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«Demonic»: l’enfer numérique de Neill Blomkamp [Entrevue]

Une jeune femme doit se rendre dans le monde imaginaire de sa mère comateuse dans Demonic (Démoniaque), qui marque en quelque sorte le retour de Neill Blomkamp (District 9) au cinéma, six ans après son dernier long-métrage de science-fiction Chappie.

Dans ce nouveau film d’horreur, le cinéaste sud-afro-canadien nous propose une nouvelle forme de démons, issus d’une technologie expérimentale permettant de s’immerger dans le subconscient d’autrui.

Horreur Québec s’est entretenu avec le cinéaste avant la sortie de Demonic, disponible à la vente numérique ce vendredi 20 août:


Demonic affiche film

Horreur Québec: Il y a une dizaine d’année, ton film District 9 recevait quatre nominations aux Oscars, dont Meilleur film et Meilleur scénario. À quel point cette reconnaissance a influencé ton travail depuis? Ça a certainement changé ta vie?

Neill Blomkamp: Je ne pense pas que ça a vraiment changé ma façon de faire des films. Je ne fais pas des films en pensant aux récompenses.

HQ: Tu as dit qu’il n’aurait pu y avoir aucune autre façon de tourner Demonic que de vivre la pandémie. En quoi la situation t’a dirigé vers un film d’horreur?

NB: J’aime bien les films comme Paranormal Activity où des réalisateurs utilisent leur créativité pour aller de l’avant. Quand la pandémie a mis sur pause l’industrie, je me suis dit que c’était le temps d’explorer. Nous avons tourné Demonic en vingt jours, et nous avons mis quatre jours supplémentaires pour la capture numérique.

HQ: Ce qui est aussi intéressant, c’est que le petit budget n’est pas si visible, autant dans les effets spéciaux assez bien rendus que le reste.

NB: Honnêtement, il faut essayer d’insérer autant de qualités que possible, malgré l’argent disponible. Même si le budget est faible, je voulais que ça ait de la gueule le plus possible. Nous avons utilisé un nouveau procédé pour capturer les mouvements et ça nous a permis un rendu plus appréciable.

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Neill Blomkamp sur le plateau de Demonic.

HQ: Quand je regarde Demonic et tes précédents longs-métrages, c’est facile de penser que tu as une fascination pour ce que j’appellerais des technologies étranges.

NB: Étranges? (rires) Je ne sais pas. C’est intéressant comme idée. C’est au spectateur à le dire, je crois.

HQ: J’ai apprécié le fait que, pour une fois, on représentait un monde virtuel avec des bogues de pixellisation. L’univers virtuel où plonge le personnage de Carly n’est pas parfait.

NB: Exactement. Je souhaitais que ça soit comme ça. Je voulais que le spectateur perçoive les glitchs. Je suis très heureux du rendu final par rapport à cet aspect. Dans le film, cette technologie est un peu un prototype.

HQ: J’ai lu qu’au départ, tu envisageais de tourner le film comme un found footage et je me demandais ce qui t’a fait changer d’idée.

NB: Oui, je voulais faire ça au début, et puis j’ai décidé de faire le film de manière plus traditionnelle.

Demonic image film

HQ: Dans Demonic, l’entité démoniaque a l’apparence d’un corbeau géant. Pourquoi tu as choisi cette représentation?

NB: J’étais très intéressé par les oiseaux durant la période où j’ai travaillé sur le film. L’idée du corbeau m’est venue, et j’ignorais si ça allait être terrifiant ou non. J’ai décidé de l’utiliser tout de même.

HQ: Quand on regarde Demonic, on ne peut s’empêcher de penser à certains classiques comme Brainstorm, surtout pour les casques, ou même Strange Days. Est-ce que tu avais certains films en tête qui auraient pu forger ton inspiration?

NB: Pas vraiment. Du moins, pas de façon consciente. C’est encore une fois au cinéphile de voir des similarités.

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HQ: En montrant le personnage de Carly qui se fait numériser, on pourrait dire que tu nous montres volontairement une partie de ce qu’on pourrait appeler l’envers du cinéma. Ton personnage subit ce que certains acteurs traversent lors de la capture de mouvements, par exemple. Est-ce que c’était un peu volontaire?

NB: Oui. Je voulais montrer une petite partie de la technologie utilisée pour certains gros blockbusters. C’est ironique, puisque le mien n’en est pas un, et comme tu le devines, c’est plus compliqué que ça. C’est une infime partie de la création d’effets numériques.

HQ: Ton dernier film, Chappie, remonte à six ans. Faudrait-il attendre encore aussi longtemps pour en avoir un autre?

NB: Ça été simplement un concours de circonstances, et comme tu le sais, la pandémie a aussi tout changé.


Nous encourageons nos lecteurs à découvrir Demonic en numérique dès le 20 août.

DEMONIC Trailer (2021) | Carly Pope, Nathalie Boltt | Neill Blomkamp Movie | Horror
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