Le rideau est tombé sur la 29e édition du Festival Fantasia, qui s’est conclue le 3 août dernier. Si la couverture médiatique s’est surtout concentrée sur les longs-métrages, il nous semblait essentiel de revenir sur un autre pan du festival : les courts. Véritable laboratoire du genre, cette section a une fois de plus révélé des talents capables de marquer les esprits en quelques minutes à peine.
Horreur Québec a passé en revue la plupart des propositions qui touchaient de près ou de loin à notre mandat : horreur, thriller, fantastique, science-fiction et leurs satellites. Nous avons retenu une sélection de titres qui, chacun à leur manière, se sont distingués par leur audace, leur maîtrise ou leur singularité.
Précision importante : les films mentionnés ici ne sont présentés dans aucun ordre de préférence.
ITTY BITTY BETTY réalisé par Laura Buchanan ⚜️
![[Fantasia 2025] 10 courts-métrages de genre qui ont marqué nos rétines à Fantasia 13 Itty Bitty Betty 1](https://cdn.horreur.quebec/wp-content/uploads/2025/08/Itty-Bitty-Betty-1-750x422.jpg)
Sous son titre aux allures de conte enfantin, Itty Bitty Betty de Laura Buchanan cache une œuvre explosive. Le film suit une jeune femme en fuite d’une petite ville marquée par l’intolérance, qui libère involontairement un démon vengeur. En à peine une douzaine de minutes, Buchanan livre une proposition audacieuse où l’esthétique pop et colorée entre en collision avec des débordements horrifiques. Le contraste volontairement appuyé entre légèreté visuelle et violence thématique donne à ce court un ton unique, à la fois festif et subversif. Présenté dans la section Rites de passage, Itty Bitty Betty s’est démarqué en remportant la troisième place au MELS Award du meilleur court québécois.
BARLEBAS réalisé par Malu Janssen
![[Fantasia 2025] 10 courts-métrages de genre qui ont marqué nos rétines à Fantasia 15 BARLEBAS STILLS 04 scaled e1680613797804](https://cdn.horreur.quebec/wp-content/uploads/2025/08/BARLEBAS-STILLS-04-scaled-e1680613797804-692x450.jpg)
Présenté dans la section Born of Woman à Fantasia, Barlebas de la réalisatrice belgo-néerlandaise Malu Janssen s’est rapidement imposé comme l’un des courts incontournables de la compétition. Tourné en noir et blanc, le film nous plonge en 1595, au cœur d’un village marqué par la persécution des sorcières. On y suit Heylken, 28 ans, accusée de sorcellerie alors qu’elle s’apprête à quitter son village natal. Son destin tragique inspire pourtant Griet, une fillette de 12 ans, fascinée par sa liberté de parole et son indépendance.
La force du film réside dans son approche sensorielle : la caméra capte les gestes quotidiens, traire une vache, filer la laine, chanter, avec une intensité qui rend l’expérience presque tactile. Cette attention au détail donne au récit une densité rare, accentuée par une photographie d’une précision picturale. Loin du simple exercice de style, Barlebas déploie un récit sur la transmission et la résistance féminine dans un contexte historique oppressant.
Récompensé à Fantasia du prix du Meilleur film et du prix de la Meilleure photographie en compétition internationale, le court de Janssen confirme la vitalité de l’horreur folklorique contemporaine. Dans la lignée de The Witch mais avec une identité propre, Barlebas illustre comment le cinéma de genre peut puiser dans l’histoire pour en révéler toute la résonance actuelle.
ATOM & VOID réalisé par Gonçalo Almeida
![[Fantasia 2025] 10 courts-métrages de genre qui ont marqué nos rétines à Fantasia 17 posteratom poster](https://cdn.horreur.quebec/wp-content/uploads/2025/08/posteratom_poster-348x450.jpg)
Présenté en première canadienne à Fantasia, Atom & Void du Portugais Gonçalo Almeida est un court-métrage de neuf minutes sans dialogue qui transforme l’errance d’une araignée en expérience métaphysique. Peu de qualificatifs peuvent exprimer l’élan philosophique et morbide qui émane du périple vécu par cette créature en pleine excursion de sa réalité. Percutant et déstabilisant, le film s’imprime sur nos rétines pour y rester.
La force d’Almeida réside dans sa capacité à magnifier l’infime : textures, mouvements et durée des plans donnent à cette excursion animale une ampleur existentielle. On y perçoit autant une méditation sur l’isolement qu’un vertige face à l’immensité du monde.
Déjà remarqué sur le circuit international, mention honorable au Fantastic Fest, Méliès d’argent au Haapsalu Horror & Fantasy Film Festival, Atom & Void confirme le talent du cinéaste portugais et donne envie de se plonger dans le reste de sa filmographie.
WINKIE réalisé par Daniel Duranleau ⚜️
![[Fantasia 2025] 10 courts-métrages de genre qui ont marqué nos rétines à Fantasia 19 Winkie](https://cdn.horreur.quebec/wp-content/uploads/2025/08/Winkie-304x450.jpg)
Avec Winkie, Daniel Duranleau propose une œuvre singulière qui s’inscrit dans la tradition du conte fantastique. Ce court métrage muet de 23 minutes raconte la rencontre entre un monstre violent mais attendrissant et une fillette égarée dans la forêt. Sans paroles, le film s’appuie sur la force de son imagerie et sur une mise en scène sensorielle qui traduit à la fois la brutalité et la tendresse de ce duo improbable.
Présenté en première mondiale à Fantasia, Winkie constitue le deuxième chapitre d’une trilogie amorcée avec Mizbrük (2015). Le film aborde des thématiques universelles, la filiation, le pouvoir, la frontière poreuse entre humanité et animalité, à travers une esthétique visuelle léchée et une narration épurée. En misant sur le silence et sur la puissance des images, Duranleau signe une œuvre à la fois poétique et troublante, qui confirme la vitalité du court québécois dans le paysage fantastique actuel.
![[Fantasia 2025] 10 courts-métrages de genre qui ont marqué nos rétines à Fantasia 21 EM SELMA GO GRIFFIN HUNTING](https://cdn.horreur.quebec/wp-content/uploads/2025/08/EM-SELMA-GO-GRIFFIN-HUNTING--304x450.jpg)
EM & SELMA GO GRIFFIN HUNTING réalisé par Alex Thompson
Ce court-métrage qui nous présente une mère et sa fille à la chasse au griffon est un véritable tour de force. On sent évidemment un budget plus calibré puisque le film emploi des actrices connues, et des effets spéciaux efficaces. Pourtant, la magie n’en demeure pas moins unique. Le visuel est à couper le souffle et la réalisation très juste. Cette fable sur l’apprentissage aux connotations écologique connaît d’ailleurs un grand succès à travers les différents festivals. Les actrices Pollyanna McIntosh (The Walking Dead) et Milly Shapiro (Hereditary) forment un tandem électrique.
BUTTER KNIFE réalisé par Théophile Mur ⚜️
![[Fantasia 2025] 10 courts-métrages de genre qui ont marqué nos rétines à Fantasia 23 Poster Butter Knife](https://cdn.horreur.quebec/wp-content/uploads/2025/08/Poster_Butter_Knife-348x450.jpg)
Projeté dans la section Ma gang de malades, Butter Knife confirme le talent singulier de Théophile Mur. Le film raconte le retour d’un chirurgien de vacances, qui découvre un hôpital où la logique administrative et les dérives du système ont pris une tournure cauchemardesque. Oscillant entre satire et horreur psychologique, Mur dépeint un univers où le grotesque et l’absurde deviennent vecteurs de malaise. L’efficacité de la mise en scène et l’humour noir qui traverse le récit confèrent à l’ensemble une force corrosive, qui a su séduire le jury du festival. Butter Knife a d’ailleurs décroché la deuxième place au MELS Award du meilleur court québécois.
THE SCREAMING réalisé par Steve Villeneuve et Guillaume Boivin ⚜️
Présenté en première mondiale à Fantasia, The Screaming marque la collaboration entre Steve Villeneuve (Under the Scares) et Guillaume Boivin. Le court-métrage se déroule dans une morgue où des cadavres reprennent soudainement vie, donnant lieu à une déferlante horrifique sans compromis.
![[Fantasia 2025] 10 courts-métrages de genre qui ont marqué nos rétines à Fantasia 25 Thescreaming](https://cdn.horreur.quebec/wp-content/uploads/2025/08/Thescreaming-300x450.jpg)
Le choix esthétique est clair : ici, pas de détour psychologique ni de second degré comique. Les réalisateurs assument pleinement une horreur frontale, directe, qui revendique son héritage. La mise en scène, sombre et efficace, s’appuie sur une photographie claustrophobe et un montage tendu qui maintient la pression du début à la fin.
Les effets pratiques et maquillages, particulièrement soignés, évoquent immédiatement l’univers de George A. Romero, dont l’ombre plane sur ce récit de revenants. Cet ancrage visuel confère au film une authenticité qui séduira les amateurs de tradition zombie, tout en démontrant qu’il est encore possible, en quelques minutes, de livrer un pur concentré de terreur.
En s’inscrivant à contre-courant d’une tendance actuelle qui aime diluer l’horreur dans d’autres registres, The Screaming rappelle la puissance du genre lorsqu’il se présente sans filtre. Un hommage assumé, mais aussi une preuve que l’horreur directe garde toute sa pertinence sur grand écran.
MAGAI-GAMI réalisé par Norihiro Niwatsukino
Réalisé par Norihiro Niwatsukino, Magai-Gami s’impose comme l’une des propositions les plus marquantes du bloc de courts japonais présenté à Fantasia. Le film, d’une durée de neuf minutes, suit deux jeunes filles qui s’aventurent dans une forêt hantée, réputée pour abriter d’étranges créatures.
![[Fantasia 2025] 10 courts-métrages de genre qui ont marqué nos rétines à Fantasia 27 magai gami intl](https://cdn.horreur.quebec/wp-content/uploads/2025/08/magai-gami_intl-318x450.jpeg)
En un laps de temps réduit, Niwatsukino parvient à installer une atmosphère dense et inquiétante. La mise en scène, d’une précision millimétrée, exploite chaque ombre, chaque silence, pour faire monter la tension. Les apparitions monstrueuses, au design inventif et dérangeant, constituent le point fort du court : leur esthétique hybride, parfois grotesque, témoigne d’une réelle créativité et inscrit l’œuvre dans la continuité du folklore horrifique japonais.
L’efficacité du récit réside dans sa capacité à captiver sans recourir à l’explication. Le spectateur est happé par une expérience sensorielle qui allie peur viscérale et fascination visuelle. On en ressort avec le sentiment que l’univers esquissé mériterait d’être prolongé, tant son potentiel narratif est riche.
Magai-Gami illustre parfaitement ce que le court métrage de genre peut offrir de plus direct : une immersion instantanée, des images fortes et une maîtrise formelle qui laisse une empreinte durable.
MORE PAIN, MORE GAIN réalisé par Yusgunawan Marto
![[Fantasia 2025] 10 courts-métrages de genre qui ont marqué nos rétines à Fantasia 29 more pain more gain final](https://cdn.horreur.quebec/wp-content/uploads/2025/08/more_pain_more_gain_final-311x450.jpeg)
Nous sommes dans un gymnase, terrain de jeu où s’installe rapidement un duel absurde entre deux « douchebags » gonflés d’ego. Sous les encouragements d’une meute d’hommes écervelés, les adversaires, pas plus futés l’un que l’autre, se lancent dans une démonstration de force qui vire au grotesque. La rivalité se transforme vite en une escalade sanglante où prouver sa supériorité physique signifie littéralement risquer de perdre des morceaux de son corps.
Au-delà de son humour mordant, le film s’impose comme une satire grinçante de la culture du culte du corps et de la masculinité toxique. Le regard du cinéaste souligne la bêtise et la vanité de cette obsession pour la performance, tout en assumant un penchant jubilatoire pour le gore. Les effets sanglants, outranciers mais parfaitement maîtrisés, ajoutent au ton délibérément excessif du court-métrage.
En moins de dix minutes, More Pain, More Gain parvient ainsi à conjuguer critique sociale et débordements gores, livrant un spectacle à la fois hilarant, choquant et profondément corrosif.
MOLOSSE réalisé par Marc-Antoine Lemire ⚜️
![[Fantasia 2025] 10 courts-métrages de genre qui ont marqué nos rétines à Fantasia 31 molosse still2 50670](https://cdn.horreur.quebec/wp-content/uploads/2025/08/molosse_still2_50670-750x423.jpg)
Réalisé par Marc-Antoine Lemire (PRE-DRINK), Molosse s’impose comme l’un des courts les plus marquants de la sélection québécoise de cette année. Le film met en scène Johanie, une mère célibataire dysfonctionnelle, dont le quotidien prend une tournure inattendue lorsqu’un chien vient bouleverser la dynamique de sa ruelle. Derrière cette trame apparemment simple, Lemire dresse le portrait d’une communauté aux prises avec ses préjugés, ses obsessions et ses frustrations. Avec une mise en scène réaliste et tendue, Molosse devient une parabole sur les instincts enfouis qui refont surface à la moindre étincelle. Présenté en première mondiale à Fantasia, le film est reparti avec le MELS Award du meilleur court québécois.

![[Fantasia 2025] 10 courts-métrages de genre qui ont marqué nos rétines à Fantasia 12 Fantasia 2025 Poster 85x11 June EN 1](https://cdn.horreur.quebec/wp-content/uploads/2025/06/Fantasia-2025-Poster-85x11-June-EN-1-1155x770.jpg)


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