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[Critique] You Won’t Be Alone: la vie dans la peau des autres

Après avoir produit, écrit et réalisé une poignée de courts-métrages (Would You Look At Her, You Deserve Everything, Everything We Wanted) et en plus de son travail pour la série Nowhere Boys, Goran Stolevski fait ses débuts sur grand écran avec You Won’t Be Alone, une œuvre poignante qui ensorcelle à la fois par sa nature inhumaine et humaine.

Dans un village isolé de la Macédoine du 19e siècle, Nevena, une jeune femme de 16 ans, est kidnappée et transformée en sorcière par Maria, un esprit au passé tortueux qui erre sans âme en quête de sang nouveau. Les nouveaux «dons» de Nevana se révèlent lorsqu’elle tue une paysanne et s’immisce ensuite dans sa peau en absorbant ses entrailles. C’est le début d’une quête d’identité qui prendra plusieurs formes, plusieurs corps.
You won’t be alone affiche film

Introduite rapidement et avec intensité au cours d’une première scène troublante, la trame du film ralentit par la suite et nous plonge presque entièrement dans le silence et la noirceur avec comme seul guide la voix intérieure du personnage principal. Une douce et amère vue de l’intérieur d’un être sans repères. Retour à la clarté du jour lorsque l’histoire nous entraîne dans un nouvel univers, qui rappelle l’esthétique sombre et lumineuse du Melancholia de Lars Von Trier. Les paysages vus en détail jusqu’au miroitement du soleil dans une goutte d’eau entrent en collision avec l’horreur des événements en cours. Cette dualité est constamment mise de l’avant et brouille notre perception de ce monde. Sommes-nous face à la beauté ou à la bête? On pourrait prêter les pires intentions à la jeune voleuse de chair, mais on se surprend de notre compassion face à son désarroi et ose même comprendre et pardonner ses actes.

Parce que You Won’t Be Alone est bien plus qu’une histoire de sorcières, c’est une exploration de l’humain qui cherche (désespérément!) sa place auprès des gens qui l’entoure. Cela dit, il faut le percevoir ainsi, sinon les 108 minutes s’abrègeront avant temps pour ceux qui espèrent l’horreur dans sa forme déjà maintes fois vue.

En effet, le film n’a de toute évidence pas été réalisé pour attirer les foules amatrices d’épouvante. Grotesque et magnifique à la fois, la réalisation du film frise le cinéma d’auteur avec ses plans cadrés serrés, sa trame sonore symphonique et surtout, tel que mentionné plus haut, son texte narré hors champ. Isolée de son village pendant des années, la jeune femme peine à construire des phrases et s’exprime par bribes parfois confuses. Il s’avère presqu’une gymnastique mentale que de tout comprendre.

Par contre, le film contrebalance son occasionnelle lourdeur (et ses quelques longueurs) avec un jeu d’acteurs remarquablement impeccable. Une mention toute spéciale à la performance de Sara Klimoska qui tient le rôle de la jeune sorcière et ovation debout pour la formidable Noomi Rapace (Prometheus, Lamb) qui, une fois encore, se campe à la perfection dans son rôle. À voir!

Note des lecteurs7 Notes
Points forts
Jeu des acteurs impeccable
Décors sublimes
Histoire du point de vue de la sorcière - rarement exploré!
Points faibles
Texte narré hors champ parfois difficile à comprendre
Lenteur de certaines scènes
4
Note Horreur Québec
Horreur Québec
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