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[Le meilleur de l’horreur 2020] Les choix de Marc Boisclair

Quand on parle aux fans d’horreur, 2020 serait une année à oublier. On fulmine d’avoir manqué Halloween Kills, The Conjuring: The Devil Made Me Do It, Candyman et une poignée d’autres productions attendues — avec raison.

Pourtant, en regardant mon bilan de l’année, des bons films, j’ai pu en voir une pelletée: merci aux festivals qui sont passés en mode numérique pour nous donner un peu de chair à gruger. J’ai même dû sacrifier quelques titres de ma sélection (Sanzaru, Anything for Jackson et Alone, entre autres, s’il vous faut des noms), pour arriver au fameux chiffre rond.

Si les nouveaux gros titres se font toujours attendre, on peut néanmoins dire que l’année aura été le moment propice pour absolument tout voir et laisser place à davantage de découverte du côté des productions indépendantes: du temps, on en avait!

Voici donc les dix titres qui m’ont le plus marqué dans les 12 derniers mois:

10- Host de Rob Savage

Quelle bombe ce petit found footage de 57 minutes! L’idée était pourtant nulle et racoleuse — une séance de spiritisme entre amis sur Zoom qui tourne mal: tellement 2020! —, mais Host est tout simplement l’une des productions les plus efficaces et le plus terrifiantes de l’année. Tourné et distribué en l’espace de 12 semaines avec un budget de misère durant la pandémie, le film prouve encore à Hollywood vingt ans après The Blair Witch Project qu’il est possible de faire beaucoup avec peu. Aussi, cette scène (!!!!):

Host film

9- Come Play de Jacob Chase

C’est plutôt dommage que Come Play soit paru en salle pendant que la plupart des cinémas du Québec étaient fermés. On aurait bien voulu découvrir ce premier long-métrage du très prometteur Jacob Chase sur grand écran pour l’Halloween! Même si sa proposition, où un garçon autiste est contacté par une entité via sa tablette, ne révolutionne aucunement le genre (on pense beaucoup à The Babadook pendant le visionnement), elle nous propose avec son histoire d’amitié à sens unique plusieurs moments terrifiants assez bien ficelés. Le sujet aurait pu mal tourner entre de mauvaises mains, mais il semble (un parent d’enfant autiste pourrait certainement mieux en juger) que le cinéaste s’en soit tiré de façon réaliste et sensible.

Come Play film

8- #Alive de Il Cho

Romero a pressé le citron autant qu’il a pu. Walking Dead est rendu à sa onzième saison et on-sait-plus-combien de spin-off. On a tout vu à propos des zombies. Pourtant, le sud-coréen #Alive d’Il Cho parvient à offrir une once de fraîcheur sur le sujet qui, ironiquement, se déroule ici en contexte de confinement. Il nous propose avec son premier long-métrage un solide réalisation qui marie humour, action et horreur d’une main de maître, pour un résultat des plus divertissants. Si vous l’avez manqué, c’est disponible sur Netflix.

#Alive film

7- Relic de Natalie Erika James

Le cinéma d’horreur compte une nouvelle voix féminine à surveiller dans les prochaines années et on s’en réjouit. Avec son premier film, Natalie Erika James nous offre une allégorie dévastatrice sur la démence, la vieillesse et le deuil, de façon pourtant peu exploitée dans le cinéma d’horreur. Si les fans se plaignent que leur genre préféré n’a plus rien à leur offrir de neuf à l’annonce des innombrables suites et remakes, c’est vers des films comme Relic qu’ils devraient définitivement se tourner.

Relic film

6- Leap of Faith: William Friedkin on The Exorcist de Alexandre O. Philippe

Après l’infecte The Devil and Father Amorth, où le réalisateur de The Exorcist capte un « véritable » (et excessivement ennuyant) exorcisme sur pellicule, quelle joie de le retrouver maintenant devant la caméra pour ce nouveau documentaire du petit génie Alexandre O. Philippe (Memory: The Origins of Alien, 78/52). Vous pensiez tout connaître sur le classique ultime de 1973? Détrompez-vous. En plus de nous en apprendre beaucoup, Leap of Faith prend un virage philosophique, voire même touchant, en fin de parcours, qui marque par sa pertinence et reste longtemps en mémoire.

Leap of Faith film

5- The Invisible Man de Leigh Whannell

Leigh Whannell > Tom Cruise. Le cinéaste a réussi l’exploit de relancer la morte et enterrée Dark Universe. Depuis la parution de The Invisible Man en début d’année, des nouveaux films impliquant les monstres de la Universal n’ont cessé de s’annoncer et pour cause: non seulement sa proposition a été un succès critique et box-office (même si elle s’est fait coupée l’herbe sous le pied avec la fermeture des salles quelques semaines après sa sortie), mais il s’agit de l’exemple parfait de comment faire du neuf avec du vieux. Un scénario qui développe des thèmes actuels plutôt judicieux, une solide interprétation de la toujours excellente Elisabeth Moss et une réalisation qui nous tient au bout de notre chaise pendant deux heures. Le cinéma d’horreur ne pouvait rien demander de mieux. Aussi encore, cette scène (!!!!):

The Invisible Man film

4- The Mortuary Collection de Ryan Spindell

Vous dire combien j’ai aimé la nouvelle anthologie de Ryan Spindell (en fait, j’ai écrit une critique complète sur le sujet déjà) serait un euphémisme. Pour moi, c’est le film d’horreur parfait: un scénario qui déjoue bien nos attentes, une bonne dose d’humour noir, des scènes gore impressionnantes et même quelques frissons en cours de route! Il s’agit d’une lettre d’amour à l’histoire du cinéma d’horreur, réalisée de façon impeccable par ce nouveau cinéaste dont on a bien hâte de découvrir le reste de la carrière. The Mortuary Collection est dans ma liste des meilleures anthologies d’horreur à avoir été produites. Also again, cette scène (!!!!):

The Mortuary Collection film

3- Possessor de Brandon Cronenberg

Depuis le temps qu’on voulait voir ce fameux Possessor, les attentes étaient très élevées et les miennes ont été comblées. En plus de proposer l’un des films les plus brutaux en mémoire, le nouveau film de Davi… Brandon Cronenberg, pardon, excessivement stylé, nous présente un délire de science-fiction comme on en a peu vu. Outre les magnifiques visuels et ses nombreuses giclées de sang, le film envoûte avec ses personnages désincarnés plutôt intrigants, représentant la pointe de l’iceberg d’un univers encore plus vaste et sinistre.

Possessor film

2- Lovecraft Country de Misha Green

Je me donne le droit à une série cette année, puisque lorsqu’on en produit une de ce calibre, il va de soit qu’elle figure dans une sélection du meilleur de l’année. Avec ses personnages profonds, ses thèmes on ne peut plus actuels, ses créatures mythiques et ses effets spéciaux à couper le souffle, Lovecraft Country est l’une des productions les plus excitantes que j’ai pu voir depuis très longtemps. À bingwatcher le plus rapidement possible.

Lovecraft Country série

1- His House de Remi Weekes

Je n’ai pas eu assez d’yeux lors de mon premier visionnement de His House à sa sortie sur Netflix en octobre. Le film qui traite de la condition précaire des migrants, notamment en Angleterre, est impreigné d’une poésie macabre à la fois magnifique et terrifiante. Remi Weekes se mesure littéralement aux plus grands de l’horreur avec sa première réalisation qui impressionne avec ses visuels et ses performances (Wunmi Mosaku frappe fort en occupant les deux premières places de mon palmarès!) et marque définitivement l’année 2020.

His House film

Mon coup de gueule 2020

Rabid des soeurs Soska

Oui, j’ai vu pire que Rabid cette année, mais l’incompétence crasse avec laquelle Jen et Sylvia Soska ont su mener ce remake d’un film pourtant mineur de David Cronenberg m’a tellement jeté en bas de ma chaise qu’il m’a fallu mon courage à deux mains pour pouvoir le terminer. Ajoutons à cela une ou deux controverses douteuses au cours des derniers mois et vous obtenez  — en ce qui me concerne — la fin de carrière de deux cinéastes féminines canadiennes. D’une tristesse sans nom.

Rabid film

 

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