CABANE 22
Crédit photo: Quentin Brenneur

«Cabane à Sang» 2022: cinq années dorées d’urine et de relève

Ceux qui pilotent un projet culturel ou artistique en marge avec leur passion comme seul combustible pour avancer (allô!) le savent: cinq ans, ce n’est pas rien; cinq ans, c’est une éternité qui mérite d’être célébrée et avec beaucoup de bruit. Frank Appache ramenait ce printemps son festival de courts-métrages trash Cabane à Sang, qu’il porte à bout de bras contre COVIDs et marées depuis 2017, pour une cinquième édition — toujours en cours — hybride virtuelle et présentielle.

Après une soirée sci-fi en direct sur Facebook, on avait droit samedi le 16 avril dernier à l’Ancien Marché Maisonneuve au meilleur du pire de la cuvée 2022, en plus d’une nouveauté: le Party Pooper Spectacular Trash Film Competition. Sachez que vous retrouverez tout ça, et encore plus (la programmation complète compte plus de 80 films graisseux!) via la plateforme Filmocracy du 21 au 24 avril prochains — utilisez le code «cas2022» lors de la transaction pour un rabais.

Pisse et #MeToo

Urine For It Too (2), Blastoff, Piss Tea et Golden Rain ont plutôt bien représenté la thématique «urinaire» de cette édition. Enfilez-les (particulièrement les deux premiers, hilarants) avec le court mexicain Salpicón (Diarrhea) et vous aurez un tour du chapeau dans le domaine.

On n’a pas tout compris du Dance Dance Kill du canadien J.K. Robinson mais, entre ces danses à la lune et les effets spéciaux de cette oie de dix pieds, le style valait définitivement le détour. Trent Shy, un habitué du festival, présentait son excellent dernier Pumkin Boy, une minute et demie délirante, avec effets visuels en «stop motion», conçu avec ses fils. Honnnn!

Mais s’il faut laisser sa morale à la porte lorsqu’un entre dans une soirée trash, deux des meilleurs films de la soirée traitaient pourtant de la notion de consentement. Le #MEOWTOO de Ryan Krueger (Fried Barry) avait énormément de gueule avec son univers peuplé d’êtres mi-humains mi-félins. Entre son montage très rythmés et ses prothèses saisissantes, le court faisait passer le message sans aucun dialogue. Le tout aussi coloré Karaoke Night de Francisco Lacerda du Portugal nageait dans les mêmes eaux, une (grosse) coche plus trash. Disons simplement que ce loser aux fesses poilues en a eu pour son argent. Ne manquez surtout pas ces deux derniers titres dans votre visionnement maison.

Frank Appache Jeff Seguin
Frank Appache et Jeff Seguin, programmateur. Crédit photo: Quentin Brenneur

Alix, la trouble-fête

Si les femmes sont encore trop peu nombreuses derrière la caméra, c’est encore plus vrai du côté du cinéma trash. Alix Brenneur s’est drôlement imposée lors du party de saucisses du Party Pooper Spectacular Trash Film Competition. Les cinéastes participant au défi devaient réaliser un court avec un budget de 200 dollars maximum (certains se sont faits chicaner!) sous la thématique «anniversaire». Des gros noms figuraient à la liste, dont Jean-Claude Leblanc (Cauchemar capitonné) qui, avec Ze Crack, offrait un craving de dope déroutant digne de Trainspotting.

C’est toutefois Alix qui a remporté la compétition avec sa toute première réalisation Tales of the Party Pooper Monster, où un gâteau d’anniversaire se transforme en monstre durant une fête d’enfants. Ludique, sanglant et tout en couleurs pastels, on était peu surpris d’apprendre que la nouvelle cinéaste derrière le deux minutes bien tassé est directrice artistique de profession. Espérons que son film lui ait donné la piqûre de la réalisation; on espère en voir plus!

Frank Appache Alix Brenneur
Frank Appache, Alix Brenneur et ses acteurs. Crédit photo: Quentin Brenneur

Mais plusieurs autres titres se sont aussi démarqués lors de la compétition. La saga surréaliste familiale Dîner de pauvres de Christian Lemieux et Michael Ouellette (Party Monstre) impressionnait grandement avec sa mise en scène et son interprétation. L’idée de ce clash de classes sociales était excellente, mais moins payante dans une ambiance de festival pour se hisser au premier rang. Il fallait respecter le budget, les boys! On se doit de dire un mot sur Psychoporno de Patrick Fortin (Catcall), une animation «Blender gone wrong» sur fond de trame sonore cheezy française (Coït de Jean Yan, pour les intéressés). Ça dégénère de manière assez imprévisible. Faut le voir. Et l’entendre. Finalement, l’animation Pigu de Jimmy G. Pettigrew (Montréal Dead End) a également beaucoup plu à la salle. Le conte pour enfants illustré — narré poétiquement par nul autre que «Beurk Raie Schnolle» — raconte tout l’histoire d’un garçon prépubère qui reçoit un cadeau d’anniversaire qui va changer sa vie. Pour clore la soirée, c’était parfait!

On vous invite donc à nouveau à découvrir l’ensemble de la programmation de cette édition de Cabane à sang dès aujourd’hui et jusqu’au 24 avril via Filmocracy.

Merci à Quentin Brenneur pour les photos.

Fondateur et rédacteur en chef

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