Seance

[Critique] Seance: Simon Barrett se lance en solo

Note des lecteurs4 Notes
3.5
Note Horreur Québec

Simon Barrett s’est fait connaître en tant que partenaire créatif de longue date du cinéaste Adam Wingard. C’est à lui qu’on doit entre autres les scénarios de You’re Next, The Guest et Blair Witch. Barrett a aussi beaucoup de street cred auprès des amateurs d’horreur: le scénariste verbomoteur était d’ailleurs de passage l’an dernier au festival Fantasia le temps d’un Q&A épique qui a dû être interrompu par la force.

On apprécie l’homme pour sa connaissance encyclopédique du genre et son adresse à en détourner les codes, mais est-il aussi habile derrière la caméra? C’est à cette question que Simon Barrett répond avec son tout premier long-métrage en tant que réalisateur: Seance.

L’action se déroule à l’Académie Fairfield, une école de ballet et pensionnat pour adolescentes. Suite à un canular, une étudiante du nom de Kerrie est retrouvée morte. Est-ce un suicide ou un assassinat?

Seance posterNouvellement admise à l’Académie, Camille débarque dans ce contexte tendu. Après s’être frottée à la clique populaire de l’établissement, elle est invitée par celle-ci à une séance de spiritisme pour invoquer l’esprit de Kerrie. Quand la planchette de Ouija transmet un avertissement d’outre-tombe, Camille croit à la mauvaise blague. Mais bientôt, des étudiantes se mettent à disparaître…

Barrett est un pur produit de l’horreur post-moderne. Il sait que l’audience actuelle, abreuvée à l’internet, est plus blasée et demandante que jamais. L’auteur est passé maître dans l’art de renverser les conventions du genre. Il suffit de penser à You’re Next, qui proposait de prime abord un slasher d’invasion de domicile assez typique avant d’effacer la traditionnelle dichotomie proie/prédateur qui prévaut dans le genre et de se transformer en espèce de Die Hard horrifique incroyablement jouissif.

Barrett fait davantage dans la subversion douce que le clin d’oeil appuyé, cherchant surtout à fuir les archétypes et les passages obligés afin de placer son audience en terrain inconnu. Il continue de creuser ce sillon avec Seance, dont l’intrigue alimente volontairement plusieurs zones d’ombre (qu’on ne souhaite pas aborder en détail dans cette critique) dans le but que le spectateur ne puisse pas démêler son mystère trop rapidement.

Et il y a le personnage de Camille, détective en herbe au passé trouble qui fonce tête baissée vers le danger. Suki Waterhouse (Assassination Nation, The Bad Batch) lui confère une dimension très bad-ass. Les personnages de Barrett refusent de se conformer aux attentes du spectateur, conditionné par des milliers d’heures de cinéma, et de ces petites rébellions filmiques naissent des protagonistes tridimensionnels auxquels on s’attache. Les dialogues entre les adolescentes contribuent à cet effet de fraîcheur.

Maintenant, qu’en est-il du travail derrière la caméra? Tout de l’imagerie de Seance renvoie aux années 80. Barrett conjure à la fois ses slashers préférés et les clichés modernes du film de hantise, parvenant à instaurer une ambiance aussi lugubre que kitsch à son projet. On a un peu affaire à l’alliance improbable entre gialli et série pour ados de la CW. Le travail de caméra est inspiré, alternant entre meurtres baroques et tension à la lueur des chandelles. Le tout culmine avec une finale explosive qui donne envie de lever le poing en l’air.

Simon Barrett est l’une des voix singulières de l’horreur moderne. Tandis qu’Adam Wingard s’amuse avec Kong et Godzilla, il prouve qu’il est parfaitement capable de jouer en solo. On a déjà hâte à son prochain projet!

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