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[Critique] V/H/S/94: toujours la même cassette

Note des lecteurs3 Notes
Points forts
Points faibles
2.5
Note Horreur Québec

Après deux très bons chapitres et un troisième plutôt décevant en 2014, la populaire franchise found footage, qui nous a entre autres fait découvrir le collectif Radio Silence (Ready or Not), est de retour avec V/H/S/94. Même si techniquement, personne n’avait demandé de nouveau volet à la série, on pouvait se réjouir de voir ce dernier embrasser formellement l’esthétique des années 90 en vogue ces derniers temps (voir Fear Street, Malignant et les retours de Scream et I Know What You Did, pour ne nommer que ceux-ci — Stranger Things et les années 80, c’est fini les amis.)

Les premières images nous font suivre une équipe de la S.W.A.T. en pleine descente dans un bâtiment désaffecté. Il s’agit du segment-liaison conçu par Jennifer Reeder (Knives and Skin) intitulé Holy Hell. Avant chaque histoire, l’unité tactique (composée d’acteurs assez peu convaincants) découvrira victimes en lambeaux et autres bizarreries, dont une série d’écrans cathodiques. Nous visionnerons alors le contenu de ces inquiétants téléviseurs.

VHS 94 affiche for lm

Cue à notre première cassette, celle de Chloe Okuno (Slut), Storm Drain, qui nous entraîne dans les profondeurs des égouts de la ville où un homme-rat aurait été aperçu. Une journaliste et son caméraman tentent de faire la lumière sur cette étrange légende urbaine. L’humour infusée dans les dialogues et l’atmosphère lugubre des canalisations laissaient présager un petit creature feature bien satisfaisant. Malheureusement, tout s’écroule lorsque le fameux Rat Man, plutôt ridicule, fait son apparition et le dénouement précipité nous donne l’impression de visionner un épisode léger de la nouvelle mouture de Creepshow plutôt qu’une histoire viscérale typique de la franchise.

C’est un peu le même scénario qui se produit dans The Empty Wake de Simon Barrett (le récent Seance). Une employée d’un salon funéraire doit filmer une veillée à la demande de la famille du défunt (euh, ok?) un soir de tempête. Seulement, personne ne se pointe et des bruits se font maintenant entendre dans le cercueil. D’abord, on aura compris que la présence des caméras sert uniquement ici à nous présenter un «found footage», un détail qui ne fonctionne pas vraiment — la pauvre femme s’empare même de l’une d’elles pour espérer s’éclairer. Misère. Ensuite, même si l’ambiance était au rendez-vous dans les premières scènes, la tension est complètement évacuée lorsqu’on découvre le contenu dudit cercueil. Est-ce vraiment tout ce qu’on avait à raconter sur le sujet?

Timo Tjahjanto (May the Devil Take You Too, l’excellent Safe Haven sur V/H/S/2) vient littéralement sauver les meubles avec The Subject. Le court indonésien n’est pas particulièrement bien joué et s’avère bourré de CGI plus ou moins efficace, mais il s’agit également de la proposition la plus ingénieuse et la plus amusante du lot. À la rencontre du cinéma d’exploitation et du cyberpunk, un docteur fou expérimente sur des humains qu’il a kidnappés. La caméra qu’il a placé dans la tête de sa dernière victime offre un point de vue subjectif inventif pour assister au carnage qui suivra. Comme à son habitude, Tjahjanto orchestre de violentes mises à mort plutôt créatives dans la deuxième partie du film survolté, qui vaut à lui seul le visionnement. Heureusement, le très divertissant The Subject est également le plus long de la sélection. Merci d’avoir sauvé la face des Américains, Timo.

Ryan Prows (Lowlife) clôt le bal avec Terror, un segment sur fond de suprématisme qui laisse perplexe. Visuellement, la proposition où un groupe de patriotes veut nettoyer les US of A d’un «cancer noir» qui ronge la nation est la seule qui semble véritablement avoir été tournée à l’aide d’un caméscope. L’esthétique grindhouse et crasse du repère de ces rednecks fonctionne assez bien avec le concept, mais, même si on en saisit rapidement l’issue, le scénario confond plus qu’il emballe. En bout de ligne, ce dernier essai jongle bien avec l’humour et le malaise, mais n’offre en revanche aucun grand frisson avec sa finale qui tombe à plat.

Avant le générique, on fait bien un dernier détour pour la conclusion de Holy Hell, mais la vidéo se termine assez promptement sur une idée usée, livrée un peu à la manière d’un théâtre d’été. Tout ça pour ça?

Même si l’ensemble s’élève un peu au-dessus du précédent VHS Viral, V/H/S/94 n’a malheureusement pas grand chose de neuf à explorer dans le domaine du found footage. La production limitée par la pandémie se ressent drôlement dans la conception des différents segments qui, pour la plupart, manquent à la fois de finition et d’ambition. On salue toutefois l’équipe d’avoir invité quelques têtes féminines à la réunion, cette fois.

V/H/S/94 - Official Trailer [HD] | A Shudder Original
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