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[Littérature] «Le corps souillé: Gore, pornographie et fluides corporels»: ce corps si faillible

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4.5
Note Horreur Québec

Le corps souillé: Gore, pornographie et fluides corporels d’Éric Falardeau est paru tout récemment aux éditions de L’Instant même et propose une analyse minutieuse de ces deux univers que sont l’horreur et la pornographie au cinéma. Certains fanatiques d’horreur trouveront peut-être arbitraire de marier les deux genres, mais plus on épluche les sujets d’études sous différents angles, plus on constate qu’ils cohabitent souvent sous prétexte qu’ils affirment une forme de mise à nue de ce qui est considéré comme non-présentable à la caméra.

D’entrée de jeu, c’est fascinant de lire un essai sur les fluides au cinéma conduit par l’artiste ayant affirmé que le manque d’intérêt sur ces thèmes de la part de ceux qui subventionnent le cinéma pouvait refléter un manque de compréhension. Le réalisateur de Thanatamorphose se démène corps et âme pour non seulement nous instruire sur ce sujet, mais aussi pour faire tomber — du moins, c’est ce qu’il semble faire — ce snobisme ambiant face au gore et à la porno. Comme il a raison de nous le rappeler, les expressions «film fantastique» et «film érotique» renferment une connotation plus noble que lorsque l’on utilise «film d’horreur» ou «film pornographique».

CORPSLes questions que l’auteur soulève sont tout à fait passionnantes, et la plupart des réponses qu’il suggère pour nous exprimer que le corps n’est pas à la hauteur paraissent presque irréfutables. Bien sûr, ceux qui ont eu la chance de visionner les excursions du créateur au cinéma pourront facilement y tisser un parallèle.

Si intellectuel puisse paraître l’exposé livré, l’utilisation d’une certaine vulgarisation saura happer les plus novices avec des termes et des expressions faciles à comprendre. L’auteur veut nous instruire et aucunement exposer futilement son savoir. Il en résulte un ouvrage extrêmement divertissant à parcourir et qu’on voudra garder et relire éventuellement. Certains puristes de l’horreur qui pourraient trouver discutable d’y associer machinalement la pornographie auront peine à argumenter. C’est qu’à travers une série d’exemples, passant du film Behind the Green Door à Zombie 2, l’auteur remet en question les doutes que l’on peut ressentir face au mariage de ces deux univers. Son idée de base que «L’exhibitionnisme spectaculaire des fluides corporels exprime un rapport trouble, voire haineux, au corps» est solidement démontrée.

Par ailleurs, le véritable tour de force de l’ouvrage survient dans sa dissection des sous-genres et dans l’énumération d’un corpus de longs-métrages que les cinéphiles auront envie d’ajouter à leur liste de visionnements.

Au final, nous vous recommandons grandement cet essai qui, comme on le constate de plus en plus avec les textes parus chez L’instant même, se veut un véritable outil pour cinéphiles.

Voyez également notre épisode de 3 minutes de gore mettant en vedette l’auteur Éric Falardeau.

Horreur Québec