MV5BZDNkNjhhMzEtNmFkOS00YjZmLWFiYzgtYWRmZGZiYmRlMjg3XkEyXkFqcGdeQXVyMTg1MTU3OTk@. V1 1

[Entrevue] «I’ll Take Your Dead» avec le cinéaste canadien Chad Archibald

Producteur, scénariste et réalisateur — The Heretics, Bite, Ejecta, The Drownsman —, mais aussi fondateur et copropriétaire de la boîte de production Black Fawn Films, qui s’est taillée une forte réputation depuis sa création, Chad Archibald est une figure importante pour le cinéma d’horreur canadien indépendant.

Après un grand succès dans le circuit des festivals, son dernier film, I’ll Take Your Dead, prend l’affiche sur quelques écrans à travers le Canada. Au Québec, c’est en août qu’on aura la chance de le voir en vidéo.

On y raconte les déboires d’un homme dont le travail consiste à faire disparaître les cadavres de crimes liés aux gangs environnants, et de sa fille qui croit voir les esprits des défunts. Voilà qu’un jour, à travers les dépouilles à faire disparaître, ils constatent que l’une des victimes est encore en vie.

Horreur Québec a eu la chance de s’entretenir avec le cinéaste:


MV5BZDNkNjhhMzEtNmFkOS00YjZmLWFiYzgtYWRmZGZiYmRlMjg3XkEyXkFqcGdeQXVyMTg1MTU3OTk@. V1Horreur Québec: Je me dois de te parler au départ de Black Fawn. Plusieurs cinéastes indépendants à qui l’on parle nous expriment à quel point cela semble difficile de trouver des fonds, alors que tu enchaînes un projet après l’autre…

Chad Archibald: Mon parcours est différent à cause de Black Fawn. Nous avons commencé la compagnie il y a très longtemps, à une époque où on ne savait pas vraiment où nous allions. On a fait quelques films sur le bras de nos cartes de crédit. Je crois qu’on souhaitait tous travailler dans le milieu.

Réaliser un film et diriger des acteurs est quelque chose que j’adore. Nous avons célébrer les dix ans de Black Fawn l’an dernier, donc nous en sommes à la onzième année. Il fallait, pour nous, développer des idées qui ne coûtaient pas cher à produire, car nous n’avions pas d’argent. Nous avons eu la chance de créer une alliance avec Breakthrough Entertainment, qui nous a permis de faire Antisocial. Le film s’est vendu et nous entretenons un partenariat avec eux.

J’ai produit à l’heure actuelle 22 films et j’en ai réalisé 8 ou 9. À chaque projet, je ressens ce sentiment d’apprendre tellement sur le cinéma. Ce qui m’aide, c’est aussi que j’ai appris à travailler avec de très petits budgets, et que j’essaie toujours d’atteindre un minimum de qualité en étant créatif pour que le manque d’argent soit moins visible. Nous n’attendons pas d’avoir le budget idéal, mais nous nous demandons ce qu’on pourrait créer avec ce que nous avons. Ça reste difficile, bien sûr. Nous le faisons par passion et par dévotion pour le cinéma.

HQ: D’un film à l’autre, les mêmes techniciens reviennent sur les plateaux. On dirait que chacun de vous souhaite travailler sur tous les films de Black Fawn.

CA: Oui. Jeff Maher est souvent à la photographie, alors que Steph Copeland travaille sur les musiques. Moi et Cody Callahan (Antisocial, Let Her Out) réalisons la majorité nos films. Mais nous aimons notre équipe et on souhaite les ramener. Les gens se respectent et possèdent l’efficacité de travailler dans nos rapides conditions. C’est aussi une manière de nous amuser en tournant; personne ne crie sur nos plateaux. C’est ce que nous appelons la famille Black Fawn.

I'll take your dead affiche film

HQ: Chaque fois que je regarde votre catalogue en ligne, je suis surpris par le nombre de titres que vous avez. Si je parle au producteur en toi, peux-tu nous dire celui qui est le plus populaire?

CA: C’est amusant puisque ça change. Il y en a qui sont très populaires à leur sortie ou présentation, mais d’autres le deviennent avec le temps. Nous avons eu une première pour le film Bite au festival Fantasia. Le film était dégoûtant et nous étions fiers des effets, mais une personne a vomi durant la projection. Une ambulance a été appelée et Mitch Davis s’est dépêché d’écrire sur Twitter: «Voilà ce qui est arrivé à Fantasia». Il fallait voir le délire médiatique que cela a créé. Le film a été listé comme l’un des dix films les plus dégoûtants de l’histoire. Étrangement, cet incident a été une bonne chose pour nous.

HQ: I’ll Take Your Dead propose deux personnages féminins, toutes deux aussi fortes qu’attachantes. Le cinéma d’horreur ne donne pas toujours la densité psychologique qu’il devrait aux femmes, mais tes films à toi présentent souvent des quêtes féminines et tes personnages de jeunes filles sont souvent très élaborés. Pourquoi aimes-tu donner cette place aux femmes?

CA: Moi et Cody avons eu l’influence de femmes fortes dans nos vies, je présume. En tant que fans d’horreur, nous voulions aussi éviter les stéréotypes, la fille stupide qui prend les mauvaises décisions, etc. Quand nous regardons des films d’épouvante, nous aimons y voir des femmes fortes.

HQ: Je dois vraiment te parler de Wes Craven en abordant I’ll Take Your Dead. Il y a quelques années, nous pouvions découvrir ton film The Drownsman et c’était à mes yeux une lettre d’amour que tu lançais à A Nightmare on Elm Street. J’ai ressenti encore cette influence ou ce besoin de rendre hommage dans ton dernier film. Ton personnage de Gloria n’est pas si loin de Nancy à bien des égards et plusieurs thèmes reviennent.

CA: Oui, The Drowsnman était un hommage. Tu sais, j’ai grandi avec cette franchise. J’aimais l’idée d’un vilain surnaturel. J’ai toujours voulu faire ce genre de film où une compagnie comme McFarlane en tirerait une figurine. Pour moi, The Drownsman a été un film très ambitieux pour le budget que nous avions et ce fut très difficile de le faire. Je le revois aujourd’hui et je n’arrive pas encore à croire que nous avons réussi un tel projet.

Avec I’ll Take Your Dead, on voulait faire un film de genre qui, en se mixant à d’autres types de films, pourrait l’élever. On veut toujours grandir en tant que réalisateur et ne pas refaire ce que nous avons déjà fait. Ce fut toute une expérience. Nous avons de très bonnes critiques jusqu’ici et nous en sommes heureux. C’était risqué comme projet de mélanger crime, drame, et horreur.

Je me suis encore inspiré de ce que j’aimais.

I'll Take Your Dead image film

HQ: Pour I’ll Take Your Dead, vous avez inclus l’histoire de fantômes une fois que le segment drame était au point. Auriez-vous pu le mettre carrément de côté?

CA: Le premier jet du scénario n’avait pas de fantômes, mais on se doutait qu’on allait en ajouter. Pour faire un bon film d’horreur, il faut créer une bonne histoire. On peut y greffer les éléments horrifiques par la suite. Si notre histoire nous paraissait bonne sans horreur, nous savions qu’elle pouvait devenir une excellente histoire d’horreur. Et il faut dire que par la suite, le montage aide toujours à créer de l’ambiance.

HQ: Vous parlez de votre amour pour la franchise de Wes Craven, mais c’est très dommage que Black Fawn n’offre pas davantage de suites de ses films. I’ll Take Your Dead pourrait peut-être avoir un épisode 2?

CA: Peut-être. Nous avions fait une suite à Antisocial, et c’était quelque chose dont nous étions fier. Mais c’est souvent difficile de faire connaître nos films: c’est tout un défi. J’aimerais me lancer sur une suite de Bite, et ce dès demain si j’avais confiance que ça pourrait être concluant.

HQ: Les fans d’horreur vénèrent le distributeur Shout pour ses doubles jaquettes, la qualité du rendu visuel, et les extras. Maintenant, Shout sort I’ll Take Your Dead aux États-Unis seulement. Est-ce que le Canada va avoir droit à une édition aussi alléchante?

CA: Absolument. Pour le Canada, la version qui paraîtra sera similaire, avec extras et tout. Nous adorons travailler avec Shout, car ils s’impliquent pour le genre, mais le Canada aura une belle édition.

Ill Take Your Dead Still 6

HQ: Black Fawn va continuer à offrir des versions physiques de vos films ou la vidéo sur demande l’emporte lentement?

CA: Nous ne planifions aucunement d’arrêter la production de DVD et de Blu-ray. Nous sommes fans et nous aimons ces formats. Nous offrons le VSD, mais ne vous inquiétez pas.

HQ: Dans ce cas, et pour vos fans québécois, serait-il possible d’ajouter des sous-titres français sur vos films, pour élargir votre public au Québec? On parle souvent de vos titres, mais la langue est très souvent un barrage.

CA: Ça pourrait être éventuellement possible, mais je doute que quelque chose à ce niveau soit prévu pour le moment. Pour la sortie de The Ranger, nous avions offert un doublage français. Je vais tenter de garder ta suggestion en tête.


Alors que I’ll Take Your Dead arrive en format vidéo en août prochain, nos lecteurs canadiens pourront retrouver le titre dans les salles de cinéma suivantes:

  • Calgary: The Globe Cinema dès le 5 juillet
  • Ottawa: The Mayfair Theatre dès le 5 juillet*
  • Toronto: The Carlton Cinema dès le 5 juillet*
  • Hamilton: The Playhouse Cinema, le 7 juillet uniquement*
  • Edmonton: The Metro Cinema, le 7 juillet uniquement
  • Guelph: The Bookshelf Cinema, le 7 juillet uniquement*

* Projection en présence de membres de l’équipe avec Q&A. Consultez la liste complète ici.

Nous encourageons nos lecteurs à découvrir le film ainsi que les autres titres de Black Fawn et croisons les doigts également pour que le succès du film permette à Chad de nous offrir d’autres excellentes productions horrifiques.

I'LL TAKE YOUR DEAD - Official Trailer

Horreur Québec