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At Home with Monsters: dans la peau de Guillermo

Si vous comptez voir l’exposition At Home With Monsters de Guillermo del Toro prochainement, gardez-vous quelques surprises et évitez de lire les lignes qui suivent! 

Pour Guillermo del Toro, collectionner des morceaux de films et des oeuvres d’art, c’est l’équivalent d’amasser des reliques sacrées pour un religieux. On s’approprie un bout d’une icône qui a profondément touché notre âme, à un moment de notre vie. Et la collection de l’homme pour tout ce qui entoure ses passions — à savoir le cinéma de genre oui, mais également la littérature et l’art — est gargantuesque! Sa maison surnommée Bleak House, en l’honneur du roman de Charles Dickens, située en banlieue de Los Angeles, est taillée sur mesure pour lui: 13 librairies à thématiques différentes renferment l’étendue de ses avoirs qui ont tous un point commun: les montres.

L’obsession du réalisateur pour les créatures mythiques, mais surtout pour l’imaginaire, l’horreur et le fantastique, est contagieuse et l’exposition At Home With Monsters, présentée au public pour la dernière fois au Art Gallery of Ontario (AGO) de Toronto jusqu’au 7 janvier 2018, en témoigne. Quatre cent cinquante objets précieux de l’homme y sont présentés (apparemment environ seulement 10% de sa collection complète) sous 8 thématiques différentes qui passent au peigne fin son univers unique. À cela, on ajoute plus de 95 objets soigneusement sélectionnés par lui et fidèles ses collaborateurs en plus d’une tonne de livres et de bandes-dessinées (plus de 3 600!) appartenant à la librairie du AGO ou prêtés pour l’occasion.

IMG 1760 e1508460223813De la magie pour les yeux

Lorsqu’on entre, l’oeil peine à se poser quelque part tellement la présentation est dense. Chaque espace, chaque mur et chaque présentoir est occupé par des images et artéfacts remplis d’histoire. C’est une réplique saisissante du Pale Man de Pan’s Labyrinth qui nous accueille — ou plutôt nous frappe de plein fouet — dès l’entrée de la première pièce. La sculpture est saisissante de réalisme. Juste à côté, au travers d’une fenêtre à l’écart, c’est Santi de The Devil’s Backbone qu’on peut voir se matérialiser devant nous comme par magie. Impossible de rester indifférent devant toutes ces visions, littéralement.

Certaines pièces sont visuellement époustouflantes. The Rain Room, une salle secrète de la maison est présentée légèrement retirée des autres. Un orage perpétuel gronde dans les fausses fenêtres de l’endroit, qui serait vraisemblablement le lieu d’inspiration de prédilection du réalisateur. Edgar Allan Poe, pratiquement en chair et en os, y lit un ouvrage. Les amateurs de l’opulence de l’époque victorienne, eux, vont tomber carrément sous le charme de la pièce dédiée à cette période de l’histoire chère aux yeux du mexicain. Les costumes des personnages de Crimson Peak portés par Jessica Chastain et Mia Wasikowskay y sont entre autres montrés de manière grandiose.

Des monstres et encore des monstres

Un peu partout dans le parcours, les reproductions en silicone des monstres des films du réalisateur surgissent comme les véritables vedettes de l’exposition. Les détails de ces réalisations hyperréalistes sont incroyables. On peut ainsi passer plusieurs minutes à faire le tour, par exemple, du Faune de Pan’s Labyrinth et les fées qui sont posées sur lui.

Après un détour chez John Merrick de The Elephant Man, on fait une incursion dans le monde de Freaks de Tod Browning, un de films préférés de del Toro. Ces curiosités de cirque auront en effet été les premiers «monstres originaux», bien souvent malgré eux. Hans, Schlitzie et Koo-Koo the Bird Girl se tiennent tout juste à quelques mètres de nous, parfaits jusqu’au moindre cheveu et poil de sourcil, gracieuseté du sculpteur Tom Kuebler.

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La finale de l’exposition est quant à elle dédiée au monstre préférée de l’homme: la créature de Frankenstein. Une pièce complète est nécessaire pour témoigner de toute sa passion pour le sujet. En plus de maintes reproductions grandeur nature des personnages de l’histoire, on retrouve une centaine d’éditions différentes du roman de Mary Shelley, une scène spectaculaire de la créature en train de jouer avec la petite Maria, la plus récente création du sculpteur Mike Hill, ainsi que sa fameuse tête de 7 pieds, devenue en quelque sorte l’emblème de l’exposition.

Grand amateur d’art… lugubre

Guillermo del Toro est un véritable collectionneur d’art. L’exposition regorge d’oeuvres inspirées de ses films ou ayant inspiré les siens. Parce que oui, l’homme attache une importance primordiale aux arts visuels lorsque vient le moment de composer la cinématographie d’une production. Le peintre victorien John Atkinson Grimshaw a, par exemple, grandement inspiré les visuels de Crimson Peak. La collection est impressionnante, de Goya à Zdzisław Beksiński, mais également de Richard Corben à — évidemment — Mike Mignola, créateur de la BD Hellboy. Les illustrateurs de comic books ont leur place aux côtés des maîtres de la Renaissance chez del Toro… en autant qu’ils aient une histoire sinistre à raconter!

En plus des toiles, on est de plus bercés par les trames sonores touchantes de ses films lors de la visite, mais c’est sans se douter que celles-ci sont interprétées par un pianiste installé à la toute fin du trajet; une attention touchante et surprenante.

Un moment inoubliable

En demeurant critique, des thématiques promises par l’exposition semblent moins bien définis dans toute cette abondance. Certaines des premières oeuvres de l’homme ne sont pas non plus tellement abordées; on pense à Cronos ou Mimic, particulièrement. Les organisateurs ont voulu profiter de l’espace limité au maximum, mais lors des périodes de pointe, il devient très difficile d’avoir un moment tranquille pour simplement apprécier l’ensemble. Toutefois, le parcours est de bonne durée. En vous attardant, la visite devrait vous prendre 1h30.

N’en demeure pas moins que l’exposition At Home with Monsters de Guillermo del Toro est un véritable orgasme pour n’importe quel fan de cinéma fantastique le moindrement sympathique envers l’oeuvre du réalisateur. Une petite virée à Toronto qui vaut amplement le détour!

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