins compréhensible. Toutes les raisons sont toutefois permises pour faire revivre un vilain et donc, après à une résurrection digne de Frankenstein, Andy se retrouve à nouveau en proie à Chucky, cette fois sans sa mère pour le protéger. Le jeune homme s’allie à Kyle, l’adolescente de sa famille d’accueil incarnée par Christine Elise, qui finira par le croire. Si les meurtres sont parfois hors-champ, le tueur est plus présent et on l’apprécie d’avantage grâce à sa personnalité flamboyante et son vocabulaire coloré. La scène finale à l’usine de production, quant-à-elle, est la plus terrifiante et la plus efficace du film.

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Child’s Play 3, 1991

Maintenant âgé de seize ans, Andy est admis à l’école militaire où l’on espère lui faire oublier son traumatisme, qu’on croit imaginé de toute pièce. Malheureusement, la compagnie qui fabriquait autrefois les poupées Good Guys reprend à nouveau sa production et ressuscite encore accidentellement le tueur Charles Lee Ray, qui souhaite plus que jamais se trouver un nouveau corps dans lequel revivre.

Réalisé par Jack Bender, ce troisième opus a été produit en un temps record. En effet, avant même que le deuxième film soit disponible en salle, Universal Pictures avait déjà demandé à Mancini d’écrire un troisième acte, engendrant beaucoup de pression chez le créateur de la franchise. Après le succès de Child’s Play 2, le feu vert a été donné et l’équipe a eu neuf mois pour accoucher de celui-ci. Plusieurs idées ont été considérées avant que Mancini développe celle de mettre en scène un Andy plus âgé, cette fois-ci joué par Justin Whalin (Serial Mom).

Le film débute encore sur le sujet de la surconsommation, mais passe rapidement à autre chose. La publicité programmait jusque là les enfants à devenir des apprentis consommateurs, et on traite maintenant d’adolescents à l’école militaire. Andy est le plus touché par l’abus de pouvoir et l’intimidation. Son passé tumultueux et son manque de discipline font de lui une victime de choix pour ses supérieurs. En voulant se venger d’Andy, Chucky trouvera plutôt un nouvel ami en Tyler (Jeremy Sylvers), un jeune garçon parfait pour éventuellement renaître. Le rôle d’Andy passe ainsi de victime à protecteur, puisqu’il doit maintenant tout faire pour protéger l’enfant, ce qui ne simplifiera pas la tâche de l’infâme tueur.

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Bride of Chucky, 1998

Deux ans après avoir été tué à nouveau, Chucky est de retour, et cette fois il n’est pas seul. Tiffany Valentine (Jennifer Tilly), ancienne petite amie de Charles Lee Ray, récupère les lambeaux de la poupée afin de la recoudre et la réanimer lors d’un rituel vaudou. Les retrouvailles ne sont toutefois pas des plus heureuses. Après une chicane de couple, Chucky transfère l’âme de Tiffany dans une autre poupée pour se venger. Maintenant tous deux prisonniers d’un corps de plastique, le duo part vers le New Jersey afin de récupérer l’amulette avec laquelle Charles a été enterré. Ainsi ils pourront chacun retrouver une forme humaine une fois pour toutes.

Après les trois premiers films, on croyait avoir fait le tour de la franchise. Après tout, chaque chapitre se résumait par Chucky voulant transférer son âme dans le corps d’Andy. On a donc voulu revamper l’image du tueur et apporter un vent de fraîcheur à la série afin de conquérir un nouvel auditoire. Finis les jeux d’enfants. Fini Andy. Finie également la critique sociale. Si les premiers films nous offraient de l’horreur teintée d’humour noir, on tombe maintenant dans l’absurdité. Tiffany utilise bien un livre Voodoo for Dummies pour ramener son amoureux à la vie…

Précédemment, on suivait les victimes qui passaient pour folles, alors que le tueur restait inerte aux yeux des témoins, révélant sa vraie nature uniquement à la fin de l’histoire. Dans cette réalisation de Ronny Yu (Freddy vs. Jason), Chucky est désormais le protagoniste. On en apprend davantage sur sa personnalité et, maintenant qu’il a abandonné l’idée de transférer son âme dans le corps d’un enfant, il doit vivre sa vie d’adulte avec les responsabilités qu’il en découle. Bride of Chucky se présente davantage comme une satire d’un couple dysfonctionnel dont l’issue ne sera pas des plus heureuses. Tiffany, qui a d’ailleurs été tuée en regardant son film romantique préféré, Bride of Frankenstein, se rendra bien compte qu’être en couple avec un monstre recousu et ressuscité n’est pas de tout repos. Les choses ne se simplifieront pas avec la venue de leur enfant.

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Seed of Chucky, 2004

Six ans après les événements de Bride, les corps de Chucky et Tiffany servent maintenant d’accessoires dans un film d’horreur inspiré sur les meurtres passés. Leur progéniture, perdue dans la nature et en pleine quête d’identité, croit reconnaître ses parents à la télévision et décide d’aller les retrouver à Los Angeles. En utilisant l’amulette de Charles Lee Ray, «l’enfant» ramène les poupées à la vie, mais découvre avec horreur qu’il s’agit de deux tueurs psychopathes.

Seed of Chucky est une parfaite suite satyrique dans le même ton que Bride, mais ceux qui n’ont pas aimé le quatrième opus n’ont pas plus trouvé leur compte avec celui-ci. En effet, Seed a été un échec commercial et il s’agira du dernier film de la franchise à sortir en salle, à l’exception du remake de 2019. L’humour noir et absurde sont toujours au rendez-vous alors que Chucky et Tiffany doivent maintenant faire face à une nouvelle réalité: celle d’être parents. Leur enfant étant asexué, Chucky s’entête à dire qu’il s’agit d’un garçon qu’il baptise Glen, alors que Tiffany veut l’élever comme une fille sous le nom de Glenda. Glen ou Glenda est déchiré.e plus que jamais entre sa mère, qui veut arrêter de tuer afin de devenir une bonne mère, et son père, qui veut l’initier au meurtre.

Rendant hommage une fois de plus à plusieurs classiques du cinéma d’horreur, tels que Psycho ou The Shining, Chucky va même briser le quatrième mur en avouant être l’un des slashers les plus notoires de l’histoire. Don Mancini signe ici sa toute première réalisation et restera à la barre des suites suivantes. L’actrice Jennifer Tilly n’interprète pas un, mais deux personnages: en plus de reprendre la voix de Tiffany, elle incarne également son propre rôle. Tiffany est fan de Jennifer, mais la critique de vouloir coucher avec un réalisateur pour obtenir un rôle. Malgré tout, elle ne peut s’empêcher de demander un autographe à l’actrice, voyant en elle la personne parfaite dans laquelle transférer son âme. C’est comme si Tiffany revenait dans son corps d’origine au final. Devant la séparation imminente du couple, Glen ou Glenda devrai choisir entre son père ou sa mère.

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Curse of Chucky, 2013

Ving-cinq ans après les événements du premier film, et neuf ans après Seed, une mystérieuse Good Guys nommée Chucky arrive par la poste chez Nica, une jeune femme paraplégique vivant avec sa mère dans une maison isolée et délabrée. Les deux femmes reçoivent la visite de la sœur de Nica, ainsi que son mari et leur fille, Alice, qui décide de conserver la poupée. De mystérieuses morts s’en suivent et tout porte à croire qu’il pourrait s’agir de la poupée.

Premier film de la série sorti directement en vidéo, Curse est un retour aux sources pour les fans souhaitant retrouver l’ambiance plus glauque et horrifique des premiers titres. On met de côté les points de suture de Chucky, ainsi que Tiffany, Glen et Glenda. Les personnages principaux sont les humains, victimes des manigances de la poupée, comme dans la trilogie Child’s Play. Le suspense prend beaucoup de place dans ce récit; Nica, jouée par Fiona Dourif, la fille de Brad, tente d’élucider le mystère des meurtres. Mais le spectateur tente aussi de comprendre comment le tueur a miraculeusement retrouvé son apparence d’antan, en plus de comment et pourquoi il se retrouve dans cette maison en particulier.

En revenant sur les origines de Charles Lee Ray, on oublie toutefois certains détails, créant ainsi des incohérences dans un scénario qui nous offre peu d’explication. Si certains ont pu apprécier cet opus horrifique, d’autres sont restés sur leur faim. Don Mancini n’en en avait définitivement pas fini avec la franchise: les scènes post-générique, à la manière des films de Marvel, le prouvent en titillant le public sur une suite à venir.

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Cult of Chucky, 2017

Quatre ans après les meurtres de Curse, on retrouve maintenant Andy, joué par l’acteur original Alex Vincent. L’homme possède encore la tête de Chucky, qui est toujours en vie mais qu’il n’arrive pas à abattre une fois pour toutes. Pendant ce temps, Nica, jugée coupable des meurtres survenus dans sa demeure, est transférée dans un nouvel institut psychiatrique. Son docteur a l’idée de se procurer une poupée Good Guys (également appelée Chucky) pour l’aider dans sa thérapie. S’ensuit une nouvelle série de meurtres mystérieux, ainsi que l’arrivée d’un troisième Good Guys.

Suivant le style de Curse, Cult opte pour un nouvel endroit lugubre avec un hôpital psychiatrique. On a donc droit à des patients dérangés, ainsi qu’à un psychiatre qui profite de sa position pour abuser Nica. Le mystère trouve ici place dans les nombreuses incarnations de Chucky. Si jusqu’alors le suspense visait des personnages qui tenaient à savoir si la poupée était bel et bien vivante, on se demande plutôt ici qui est le vrai Chucky. Si on avale l’explication de la multiplication des Good Guys, on remarque que le récit se tient un peu mieux que le précédent. On va même expliquer quelques lacunes de Curse.

Lisez notre critique complète du dernier titre de la franchise.


Depuis le sixième film de la franchise, on sent déjà, du moins avec les scènes post-générique, que Don Mancini a envie d’étendre son univers en ramenant plusieurs personnages de la série. C’est maintenant chose faite, car demain le 19 octobre débute au Canada la suite intitulée Chucky sous forme de série sur les ondes de Showcase.

Plusieurs personnages récurrents de la franchise feront leur retour, tels qu’Andy, Kyle, Tiffany, Nica et, bien entendu, Chucky. Après toutes ces belles années de tuerie, celui qu’on appelle l’étrangleur de Lakeshore n’a certainement pas fini de nous surprendre.

Chucky TV Series - Official Trailer (2021) Brad Dourif, Jennifer Tilly, Devon Sawa
Horreur Québec