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Dissection pour collectionneurs: Cronos de The Criterion Collection

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4.5
Note Horreur Québec

Un antiquaire fait la découverte d’un scarabée en or renfermant le secret de la vie éternelle, provenant d’un alchimiste du quatorzième siècle. Cette trouvaille lui fera rencontrer un riche homme d’affaires et son neveu, dont les desseins sont peu louables.

Cette relecture du mythe vampirique possède de nombreuses touches d’originalité et aborde plusieurs angles intéressants. Dans Cronos, le vampirisme se transmet par une sorte de traitement thérapeutique provenant d’un alchimiste. L’infection passe par cet insecte que le cinéaste qualifie lui-même de filtre homéopathique. Une seule goutte de sang vous rend accro et vous donne la vie éternelle. Certes, l’intelligence du créateur utilise également cette image pour parler des différents types de dépendance. On se souvient de cette scène montrant le personnage de Jesus boire une flaque d’hémoglobine sur le sol des toilettes d’un restaurant. La prestation de Federico Luppi (The Devil’s Backbone) nous fait presque ressentir le désespoir et la honte du héros aux prises avec sa pulsion. Le mot est bien choisi puisque ce besoin d’utiliser l’insecte doré est rempli d’allusions sexuelles. Ce cancrelat devient presque un objet de plaisir charnel, qu’il utilise seul, pour son plaisir.

Comment ne pas y voir également une métaphore catholique. Nous avons un personnage se nommant Jesus Gris, qui va subir une forme de communion, mais qui va aussi ressusciter. Par ailleurs, le scarabée est camouflé dans une statue d’archange. Un grand nombre de statuettes similaires seront pendues par le cou chez le riche homme d’affaires, puisqu’il n’y a pas trouvé le trésor qu’il y cherchait. On suppose que ce dernier savait que cette bestiole miraculeuse se trouvait dans une sculpture de chérubin. Il se venge possiblement de ne pas y avoir trouvé ce qu’il pensait y déceler: la vie éternelle.

Si tôt dans sa carrière, le cinéaste de Crimson Peak avait déjà pleine conscience du langage cinématographique. La palette des couleurs, comme indicateur sémantique, qu’il utilise pour mettre en scène ce récit, en témoigne, comme plusieurs angles incongrus qui causent tout un effet. On ressent déjà un certain désir chez lui de réinventer la mythologie, mais aussi de citer certaines œuvres cinématographiques. On pense entre autres à l’épisode Wurdalaks du chef d’œuvre Black Sabbath de Mario Bava, mais aussi à d’autres films inoubliables comme The Night of the Hunter (Jesus va cacher son trésor dans un ourson en peluche, au lieu d’une poupée) ou Videodrome de Cronenberg.

cronos2Cronos est un film fascinant, extrêmement bien troussé pour un premier long-métrage. Si le film n’a pas la finesse de The Devil’s Backbone ou Pan’s Labyrinth, la signature du cinéaste s’y perçoit aisément. Peut-être que le film a dorénavant une résonance différente puisque l’on connaît le parcours ultérieur de son créateur et qu’on ne peut que saluer un film aussi unique. C’est aussi la première collaboration du metteur en scène avec l’un de ses futurs acteurs fétiches, Ron Perlman, qui, comme toujours, fait preuve de conviction. L’homme est aussi cocasse qu’inquiétant dans ce rôle qui semble taillé sur mesure pour lui.

Ce Blu-ray propose une version restaurée en HD du film, approuvée par Guillermo del Toro et Guillermo Navarro, directeur de la photographie. La résolution de l’image est très bonne et plusieurs défaillances présentes dans certaines éditions passées sont évacuées. Il est agréable de voir une sortie de ce titre en Région 1, certes, mais également de constater la qualité d’image surprenante, nettoyée de ses moindres entailles. Nous avons également droit à deux pistes de commentaires, dont l’une du cinéaste et une seconde des producteurs Arthur H. Gorson et Bertha Navarro, accompagnés du coproducteur Alejandro Springall. Comme toujours, del Toro démontre un art de la rhétorique assez solide. Criterion nous propose également le court-métrage d’horreur Geometria, tourné par le cinéaste en 1987, mais achevé en 2010. On peut déjà y reconnaître un certain style. Nous avons également droit à une visite du bureau personnel de l’homme dans le clip Welcome to Bleak House, où il nous montre sa collection personnelle. Le spectateur a aussi droit à de nouvelles entrevues et à de nouveaux sous-titres anglais validés par del Toro. Criterion propose au final un essai de la célèbre critique Maitland McDonagh traitant du film, mais nous livre aussi des extraits des notes du réalisateur sur le film.

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Horreur Québec