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[Critique] Assassination Nation: le cauchemar américain

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Note Horreur Québec

Dans une petite ville américaine du nom de Salem, un pirate informatique crée la zizanie en dévoilant les données personnelles du maire, puis du directeur de l’école secondaire. La situation devient véritablement incontrôlable lorsque 17000 citoyens de Salem sont à leur tour piratés. Que fait-on lorsque la vie privée devient un concept révolu et que des révélations compromettantes sont faites sur nos proches, nos amis, nos voisins et nous-mêmes?

Écrit et réalisé par Sam Levinson (Another Happy Day), Assassination Nation pourrait être décrit comme un croisement entre The Purge, Spring Breakers et l’excellent Klip (un film serbe qui a été présenté au FNC en 2012). Abordant des thèmes très actuels comme le culte de l’image et l’omniprésence des réseaux sociaux dans nos vies, Levinson fait le portrait d’une Amérique à la dérive, portant un regard très sévère sur celle-ci, mais qui évite de justesse de devenir moralisateur (Dieu merci). Situer cette fable moderne à Salem n’est d’ailleurs pas le fruit du hasard: si à une certaine époque le lynchage public avait lieu dans la rue (rappelons qu’une vingtaine de personnes accusées de sorcellerie — dont six hommes — ont été exécutées à Salem en 1692), en 2018, c’est sur les réseaux sociaux qu’on diabolise les gens et qu’on détruit des vies. Ce parallèle — très subtil dans le film — rappelle avec justesse que, malgré l’évolution de nos mentalités depuis le 17e siècle, la part bestiale et tribale en chacun de nous peut resurgir rapidement lorsqu’on se sent menacé.

Assassination Nation film poster

On a tous quelque chose à cacher et, lors du visionnement, difficile de ne pas se laisser emporter par la peur que ressentent les citoyens de Salem à l’idée que leur vie privée soit dévoilée au grand jour. Et si cela nous arrivait, risquerions-nous de tout perdre, nous aussi?

D’un point de vue formel, le film est extrêmement stylisé, multipliant les ralentis, les split screen et les lettrages colorés. Soulignons d’ailleurs une très efficace scène d’invasion de domicile filmée en plan séquence et qui rappelle celui de Tenebre de Dario Argento.

Accessible seulement aux gens de 16 ans et plus, Assassination Nation est également particulièrement violent et vulgaire. Le spectateur est d’ailleurs prévenu dès le début du film qu’il risque d’être choqué. Le film aborde aussi le thème de la sexualité (on parle d’internet quand même), mais demeure très pudique du côté de la nudité. Ce n’est pas surprenant en soi puisque qu’on a affaire à un film américain (généralement plus prompt à montrer des gens qui se font éventrer que des gens qui font l’amour), mais c’est un peu décevant de la part d’un film qui se veut provocateur.

Finalement, le regard que porte le réalisateur sur la jeunesse américaine est plutôt compatissant, mais pas complaisant. Comme le dit l’héroïne du film, elle vient à peine d’arriver (elle n’a que 18 ans), on ne peut pas lui reprocher toutes les misères du monde, peu importe les erreurs qu’elle a commises. Bref, une belle découverte qui trouvera peut-être un jour sa place avec d’autres brûlots politiques comme Fight Club et A Clockwork Orange.

Assassination Nation Trailer #1 (2018) | Movieclips Trailers

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Horreur Québec