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[Critique] Doors: au-delà du réel

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4
Note Horreur Québec

Produit par Bloody Disgusting (Portals, V/H/S, Southbound), Doors n’est certes pas un film d’horreur, quoiqu’il peut par moments faire peur. Ce long-métrage en quatre sections nage plutôt dans la science-fiction en mode anticipation, celle qui nous dit «et si le monde tel qu’on le connaît changeait du jour au lendemain?» (ouin, comme en mars 2020, hein?).

Au lieu d’une pandémie, c’est plutôt l’apparition de mystérieuses portes, partout sur la planète, qui font soit disparaître à jamais ou perdre la raison à celles et ceux qui les traversent. De par leur allure aussi singulière et cinétique que magnétique, ces mystérieux portails venus d’on ne sait où intriguent, fascinent, envoûtent et, finalement, avalent n’importe qui, et ce, sans discrimination aucune (ou presque).

Chapitre 1: Lockdown

Après un mystérieux prologue, on se retrouve pendant une vingtaine de minutes dans une école, rappelant un peu Donnie Darko, avec son hétérogène petit groupe d’ados. Rapidement, la vie du juvénile quatuor (et de leur prof) bascule, après qu’une sirène apocalyptique ait soudainement déchiré le calme académique. Peu importe les moyens technologiques à leur portée, les conflits de personnalités — avec notamment Ash, un tourmenté personnage trans (Kathy Khanh, efficace) — mettront en péril leur salvation… D’emblée, avec ce succinct huis clos, le niveau de stress démarre assez haut merci.

Chapitre 2: Knockers

On est projeté quelques semaines plus tard dans un chalet, après avoir appris que des millions de portes sont un peu partout apparues, et que des millions de gens ont disparu. Des volontaires doivent traverser ces portes pour trouver des indices (le pourquoi, la clé) et en ressortir avant d’y laisser leur peau. On y suit un trio en mission, dans des scaphandres aussi bricolés qu’immaculés (quelque part entre Alien et 12 Monkeys), alors que l’inconnu tente de communiquer en jouant avec leur perception de la réalité… Ce deuxième chapitre s’avère être le meilleur du lot, alors qu’on navigue dans le surréel (mais subtil), l’horreur (psychologique) et l’inédit (avec son utilisation novatrice du texte apparaissant à l’écran, qu’on retrouve également dans le premier chapitre), tout en jouant avec l’inconscient. Une petite demi-heure joliment cauchemardesque, dotée d’une cinématographie absolument magnifique — qui aurait peut-être fait sourire par moment ce génie de Stanley Kubrick.

Chapitre 3: Lamaj

Ensuite, on s’en va passer une vingtaine de minutes au beau milieu de la forêt, quelques trois mois après les premières apparitions. Mettant en vedette Kyp Malone (membre du groupe alternatif TV on the Radio), le segment suit l’hirsute barbu Jamal, un ex-scientifique maintenant ermite, se filmant en bidouillant dans les bois avec ses machines. Lorsqu’une ex-collègue et son homme rappliquent, le trio conduit des tests sur une porte d’allure organique, pour essayer de la comprendre, avant que ne viennent tout foutre en l’air croyances, peur et violence.

Chapitre 4: Interstitials 

Le tout se conclut sur Internet, avec le plus bref segment du lot (à peine 8 minutes), qui se veut en quelque sorte l’épilogue de Doors. À la manière du récent Host, nous sommes témoins d’une conversation de type Zoom, alors que celle-ci oppose un journaliste et un soi-disant docteur, qui discutent du «grand rafraîchissement», une théorie ésotérique sur la présence de ces portes, sur l’inévitable suite des choses, qui n’augure rien de bon… avec sa conclusion ouverte offrant une (ré)solution en points de suspension.

Doors image film

Au final, l’expérience est plutôt brève (79 minutes avant générique), mais non sans rupture de ton. Or, c’est tout à fait normal, comme on doit ses quatre chapitres à trois réalisateurs différents. Basé sur un concept de Chris White (qui est également derrière Portals, film anthologique aux similitudes évidentes), ce dernier a scénarisé Doors avec son coproducteur Saman Kesh (à qui l’on doit plusieurs vidéoclips musicaux pour des groupes comme Placebo). Ce dernier est également directeur créatif du projet et réalisateur des segments Knockers et Interstitials, alors que Lockdown et Lamaj ont été respectivement réalisés par Jeff Desom (ayant travaillé sur des vidéos making of pour Stranger Things) et Dugan O’Neal (un autre clippeur, ayant notamment travaillé avec Chromeo).

Du coup, Doors se laisse regarder un peu comme des épisodes de Black Mirror (aussi plastique visuellement que sombre thématiquement), qui seraient tous liés par ces fameuses portes. Sans oublier sa bande son électro (John Beltrán), qui confère au film un caractère parfaitement oppressant, rappelant celle du puissant Under the Skin. De plus, impossible de ne pas penser à Annihilation et Arrival, tant au niveau visuel que dans l’écriture, bien que le résultat soit bien différent. Pour fanas de science-fiction inquiétante et subtile, ne donnant pas dans le spectacle ni le tape à l’œil.

Doors (2021) Official Trailer

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