[Critique] « Kung Fury » est de retour (ou presque) : fuite, fièvre rétro et film maudit

Tout le monde a cru à une farce générée par une IA ou à un délire de fans un peu trop obsédés par Kung Fury. Et pourtant, non ! Ce que vous avez vu circuler, c’est bien une fuite de dix minutes d’images issues du très attendu (et quasi mythique) KUNG FURY 2. Une vidéo qui, à l’origine, devait rester strictement confidentielle.

Mais voilà, Internet s’est enflammé dès sa mise en ligne. En quelques heures, la courbe de la hype a explosé. Il faut dire que tout est là : l’énergie démente, un casting improbable, des scènes d’action dignes de l’âge d’or de Jean-Claude Van Damme, et ce grain si particulier de folie 80’s remixée sauce numérique.

Alors, pour celles et ceux qui découvrent tout juste cette tornade, petit rappel : c’est quoi Kung Fury ?

On est sympas, on vous met la vidéo complète ici. Plus d’excuse pour ne pas savoir.

Kung Fury, le premier du nom

Sorti en 2015, Kung Fury est un court-métrage de 30 minutes réalisé par le Suédois David Sandberg. Une bombe pop-culturelle complètement sous stéroïdes, dopée à l’humour potache, à l’esthétique néon, et à un amour assumé des années 80 — au point de les surpasser dans leur propre caricature.

Tourné avec un budget d’environ 630 000 dollars, récoltés via Kickstarter, le film est un ovni visuel qui pulvérise YouTube à sa sortie.

On y suit Kung Fury, un flic badass de Miami confronté à… Adolf Hitler, alias le "Kung Führer", qui voyage dans le temps pour semer le chaos. Une tentative de voyage temporel foireuse propulse notre héros en pleine époque viking, où l’attendent dinosaures, dieux nordiques et autres hackers à coupe mulet.

Derrière cette parodie de série Z se cache une véritable déclaration d’amour au cinéma bis, aux VHS oubliées au fond d’un placard, et à tout un pan de culture geek qu’on croyait enterré. C’est débile, c’est brillant, c’est ultra référencé, et c’est surtout authentique.

Hollywood frappe à la porte

Face à ce succès fulgurant, les sirènes d’Hollywood ne tardent pas à se faire entendre. Mais David Sandberg tient à son bébé. Il décline les offres formatées et annonce en 2016 ce que personne n’attendait sérieusement : Kung Fury 2. En version long-métrage.

Et il ne fait pas les choses à moitié. Le casting annoncé est tout simplement délirant :

• Arnold Schwarzenegger en président des États-Unis,
• Michael Fassbender en agent mystérieux ultra stylé,
• Alexandra Shipp en journaliste façon April O’Neil,
• David Hasselhoff, bien sûr, en guest star culte.

Le tournage se déroule entre juillet et septembre 2019 en Allemagne. Autant dire que la hype atteint des sommets.

L’enfer du développement

Mais voilà : après le tournage, c’est le silence radio. Et pour cause. Le film se retrouve piégé dans un véritable enfer de production : problèmes financiers, conflits juridiques, effets spéciaux retardés, désaccords avec les producteurs. Le projet stagne, s’enlise, et glisse doucement dans la catégorie des films maudits. Ceux qu’on évoque avec un pincement au cœur dans les podcasts spécialisés.

Hello Boss!

Et puis, les néons se rallument

Et là, coup de théâtre. Une vidéo de 10 minutes surgit sur le web, quasi dix ans jour pour jour après la présentation du premier Kung Fury au Festival de Cannes. Est-ce une fuite ? Un coup de pub orchestré ? Un dernier baroud d’honneur de Sandberg ? Mystère.

Mais ce qu’on y voit fait plaisir : Michael Fassbender façon Magnum, Schwarzenegger en pleine forme, et un nouvel ennemi plus coriace que jamais. L’esprit du premier opus est intact : c’est absurde, bourré d’action, blindé de références et d’un second degré jouissif.

Spoilée ou pas, cette vidéo redonne un sérieux coup de fouet à l’attente. Le film va-t-il enfin sortir ? La pression populaire va-t-elle forcer les producteurs à boucler le projet ? En tout cas, les fans sont prêts.

Kung Fury 2, c’est un peu le Graal des films de genre contemporains. Un fantasme rétro-futuriste qui n’a jamais cessé de faire rêver. Et maintenant qu’on en a eu un avant-goût, il est temps de passer la seconde.