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[Littérature] Le Chasseur et autres noirceurs: ceinture noire en littérature

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Historienne, ceinture noire de taekwondo, romancière et nouvelliste, Geneviève Blouin a plusieurs cordes à son arc. Les Six Brumes lui consacre le tout dernier venu de leur collection Brumes de légende, Le Chasseur et autres noirceurs, un recueil de quatre textes choisis auxquels se joint une nouvelle exclusive. Le résultat? Une courte, mais fine sélection de récits à lire d’un seul trait, parfaite pour introduire le nouveau lecteur à l’œuvre exhaustive d’une autrice qui ne chôme pas.

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Dans Le chasseur, un combattant d’arts martiaux mixtes qui peine à accepter sa récente cécité doit affronter une horrible créature mythologique qui terrorise la ville. Les scènes d’action n’atteignent pas toujours leur cible en littérature, mais Blouin conjugue sa passion du combat à son talent pour les lettres avec agilité. Seule faiblesse: le punch final, un peu trop prévisible pour mettre KO. La bataille offre un sacré divertissement malgré tout.

La lecture se poursuit avec Le Double, première nouvelle de l’autrice, qui date de 2008. Un agent double sur le point d’être torturé est prêt à tout pour épargner sa vie dans l’attente des secours. Le style visuel et le contexte familier, très tarantinesque, transportent le récit à un rythme haletant qui traduit bien l’état mental du protagoniste.

Dans une réalité où tous sont tenus d’adopter une religion et où les athées sont traités en parias, la possession démoniaque est adoptée à des fins d’anesthésie puisque les possédés ne ressentent pas la douleur et ont des pouvoirs de régénération exceptionnels. Une procédure qui échoue amène un jeune prêtre à questionner sa foi… mais comment remettre la religion en question dans un monde comme celui-ci? Le lecteur passera un moment de lecture fascinante, mais trop vite interrompu avec les personnages et l’univers bien définis de Démonothérapie, qui mériteraient une forme plus longue.

Un homme affronte la justice pour des crimes commis dans une autre vie: délire ou réalité? Blouin s’est inspirée du sempiternel débat entourant les accommodements raisonnables pour Sentence incarnée. Si l’on craint d’abord un autre sermon sur la peur de l’Autre, la nouvelle évite de tomber dans la facilité, notamment en privilégiant une forme très courte.

Enfin, l’autrice nous offre Le déshonneur de Meiyo Jijatsu en guise de nouvelle exclusive. Cette fiction historique japonaise adopte le procédé stylistique du show, don’t tell souvent appliqué par les auteurs du pays du Soleil Levant. Blouin explique cette technique ainsi: «[énoncer]  des événements sans les mettre en scène, pour bien marquer que le personnage autour duquel l’action se déroule ne s’en préoccupe pas». Le pari est relevé, mais le fond comme la forme risquent de moins résonner avec les lecteurs peu familiers avec (ou intéressés par) l’univers des samouraïs et des rōnins.

Puisque Les Six Brumes ont  mis la commande de livres sur la glace en attendant que la crise du coronavirus soit passée, vous pouvez commandé l’excellent Le chasseur et autres noirceurs de Geneviève Blouin chez Renaud-Bray, Archambault, Coopsco et Les libraires. Bonne lecture en confinement!

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