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[TIFF 2019] The Lighthouse: la folie de l’homme

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Note Horreur Québec

The Witch de Robert Eggers en avait divisé plusieurs, bien qu’il ait reçu une réception critique favorable: ce dernier usait d’une perspective historique pour explorer le mythe de la sorcière à travers l’aliénation, l’isolement et la peur des femmes. Dans le cas de The Lighthouse, présenté au TIFF en première nord-américaine, on nous offre cette fois un récit aux antipodes.

Ephraim Winslow (Robert Pattinson, Good Time, Cosmopolis, Twilight) se joint à Thomas Wake (Willem Dafoe, Antichrist) pour l’assister dans le maintien d’un phare. Jeune homme ambitieux et déterminé, Winslow fait du mieux qu’il peut pour impressionner son patron, dont le précédent assistant semble avoir disparu dans de mystérieuses circonstances. Les deux marins sombrent ainsi dans une rivalité machiste qui semble nourrie par leur obsession grandissante envers la lumière du phare et les mystères qu’elle cache.

The lighthouse affiche filmSi l’histoire n’est pas la plus complexe, c’est qu’elle devient secondaire quant à l’expérience que nous faire vivre le film. La photographie vieille école est si concise qu’elle nous fait pratiquement remonter dans le temps avec ses images épurées, précises et tout simplement magnifiques. Le grondement fréquent des cornes de brume est magistral et provoque une effervescence cauchemardesque qui ne fait qu’augmenter la tension, alors que le film nous propulse urgemment vers son apogée explosive. Eggers maîtrise son art à la perfection et sa réalisation est sans reproche.

Le vrai trésor du film reste toutefois le jeu des deux acteurs. Si son talent a été prouvé à maintes occasions, Dafoe n’a pourtant jamais brillé avec autant d’ardeur. Possédé d’une insanité irrépressible, il nous livre des monologues tous plus dévergondés les uns que les autres. Sa folie est jouissive et contagieuse et pousse le spectateur à partager son étrange transe. Pattinson a quant à lui été sous-estimé et entaché depuis ses débuts par son association à une franchise idolâtrée des adolescentes. Il faut néanmoins admettre un talent incroyable pour tenir tête à un antagoniste aussi disjoncté; Pattinson est inébranlable. Il offre une performance qui l’élève au rang des meilleurs interprètes actifs de nos jours.

Il est difficile d’imaginer un autre réalisateur en charge de cette oeuvre. Par le passé, Eggers à su traiter de la féminité et de la façon dont les genres ont marqué et ont été marqués par l’histoire avec énormément de subtilité et de compréhension. Son dernier film n’en fait pas exception. Si l’on retire une certaine ivresse de cette démonstration de masculinité, on ne peut échapper au commentaire sur sa toxicité qui en découle. The Lighthouse offre une vision délirante et fantaisiste sur le passé, révélant une oeuvre pertinente aux discours modernes.

The Lighthouse arrive en salle le 18 octobre prochain.

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