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[Critique] The Runner: le marathon de Boy Harsher

En 2020, comme le reste de l’industrie musicale à travers le monde, la formation synthpop américaine Boy Harsher a dû faire face à l’annulation de sa tournée, en plus de recevoir une autre mauvaise nouvelle: le diagnostic de sclérose en plaques de Jae Matthews. La chanteuse explique que durant sa convalescence, elle imaginait une femme sinistre courir dans les bois. Parallèlement, Augustus Muller, l’autre moitié du duo, travaillait sur des maquettes d’ambiance aux sonorités plus cinématographiques. Ensemble, le groupe a donc développé l’idée d’un nouvel album qui servira de trame sonore à leur premier film d’horreur, The Runner, présenté en exclusivité le 16 janvier via Shudder.

Le moyen métrage de 38 minutes suit le parcours d’une femme en cavale, couverte de sang, qui accumule les victimes au fil de sa route. Parallèlement, Boy Harsher se produit dans une station de télévision locale et présente des pièces de son nouvel album intitulé The Runner.
The Runner affiche film

Outre quelques interventions de la part du duo présentées sous forme d’entrevues et de vidéos en coulisses, The Runner est une expérimentation sans véritables dialogues qui explore davantage certaines ambiances qu’une narration traditionnelle. On y suit cette femme en fuite, séductrice, terriblement dangereuse et assoiffée de vengeance. La réalisation, une première pour Matthews et Muller, s’inspire de l’esthétique sulfureux des séries B des années 1980, un visuel qui colle résolument bien à leurs synthés rétros. On a visiblement ici affaire à une expérience conçue entre amis, parfois brouillonne et amateur, mais une aura plutôt envoûtante se dégage de l’ensemble.

L’attrait pour les fans du groupe, c’est surtout de pouvoir découvrir certains extraits de The Runner — l’album — avant sa sortie officielle le 21 janvier prochain. À ce sujet, la trame sonore nous fait découvrir une facette du duo encore méconnue jusqu’à maintenant. Les mélancoliques Give Me a Reason et Escape s’inscrivent bien dans la continuité du son de Boy Harsher, mais deux autres collaborations surprennent particulièrement. La première, Machina, avec Ms. BOAN (Mariana Saldaña), dévoilée plus tôt cette semaine, fera particulièrement saliver les fans de hi-NRG dansante, tandis que la seconde, Autonomy, avec Lucy (Cooper B. Handy), s’avère drôlement plus lumineuse que ce à quoi la formation nous a habitué jusqu’ici. L’ensemble est enveloppé de pièces instrumentales qui rappellent nécessairement les claviers de Carpenter.

Autrement, ceux qui ne connaissent le duo ni d’Ève ni d’Adam risquent d’éprouver bien peu d’intérêt pour The Runner — le film. L’univers musical de la formation s’avérant plutôt indissociable du moyen métrage, il devient difficile d’apprécier le produit, probablement trop énigmatique, à la découverte. Toutefois, musicalement parlant, il s’agit d’un renouveau fantastique pour Boy Harsher, qui s’est rapidement hissé au sommet de la dark wave ces dernières années. Comme quoi de bien bonnes choses peuvent aussi naître de la pandémie.

Note des lecteurs2 Notes
Points forts
La musique
L'esthétique envoûtant des années 80
Kristina Esfandiari en redoutable vengeresse
Points faibles
Une réalisation parfois brouillonne et amateur
Un dénouement qui tombe à plat
3
Note Horreur Québec
Fondateur et rédacteur en chef
Horreur Québec