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[Littérature] « Civilisés » : un « Squid Game » québécois qui cimente le statut du maître

Accrochez-vous à votre La-Z-Boy, assurez-vous que vos lunettes de lecture tiendront le coup sur votre nez et sortez vos sacs pour vomir : Civilisés, le dernier roman de Patrick Senécal est enfin disponible en librairie et devient à lui seul une célébration de ses 30 ans de carrière.

Douze candidats d’origines et de croyances différentes sont choisis parmi un grand échantillonnage de volontaires pour évoluer quelques jours en milieux clos. Ces derniers devront feindre d'être les survivants d’un accident contre une somme d’argent non négligeable.
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Si en 2021, Flots démontrait le grand désir de l’auteur de s’imposer des défis d’écriture, on se souviendra que le précédent Résonances fut également toute une entreprise où certain·e·s ont eu besoin d’indices pour en déchiffrer la nature.

Dans Civilisés, Senécal se compose un narrateur à la fois fantasque et formateur, qui nous prend par la main et nous guide à travers les divers processus de création d’une œuvre littéraire. L’homme démystifie aussi le rôle et le cheminement des lecteur·trice·s, faisant de son texte un outil non négligeable pour quiconque souhaiterait écrire une histoire.

En ce qui a trait au fond de l’histoire, Civilisés se rapproche d’une sorte de Squid Game québécois, dont la facture anticapitaliste côtoie parfois le Triangle of Sadness de Ruben Östlund, non seulement à cause d’un segment à bord d’un bateau, mais surtout dans sa manière d’accentuer volontairement les clichés pour mettre le doigt sur de fines observations d’absurdités et d’injustices sociales.

Tout ceci s’opère sans ne jamais délaisser cette montée du suspense qui ne cesse de gravir une pente digne du mont Everest. L’ambiance glaçante et les meurtres sanglants sont ponctués de surprises constantes, et même si certain·e·s risquent de trouver l’ouverture plus exhaustive, le rythme ne pâtit en aucun cas.

Civilisés frappe fort et pourra certainement devenir l’un des romans clés de l’auteur aux côtés de ses plus grandes réussites. C’est comme si Senécal y avait instauré le meilleur de ses deux univers : celui drôle et plus ludique de certains romans comme Malphas ou Il y aura des morts à celui plus psychologique et posé ayant donné de véritables chefs-d’œuvre comme Le Vide, Faims ou Flots.

Au final, Civilisés est certes un excellent roman d’épouvante, mais il s’agit d’un grand roman tout court.

Note des lecteurs6 Notes
Pour les fans...
de fables anticapitalistes
de scène littéraires gores
4.5
Note Horreur Québec

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