Orson Welles en a déjà fait la démonstration, il y a près de 90 ans, lors de la diffusion d’une version radiophonique de La Guerre des mondes : il est possible de faire peur uniquement avec du son. Mais tandis que le futur réalisateur de Citizen Kane proposait un programme d’une heure composé principalement de faux bulletins de nouvelles afin d’ancrer son radio-roman dans le réel, l’approche dans The Undertone est différente. Le réalisateur canadien Ian Tuason mise plutôt sur le found footage (enregistrement trouvé) afin d’instiller la peur dans le cœur des spectateurs et des spectatrices. Lors de la première mondiale au Festival Fantasia le 27 juillet, Ian Tuason a d’ailleurs parlé de Paranormal Activity comme source d’inspiration (et The Exorcist, excusez du peu).
Evy (Nina Kiri) habite chez sa mère mourante. Une épreuve difficile qu’elle tente d’affronter tout en enregistrant son balado The Undertone, qu'elle coanime à distance avec son ami Justin. Un balado paranormal où elle joue le rôle de la sceptique tandis que Justin est plutôt du côté des croyants. Ce dernier a récemment reçu par courriel une série de 10 fichiers audio enregistrés par un couple. On y entend une femme parler pendant son sommeil, mais également plusieurs bruits inquiétants et autres sinistres manifestations pas trop catholiques. Tandis qu'Evy et Justin enregistrent en plusieurs nuits leur balado et découvrent progressivement les différents enregistrements, la maison de la mère d’Evy semble elle aussi habitée par des forces maléfiques.
Disons-le d’entrée de jeu, la recette n’est pas nouvelle. Cependant, même si le film se passe entièrement dans une maison et que Nina Kiri porte carrément le film sur ses épaules (elle est le seul personnage parlant qu’on voit à l’écran), Ian Tuason manie habilement sa matière. Car, en plus des extraits audio qui sont dévoilés au compte-gouttes pour alimenter le suspense, on voit Evy faire des recherches sur Internet pendant l’enregistrement du balado. Vieilles gravures sinistres et vidéo du genre « creepypasta » (légende urbaine diffusée sur le Web) défilent ainsi à l’écran pour nourrir notre angoisse et donner corps à un récit relaté majoritairement par le son.
Les références culturelles des Gen-Z sont donc toutes réunies dans The Undertone, un film qui s’adresse clairement à cette génération née avec un téléphone cellulaire à la main. Bien sûr, les générations précédentes vont également s’y reconnaître, puisque personne n’échappe de nos jours aux technologies numériques. Y prendront-elles autant de plaisir?
C’est possible, car si le found footage à la Paranormal Activity n’est pas (plus?) la tasse de thé du vieux routier qui écrit les présentes lignes, le talent d’Ian Tuason est indéniable et son film en charmera plus d’un. Sans compter que The Undertone fait peur, ce qui est tout de même non-négligeable!
L’isolement que vit Evy est d’ailleurs contagieux. Quasi-prisonnière de la maison de sa mère, elle n’a pratiquement aucun contact avec d’autres êtres humains. Et ce n’est pas sa mère qui a sombré dans une espèce de coma ou la voix de Justin lors des enregistrements, et qui habite dans une autre ville, qui permettront de briser cet isolement.
Pas étonnant qu’Ian Tuason ait eu l’idée de ce film lors du confinement au moment où il vivait un deuil dans sa famille…
Vous devez être connecté pour poster un commentaire.