[Critique] Polaris: du sang sur la neige

Présenté dans le cadre de la 11e édition du festival Blood in the Snow, le film canadien Polaris nous semblait un incontournable depuis sa projection à Fantasia l’été dernier, puisqu’il figurait parmi les titres que notre équipe n’avait pu couvrir.

Dans un monde hivernal postapocalyptique en 2144, Sumi, une fillette dotée de certains pouvoirs et élevée par un ours polaire, entreprend un long voyage où les étoiles semblent lui dicter le parcours à adopter.
HOME Poster Fantasia

Ce que la scénariste et cinéaste Kirsten Carthew accomplit avec les moyens du bord pour Polaris est assez remarquable. Les forces du film proviennent de sa réalisation précise et imaginative qui gère assez bien le manque de fonds.

Carthew transforme un hiver traditionnel du Yukon en un paysage de terreur, où la beauté plastique des images traduit à fond cette idée d’isolement. La réalisatrice y dirige un véritable ours polaire et livre un long-métrage avec une distribution exclusivement féminine, remplie d’attaques sanglantes. Elle a aussi l’audace de nous livrer un film dans une langue inventée et d’axer sa mise en scène sur l’explication du non verbal.

Le problème de l’entreprise est que la quête de l’héroïne, de même que ses pouvoirs, manquent d’approfondissements. Rappelons que nous sommes dans une histoire sans véritables dialogues et cette contrainte originale a cette conséquence néfaste de nous laisser dans l’indétermination. Même si cette démarche est volontaire pour tisser un certain mystère, elle étouffe de la sorte la portée symbolique et politique que tente pourtant de dresser le récit. C’est aussi dommage que le scénario nous en apprend si peu sur les communautés féminines qui se sont créées dans cet univers. Les ambiguïtés sous-alimentées par le manque de profondeur des personnages nous conduisent, hélas, à une finale plus laborieuse que fascinante.

Au niveau de l’interprétation, la jeune Viva Lee est très énergique, mais la palme revient à la grande Muriel Dutil qui brille de tous ses feux dans un rôle secondaire.

Au final, Polaris est un film qui vaut son visionnement, même si on risque de l’oublier rapidement.

Polaris arrive en salle au Québec le 1er septembre 2023.

Note des lecteurs0 Note
Points forts
Une réalisation imaginative
Un trio d'actrices étoffé
Points faibles
Le scénario confus
La finale laborieuse
3
Note Horreur Québec
Horreur Québec