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[Critique] Blood Child: racisme et enfant-fantôme

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3
Note Horreur Québec

Tout le monde a vu Get Out l’an dernier. Le film de Jordan Peele, en plus d’un succès populaire appréciable, a bénéficié d’un accueil critique dithyrambique qui l’a mené jusqu’aux Oscars. Son originalité? Traiter sur fond de thriller horrifique du racisme insidieux très présent en Amérique. Blood Child de Jennifer Phillips a visiblement la même ambition. Cela dit, là où Get Out laissait son public sur une fin cathartique forçant à la réflexion, le film de Phillips, pour sa part, tombe malheureusement un peu à plat.

Basé (supposément) sur une histoire vraie, Blood Child possède une prémisse assez originale. Après une fausse couche qui la plonge dans une grave dépression, Ashley (Alyx Melone) fait appel à une sorte de sorcier indonésien qui lui permet d’élever un enfant-fantôme possédant l’âme de son défunt bébé. Avec l’aide de Siti (Cynthia Lee MacQuarrie), sa bonne ramenée de Singapour, elle tentera de prendre soin de cette entité de plus en plus puissante alors qu’elle et son mari apprennent qu’elle est enceinte de nouveau.

Blood Child film posterSans révolutionner le genre, le film reste suffisamment intéressant pour valoir une écoute par n’importe quel fan de cinéma d’horreur. Les acteurs et actrices sont tous assez convaincants (bien qu’ils jouent parfois un peu faux) et la mise en scène possède certains moments de bravoure. Notons également quelques très jolis plans de nuit et un véritable travail sur le clair/obscur à plusieurs moments.

De plus, la cinéaste a un véritable talent pour mettre en scène les moments de malaises liés au racisme et au sexisme de ses personnages. Surtout en lien avec le personnage de Siti, ces scènes donnent une véritable couleur sociale au film. Tous les personnages auxquels on pourrait s’attacher, comme la mère et la meilleure amie d’Ashley – toutes deux drôles et sympathiques – vont à plusieurs moments critiquer totalement gratuitement la pauvre bonne. Avec leurs remarques très candides sur son incapacité à comprendre la civilisation ou sur ces manières de sauvage, le public est constamment déçu d’elles et le phénomème renforce le côté malsain de la situation.

Avec ce choix de mise en scène, on se retrouve dans un contexte où tout le monde fait plus ou moins preuve de racisme ordinaire. En ce sens, à certains moments, la menace surnaturelle n’est pas l’élément le plus perturbant à l’écran. Or, cela est assez intéressant à exploiter dans un film d’horreur.

Au final, ce ne sera probablement pas ce qu’on retiendra du film de Phillips. Les personnages autres que Siti, bien que tous détestables à un certain degré, ne sont pas réellement punis et cela vient ruiner une bonne partie de l’intérêt du long-métrage. En effet, la fin très frustrante, bien qu’inattendue, nous laisse sur une note plutôt ameère qui nous fait simplement nous dire: Ah?! Dommage…

Horreur Québec