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[Critique] Werewolf: sa majesté des loups

Note des lecteurs5 Notes
4.5
Note Horreur Québec

Pologne, 1945. L’armée rouge procède à l’évacuation des prisonniers du camps de Gross-Rosen. Parmi eux figure un groupe d’enfants qui ira trouver refuge dans une grande demeure abandonnée, à l’orée de la forêt. Sans grandes ressources sinon une conserve de nourriture pour chien, la petite meute tente de s’apprivoiser en cherchant un semblant de normalité. Mais aussitôt le premier danger écarté qu’un autre les guette: des chiens, aussi voraces qu’affamés, relâchés dans la nature lorsque leurs maîtres nazis ont pris la fuite. Piégés comme du gibier, ces jeunes âmes qui peinaient déjà pour ne pas succomber à la sauvagerie, devront maintenant lutter pour leur survie contre une bête bien plus sanguinaire que l’homme.

Werewolf affiche filmLe réalisateur et scénariste polonais Adrian Panek nous ramène à nos instincts primaux avec Werewolf (Wilkolak), un magnifique portrait où la misère humaine côtoie la sauvagerie dans un réalisme dévorant. Si le titre est purement métaphorique — aucune créature lycanthrope n’est présente dans l’histoire — l’œuvre recèle malgré tout la ferveur des contes des frères Grimm lorsqu’on y entend les soldats scander «prenez garde au loup», avec ces personnages qui ont tout à apprendre, perdus au fond des bois où plane le mauvais augure.

Rencontre entre le Seigneur des mouches et Cujo

L’horreur est bien réelle dans ce film d’une résonance historique méticuleusement mis en images. De prime abord parce que les attaques de chiens sont sournoises et violentes — rappelant illico celles du chien-vampire créées par Stephen King — mais également parce que les atrocités de la guerre ne laissent personne indifférent. À travers ce récit initiatique où des jeunes sont confrontés à une nature implacable, on y retrouve une ode aux comportements bestiaux qui refont surface lorsque la seule morale qui subsiste est celle de la survie. Les chiens et les enfants ont quelque chose en commun: leur faim accablante et insupportable. Les tensions entre les jeunes ex-prisonniers sont accentuées et accélérées par cette situation épouvantable, et les choses ne sont pas aidées lorsqu’on découvre que l’un d’entre eux aurait pu reconnaître les commandements allemands pour contrôler les chiens.

Le drame est mis en scène de façon aussi élégante que stimulante. Le seul bémol, s’il en est un; la trame narrative qui perd parfois son focus lorsque certaines péripéties se chevauchent de manière un peu chaotique. Néanmoins, le jeu d’acteurs réussit aisément à faire oublier la moindre anicroche. Le spectateur ne pourra qu’être attendri par ces visages juvéniles, pincés, coléreux et tendus par la peur et la volonté de survivre, qui sont profondément troublants et réels. C’est avec une belle adresse que le réalisateur dirige ces acteurs qui, sans expérience professionnelle, livrent des prestations d’une justesse saisissante. Le tout appuyé par un scénario qui va à l’essentiel, avec de courts dialogues, où le silence parle plus fort que les mots.

Avec une cinématographie et une direction photo également sans faille, Werewolf est une grande réussite. C’est une œuvre qui, en conjuguant des éléments de fiction, personnages inconditionnellement humains et tronçons de réalité, réussit à élever le cinéma au-delà du simple divertissement.

Werewolf arrive en Blu-ray, DVD et vidéo à la demande le 1er décembre.

Werewolf (trailer - on BD/DVD/VOD now)

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