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Crédit: Shudder

[Critique] This is GWAR: un pacte de sang étonnamment touchant

Vous aimez la sci-fi/fantasy bricolée, le gore bien dégorgé (pensez Troma), le jeu approximatif des lutteurs les soirs de gala, les documentaires style Behind the Music et les mélodies tonitruantes en ta’? Si vous avez coché oui à l’une ou plusieurs de ces catégories, vous allez clairement adorer This is GWAR, maintenant disponible sur la plateforme Shudder.

This is GWAR affiche film

Réalisé par Scott Barber (The Orange Years: The Nickelodeon Story) et produit par Tommy Avallone (The Bill Murray Stories, Ghostheads), le documentaire raconte l’histoire rocambolesque du groupe métal culte, formé il y a bientôt quatre décennies. Originaire de Richmond en Virginie, la formation américaine a lancé pas moins de quinze albums en carrière (la plupart avec Metal Blade Records), en plus de quelques longs métrages comico-horrifiques, dont Phallus in Wonderland, en nomination aux Grammys (en 1993). Or, GWAR (oui, en majuscules, pareil comme KISS!) est connu principalement pour ses concerts grand-guignolesques, s’étant forgé au fil des années une réputation de groupe des plus salissants.

D’ailleurs, le film débute justement avec l’un des membres du Slave Pit expliquant comment est géré en tournée l’aspect faux sang. Comment? Vous n’êtes pas au courant que les spectacles de GWAR (en tant que gladiateurs extraterrestres détestant la race humaine) incluent décapitations, éviscérations, et autres mutilations de personnalités publiques et politiques, pour le plus grand bonheur des fans présents?

Quelque part en 1984, GWAR est né de l’union de Death Piggy, le groupe punk du chanteur Dave Brockie (1963-2014), et du Slave Pit, une bande d’artistes visuels menée par Hunter Jackson, qui souhaitait réaliser un long métrage (Scumdogs of the Universe). Après que les premiers aient emprunté les costumes de ces derniers pour rigoler sur scène, les deux bandes ont rapidement décidé d’unir leurs forces afin de créer GWAR, un collectif dont le son devint de plus en plus métal et dont les concerts de plus en plus gore et hilarants. Souvent extravagants, ses membres ont pu également vivre, ensemble, des moments durs et parfois même poignants, entraînant arguments, congédiements et autres tragiques accidents. Bref, on y parle autant de problèmes de consommation/dépendance et de santé mentale, que des désopilantes anecdotes vécues par la bigarrée troupe sur la route.
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Crédit: Shudder

Avec ce long métrage, le groupe remet les pendules à l’heure pour donner le crédit dû à qui de droit. Du coup, on réalise enfin l’apport des artisans et artistes formant le Slave Pit, tant au niveau de l’aspect narratif du groupe que de ses performances scéniques. C’est que ce sont les musiciens qui sont habituellement à l’avant-plan, naturellement, alors qu’ils ont pourtant toujours été appuyés par tout plein de talentueux membres anonymes (some slaves, comme ils sont crédités plus souvent qu’autrement). Car GWAR, c’est une véritable une famille dysfonctionnelle, qui a vu passer depuis ses modestes débuts près d’une cinquantaine de membres en son sein, artistes et/ou musiciens. Et c’est loin de n’être qu’une gimmick. Avez-vous déjà vu Rob Zombie ou les clowns de chez Slipknot parler de leurs techniciens?

À travers les témoignages de nombreux membres du collectif, on découvre les inspirations des débuts, soit la bédé, la lutte, les films de kaiju, le jeu Dungeon & Dragons et les Monty Python, entre autres. Au rayon personnalités/collaborateurs interviewés ici et là, on retrouve Weird Al Yankovic, Bam Margera (les séries Jackass et Viva la Bam), Adam Green (les deux premiers Hatchet, la série Holliston), Alex Winter (Bill des films Bill & Ted) et des membres de groupes métalliques comme The Sword et Lamb of God. Comme GWAR, le long métrage est super fun, marrant, dynamique et joyeusement coloré (les transitions et surtitres rendent hommage aux bandes dessinées du groupe), toujours brutal et solidement punk.

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Anecdotes à go-go

Né dans une ancienne usine d’embouteillage de lait devenue squat et local de pratique de fortune, le groupe revient aussi sur l’improbable procès intenté contre GWAR pour grossière indécence (rappelant un peu ce qui est arrivé par chez nous aux Couture et Godbout), leurs passages costumés dans des galas guindés, longs-métrages (dont Empire Records) et autres talk-shows (comme Jerry Springer et Joan Rivers). Sans oublier d’évoquer leurs liens privilégiés avec Beavis and Butthead (le groupe a même été inclus dans leur jeu vidéo sur Sega Genesis), série ayant contribué à les faire connaitre du grand public.

Non, mais sérieux, l’histoire que raconte Zach Blair (alias Flattus Maximus, de 1999 à 2002; aujourd’hui membre de Rise Against), mettant en vedette Brockie (alias Oderus Urungus de 1985 à 2014) qui se prend pour le Terminator pendant toute une tournée, est incroyable. Ou celle où le guitariste Pete Lee (alias Flattus Maximus, de 1992 à 1998) qui se prend une balle lorsqu’un gang de rue se met à leur tirer dessus, est assez perturbante merci. Et que dire des querelles intestines entre les deux grosses têtes du groupe, Jackson et Brockie (dont la toxicomanie le rendait dur à suivre), du décès de ce dernier (qui aurait bien pu signer l’arrêt de mort du groupe), peu après celui du guitariste Cory Smoot en 2011 (le dernier à incarner Flattus Maximus) et plus encore.

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Du guts à revendre

Il est clair que pour raconter leur histoire (et celles des non-musiciens du collectif, qui sont souvent dans l’ombre), tous et toutes ont dû mettre leurs tripes sur la table afin d’offrir de touchants témoignages, sans détour ni hypocrisie, même si la vérité est parfois laide en maudit. On ne peut que les en remercier pour tant d’honnêteté. C’est avant tout une histoire de passionnés, complètement dédiés à leur art, ayant signé un pacte de sang, pour le meilleur et pour le pire, ‘faut croire.

Chapeau aux membres actuels du collectif, soit le chanteur Mike Bishop (alias Blöthar the Berzerker depuis 2014, mais il a aussi beaucoup joué de la basse en tant que Beefcake the Mighty, depuis 1987), le guitariste Mike Derks (alias Balsac the Jaws of Death, depuis 1988), le batteur Brad Roberts (alias Jizmak da Gusha, depuis 1989), le bassiste Casey Orr (qui a lui aussi beaucoup joué le rôle de Beefcake the Mighty, depuis 1994) et le guitariste Bret Purgason (alias Pustulus Maximus, depuis 2012), sans oublier les slaves Don Drakulich (depuis 1986), Scott Krahl (depuis 1987), Bob Gorman (depuis 1988) et Matt Maguire (depuis 1991; visionnez notre entrevue avec l’interprète de Sawborg Destructo).

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Car c’est clair que GWAR passera à l’histoire! Probablement pas autant que le grand Alice Cooper, cela dit, reste que c’est ce qu’on leur souhaite et qui serait amplement mérité. Au moins, ils seront pour toujours dans le cœur de leurs fans, avides de performances hautes en couleur!

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Points forts
La forme: dynamique, colorée et fun, sans aucun temps mort. Près de deux heures, mais on aurait pris encore!
L’honnêteté des intervenants. De vrais de vrais passionnés. Souvent touchants.
Les anecdotes. Sérieux, ça n’a pas de maudit bon sens (mais plein de faux sang).
Points faibles
On a beau chercher, on ne trouve rien. On pourrait parier que même les détracteurs du groupe pourraient apprécier ce film. De plus, le long métrage risque même de donner le goût à des néophytes de venir se faire salir lors du prochain concert de GWAR en nos terres.
4
Note Horreur Québec

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