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Terreur à Trois-Rivières sur le plateau de «Saint-Sacrifice»

C’est le 19 avril dernier que s’achevait à Trois-Rivières le tournage du nouveau court-métrage Saint-Sacrifice de Jean-Claude Leblanc.

Les adeptes de genre ont pu découvrir la dextérité du cinéaste en tant que directeur photo sur le trop méconnu slasher Pinup Dolls on Ice, paru en 2013. Ceux qui ont vu ce savoureux petit série B savent y déceler l’importance de la composition des images qui nourrissaient son atmosphère. Il y avait déjà là une forme de prémisse pour la carrière de réalisateur du propriétaire de la Taverne Royale, l’un des bars les plus connu du patelin.

Et il ne lui aura fallu pourtant qu’un seul court-métrage de 9 minutes pour s’imposer comme une figure marquante du cinéma de genre québécois. Cauchemar capitonné s’est mérité pas moins de 64 prix depuis 2016 dans différents festivals, et engendre de nouveaux fans de jour en jour depuis qu’il est disponible via la page Crypt Monster. Tout ceci semble confirmer ce que le succès de films phares comme Les Affamés ou Turbo Kid tente d’impliquer comme idée: oui, il y a un marché pour le cinéma de genre au Québec! Mais force est aussi d’admettre que nos artistes ont l’expertise pour faire des flammèches dans le domaine.

Saint-Sacrifice raconte l’histoire d’un homme qui retrouve sa femme dans la vie après la mort. Le scénario s’inspire de la tragique histoire d’un client décédé dans le fameux bar au début des années 1990. Horreur Québec a eu la chance d’aller visiter le plateau de tournage qui a grandement fait jaser la ville entière.

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Le cinéaste Jean-Claude Leblanc sur le plateau de Saint-Sacrifice

Une direction artistique et des maquillages impressionnants

Dans la dernière semaine, les Trifluviens et les habitués de la Taverne ont eu de quoi être surpris par la transformation gargantuesque de la devanture de l’établissement, qui est devenu une sorte de manoir de l’horreur. À plusieurs reprises, il était loufoque de voir les voitures s’arrêter pour prendre un cliché de l’endroit.

Il faut dire que ce relooking n’a pas été complété par n’importe qui, explique le cinéaste: «Les Blood Brothers on fait de la pyrotechnie et les décors du monde des morts. Ils ont fait la direction artistique des effets spéciaux.» La taverne ressemble désormais à une vieille maison poussiéreuse comme celles que l’on voit dans les films de la Hammer.

La bonne nouvelle pour les fans d’horreur du coin, qui n’ont pas encore eu la chance d’aller voir cette métamorphose extérieure de la façade, c’est que le propriétaire et cinéaste pense la conserver ainsi pour un moment encore.

Ceux qui ont eu la chance de pénétrer l’abîme intérieur du bâtiment ont pu renouer avec leur histoire d’amour pour le genre en constatant le travail fait sur les décors. Les toiles d’araignées, les éclairages et la fumée nous donnent envie de chercher Christopher Lee sur les lieux. Les maquillages qui prennent lentement place sur les visages des futurs morts-vivants nous rappellent quant à eux le vidéoclip Thriller. La maquilleuse Lori Hamel, qui a également travaillé sur Cauchemar capitonné, et son assistant ont effectué de véritables miracles.

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Le bar Taverne Royale subit une impressionnante transformation

Le soutien de Luc Picard

Se faire dire oui par Luc Picard est certainement stimulant, mais quand celui qui a travaillé avec Pierre Falardeau, Jean Beaudin et Bernard Émond devient également producteur exécutif d’un projet parce qu’il y croit, il y a de quoi jubiler. À ce sujet, Jean-Claude Leblanc raconte: «Je lui ai envoyé mon scénario parce que je pensais qu’il serait bon pour le rôle. Quand il a accepté, j’étais très fier. À la première rencontre, ça a vraiment cliqué entre nous. C’est là que j’ai compris qu’il fallait que j’aille all-in dans le projet. Je savais que j’avais quelque chose de bon quand Luc Picard m’a dit que c’était bon.»

Le comédien était, certes, impressionnant à voir aller sur les lieux. Même s’il est lui-même un excellent cinéaste — l’homme compte à son actif une poignée de réalisations dont Babine, Ésimésac et plus récemment Les rois mongols — Picard suivait à la lettre les instructions de son nouveau réalisateur. Lors des échanges avec les figurants, il n’hésitait pas à se faire prendre en photo avec les gens et sa simplicité était presque désarmante. On avait l’impression de collaborer avec lui sur le film lorsqu’on écoutait ses échanges avec les figurants. Cette attitude était toute à l’honneur de l’acteur immortalisé dans 15 février 1839.

Les acteurs Isabelle Brossard (4 et demi…, Dans une galaxie près de chez vous), Alexandre Ricard (Pauline & Jean), Chrystelle Quintin (Deux sans trois) et Patrick Gauthier (Le Loup) sont également de la distribution.

Observateurs et figurants

Puis, vint enfin le moment de tourner et pour se sentir d’attaque, la star du film se met à fredonner des tubes d’Elvis et à sauter sur place. Même si on lui doit le tueur fou du très beau film de Jean Beaudin Le Collectionneur, Luc Picard a affirmé lui-même que les opportunités pour un acteur de pouvoir s’offrir ce genre de rôle au Québec ne pleuvaient pas et le comédien a semblé s’y amuser comme un gamin libéré dans un magasin de jouets.

Et nous aussi, puisqu’en nous offrant un accueil à la hauteur du nom de la fameuse taverne, l’équipe nous a invité à participer à l’aventure en tant que figurants. L’expérience était assez jubilatoire: après avoir été sur les lieux plusieurs heures comme observateur, se retrouver au milieu de cet essaim de faux clients du bar ou encore dans une autre scène lors d’une partie de billard nous incluait au délire. Anonymement possiblement, puisqu’avec la foule et la fumée sur le plateau, il deviendra plus difficile d’identifier les figurants. Cela dit, jouer une conversation muette avec une inconnue — nous devions feindre une discussion sans émettre le moindre son — ou essayer de frapper la boule numéro quatre sans lunettes restait tout de même un défi intéressant.

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Dalie Leblanc, nièce du réalisateur, se fait maquiller en démon par la maquilleuse Lorie Hamel

Un cinéaste à suivre

Alors qu’il pourrait suffoquer sous la pression du travail à accomplir, le scénariste et réalisateur s’empresse de remercier son équipe, et nous-mêmes, journalistes invités, entre les prises. Cela aide forcément à nourrir l’énergie positive qui se ressent en observant l’équipe. Nous n’avons aucunement eu l’impression de visiter un lieu de travail, mais davantage un repère de geeks.

Étalé sur deux journées, nous avons passé une dizaine d’heures avec le peloton de Saint-Sacrifice et nous ne pouvons que saluer le professionnalisme du groupe. Quand on voit la facilité avec laquelle il dirige les opérations et la confiance qu’il lègue à ses acteurs en leur laissant des libertés, on a non seulement hâte de voir le court-métrage du cinéaste, mais on souhaite lire très bientôt son nom à la barre d’un long-métrage. Qui de mieux qu’un fanatique d’horreur peut comprendre le genre?


Nous souhaitons une super post-production au commando de Saint-Sacrifice et espérons secrètement pouvoir découvrir le résultat final lors du prochain festival de Fantasia. Nous remercions également l’équipe de nous avoir ouvert ses portes avec autant de confiance et nous vous laissons sur quelques photos du tournage, histoire de vous faire patienter encore quelques mois:

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