Avez-vous déjà entendu parler de Stranger by the Lake ? Si oui, sachez que le titre original est L’inconnu du lac, car oui, ce suspense psychologique enlevant, sorti en 2013, est un film français réalisé par Alain Guiraudie. Avec ce film, vous vous prêterez à une expérience de suspense intense, mais aussi d’érotisme. L’œuvre s’impose donc comme un parfait candidat pour mes articles du Mois de la Fierté !
Sur une plage de galets — refuge et lieu de détente pour quelques hommes gays — Frank (Pierre Deladonchamps) tombe sous le charme de Michel (Christophe Paou). Ce dernier est séduisant, certes, mais surtout dangereux. Mortellement dangereux. Frank le sait mieux que quiconque, pourtant il succombera au puissant charme de Michel. Quelles en seront les conséquences ?
Le désir est plus fort que la peur
En visionnant le film, vous serez portés par une direction de la photographie à couper le souffle ! Non seulement elle est esthétiquement superbe, mais elle soutient un propos d’une grande force. En fait, L’inconnu du lac est un film avec très peu de dialogues. Ce sont les images qui nous racontent d’elles-mêmes leur récit. Ici, on ne peut se fier aux mots : on ne peut faire confiance qu’aux images. Ce sont les seules témoins de la vérité, les seules à nous la partager. Soyez-y attentifs !
Mon seul point négatif pour ce grand film s’est graduellement transformé en élément ingénieux de sa construction. Je dois avouer que je me perdais parfois dans les relations entre les personnages, mais je crois que cette fluidité relationnelle permet justement à L’inconnu du lac d’être un film profondément queer-coded, au-delà même du fait qu’il met en scène des personnages issus de la communauté LGBTQ+.
Malgré la violence de certains événements présentés sans censure, le film dégage une douceur étonnante. Ce contraste est probablement dû à l’ambiance sonore, à la facture de l’image, mais surtout au lieu où se déroulent les événements. Bien qu’il soit très différent, L’inconnu du lac me rappelle par moments Falcon Lake de Charlotte Le Bon. Comme si les berges d’un lac étaient la promesse d’une douceur infinie… mais aussi de conflits profonds, à la fois intérieurs et relationnels. À l’image des vagues qui viennent se fracasser sur la grève, L’inconnu du lac nous offre à la fois un spectacle grandiose et d’une grande violence.
La recherche de vérité et le réconfort du mensonge sont aussi représentés par le lieu. La plage de galets est un espace où l’on parade, où l’on flirte, bref, où l’on chasse. Un lieu de paraître. La forêt, quant à elle, devient le lieu de la mise à nu, tant littérale que symbolique.
L’inconnu du lac nous fait vaciller entre pulsion et lucidité, violence et abandon, mensonge et désir brut. À mon sens, voilà le grand point fort du film de Guiraudie !
Pour accompagner les grandes journées chaudes du mois de juin, je vous recommande vivement le visionnement de L’inconnu du lac.
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