À une époque où l’horreur s’invite tous les jours dans les fils d’actualité, où la violence est devenue un bruit de fond, on pourrait croire que le cinéma n’a plus grand-chose à offrir pour déranger vraiment. Et pourtant. Certains films persistent à creuser plus profond — pas dans le spectaculaire, mais dans ce qui dérange moralement, ce qui retourne l’estomac sans faire sursauter.
Ce sont des œuvres troubles, souvent méprisées ou censurées, dont les thématiques frôlent l’aspect philosophies, mais qui ont le mauvais goût délicieux de poser les vraies questions : jusqu’où peut-on aller? Et pourquoi veut-on regarder ça?
Voici cinq films, pas tout à fait horrifiques, pas tout à fait supportables… mais qui mettent ton éthique à rude épreuve!
5 – Mientras Duermes – Jaume Balagueró (2011)

Ce que c’est :
César est concierge dans un immeuble bourgeois. Poli, discret, serviable. Un voisin modèle. Sauf qu’il passe ses nuits sous le lit de sa voisine, la drogue en douce et se faufile dans son appartement pour… l’infecter de malheur. Parce que César n’aime pas les gens heureux, il s’est donné une mission : saboter la joie des autres, méthodiquement, délicatement, comme un artisan du mal-être.
Pourquoi c’est malsain :
Parce que c’est le mal qui chuchote, pas celui qui hurle. César ne tue pas (du moins, pas tout de suite), il insinue, il règle les réveils trop tôt, il salit l’intimité, il ruine des vies à coups d’aiguille invisible. Et tu le regardes faire… avec un mélange de dégoût et de fascination. C’est le film parfait si tu veux te méfier de ton concierge à vie.
4 – Taxidermia (Taxidermie) – György Pálfi (2006)

Ce que c’est :
Un opéra grotesque sur trois générations de corps déformés, de boulimie, de taxidermie et de sperme en feu.
Ce n’est plus un film, c’est une autopsie de l’âme humaine, sauce foie gras hongrois. J’applaudis l’équipe du film qui a réussi à imposer une affiche que tu ne pourras jamais afficher.
Pourquoi c’est malsain :
Taxidermia, c’est le malaise qui rampe sous la peau déguisé en œuvre d’art. Ce n’est pas un film qui choque, c’est un film qui fermente. Paradoxalement, le film dégage une beauté dérangeante, presque poétique. Sauf que ce qu’on te montre, c’est la décrépitude de la chair, la mutation du corps et la transmission générationnelle de l’absurde et du grotesque.
3 – The House That Jack Built – Lars von Trier (2018)

Ce que c’est :
Un serial killer mégalo explique sa « vision artistique » du meurtre en mode TED Talk, entre deux boucheries gratuites. C’est du Lars von Trier, donc soit tu cries au génie, soit tu cries à l’aide. Un film bien estampillé dogme 95 qui te fera vite comprendre que le réalisateur danois, malgré les polémiques, ne connaît pas le mot « concession ».
Pourquoi c’est malsain :
Parce qu’il t’oblige à rire du pire, à intellectualiser l’innommable. Il transforme le tueur en esthète, en philosophe foireux, et t’entraînes lentement avec lui… jusqu’en Enfer, littéralement.
T’as signé pour un slasher, tu finis dans une galerie d’art morbide sponsorisée par Satan.
2 – Eden Lake – James Watkins (2008)

Ce que c’est :
Un couple va camper. C’est bucolique, les oiseaux chantent… jusqu’à ce que des ados locaux décident que ce serait sympa de les torturer à mort. Un peu comme Délivrance, mais avec des joggeurs en survêt.
Pourquoi c’est malsain :
Parce que c’est brutalement réaliste. Pas de monstres, juste des enfants sans repères. Et surtout : le film t’empêche de respirer. Aucun espoir, aucun sauvetage in extremis. Tu te dis : « mais non, ils vont pas oser faire ça? », et ils le font. Et pire. Et encore.
RIP les images bucoliques des journées au bord de la rivière.
1 – Henry : Portrait of a Serial Killer – John McNaughton (1986)

Ce que c’est :
Une sorte de docufiction sous acide sur un tueur en série. L’antithèse du serial killer brillant et raffiné, un montage si équivoque qu’il fait gambader ton imagination dans une ruelle très sombre. On suit juste l’histoire d’Henry, un mec banal et banalement barbare qui étrangle les gens avec son ami Otis, puis font la review du meurtre au calme sur le canapé.
Pourquoi c’est malsain :
Parce que c’est froid, plat, clinique. Aucun glamour, aucun jugement moral, aucun plaisir sadique : juste un miroir tendu à l’Amérique de la banalité du mal. Tu ressors de là en te disant : mon voisin est peut-être un Henry. Et franchement… ça se tient.
BONUS :
Cerise sur le cercueil, un dernier film pour sceller ton malaise avec élégance.
Tickled – David Farrier & Dylan Reeve (2016)

Ce que c’est :
Un journaliste néo-zélandais découvre un concours en ligne de « chatouilles compétitives masculines ». Bizarre, mais bon. Curieux, il creuse. Et ce qu’il trouve? Un terrier de lapin aussi profond qu’absurde, peuplé de harcèlement, de pouvoir, de domination, de faux noms, de menaces juridiques, et d’un type très riche avec une obsession… très étrange.
Pourquoi c’est malsain :
Parce que c’est réel. Et que derrière ce qui pourrait être un simple délire fétichiste de nerd, se cache en fait une machinerie d’humiliation, de manipulation et d’exploitation. Le tout enveloppé dans une ambiance presque kafkaïenne : plus tu poses de questions, plus les gens deviennent agressifs, menaçants, flous.





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