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[Critique] Midnight Mass: le long chemin de croix de Mike Flanagan

Note des lecteurs7 Notes
3
Note Horreur Québec

Mike Flanagan nous parle de Midnight Mass (Sermons de minuit) depuis longtemps déjà. En effet, il s’agit du titre du roman publié par le personnage de Maddie dans Hush, qu’on a pu ensuite entrevoir sur une tablette au-dessus du lit de Jessie dans l’adaptation de Gerald’s Game — tous deux également conçus pour Netflix. Pour le cinéaste, le titre est toutefois plus qu’un simple easter egg.

Le nouveau projet du créateur de The Haunting of Hill House est son plus précieux en carrière. En production depuis plus d’une décennie, les thèmes abordés dans la mini-série résonnent en effet particulièrement avec le vécu de l’homme, ancien enfant de choeur et qui célèbrera bientôt ses trois ans de sobriété. Flanagan a même fait parvenir une lettre aux médias de la plateforme pour expliquer à quel point Midnight Mass lui est cher.

Midnight Mass affiche série Netflix

Les sept épisodes nous plongent dans le petit monde de la communauté insulaire de Crockett Island. Riley (Zach Gilford, The Purge: Anarchy) est de retour au bercail après un long séjour en prison suite à un accident de la route où, en état d’ébriété, il s’est retrouvé responsable de la mort d’une jeune femme. Idem pour Erin (Kate Siegel, The Haunting of Bly Manor), récemment revenue — enceinte — après avoir voulu goûter à la vie à l’extérieur de l’île; un période de sa vie qu’elle préfèrerait oublier. Ils sont accueillis par Père Paul, un nouveau pasteur très enthousiaste, bien destiné à changer le cours de leurs vies, pour le meilleur et pour le pire.

Netflix aurait dû choisir un autre moment pour nous présenter l’un de ses plus grosses productions horrifiques de l’année. Midnight Mass cadre en effet plutôt mal dans une programmation Netflix & Chills, destinée à célébrer l’Halloween avec une enfilade de frissons et de bonbons. Trop lourds pour être binge-watchés, les cinq premiers épisodes de la série (certains dépassent la barre du 70 minutes) s’articulent autour de très longs dialogues où, certes, les acteurs brillent et les longs plans-séquences travaillés règnent, mais où le rythme demeure toujours très introspectif. Ceux qui avaient trouvé Bly Manor trop long devront attacher leur tuque.

Heureusement, la production nous offre une poignée de personnages mémorables. Hamish Linklater (The Stand 2020) est ahurissant en prédicateur endiablé, qui enflamme les planches de la petite église avec ses sermons un peu trop passionnés. Une étincelle de folie brille dans les yeux de l’acteur lors de ces scènes où ses longues homélies prennent certainement des allures sectaires inquiétantes. D’autres facettes du personnage seront exploitées lors de rencontres pour alcooliques anonymes improvisées pour Riley, rongé par les remords et hanté par le fantôme de sa faute impardonnable. Le salut de ce dernier, incarné de manière très juste et posée, prend inévitablement aux tripes. Dommage que la Erin de Kate Siegel n’ait pas pu bénéficier d’autant de définition à l’écriture.

Parce que Mike Flanagan étant qui il est nous offre une autre réflexion très élaborée sur le sens de la vie (et de la mort, surtout), mais plusieurs de ces moments profonds, des scènes qui fonctionnaient pourtant si bien chez Hill House, par exemple, semblent ici plutôt forcés. La manière avec laquelle chaque personnage sera illuminé par une épiphanie significative sur son sort, dans un langage élaboré et sensible, peu importe son âge ou son niveau d’éducation, manque cruellement de naturel. D’autre part, les maquillages de certains acteurs peinent à convaincre et rendent quelques aspects du récit, qu’on évite de trop aborder dans ces lignes, assez prévisibles.

Midnight Mass Netflix image

Le scénario intrique à la fois de manière ingénieuse et peu subtile des éléments surnaturels aux versets la Bible, débités ad nauseam par Mademoiselle Keane (efficace Samantha Sloyan), qui nous rappelle bien les personnages trop pieux à la Margaret White de l’univers de Stephen King. Les téléspectateurs devront toutefois attendre jusqu’au sixième et avant-dernier épisode pour enfin goûter à l’horreur de cette fameuse messe de minuit. Gageons que la série aura déjà perdu plusieurs disciples avant ça.

Nul doute qu’il s’agisse de l’oeuvre la plus personnelle et la plus élaborée du cinéaste. En observant uniquement la profondeur des thèmes développés en lien avec la religion, la rédemption, le deuil et la xénophobie pour ne nommer que ceux-ci, la nouvelle mini-série Netflix obtient une note parfaite. Mais avec son ton excessivement verbeux, davantage axé sur la réflexion, Midnight Mass est toutefois également l’oeuvre la moins accessible de Flanagan, et définitivement la moins effrayante.

Midnight Mass (Sermons de minuit) arrive chez Netflix le 24 septembre.

Fondateur et rédacteur en chef

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