Il y a quelques mois, Horreur Québec vous avait présenté un premier top 5 de ses balados de crimes réels favoris. Parmi eux, vous pouviez retrouver Crime de bine.
Eh bien, le 28 octobre dernier, est paru en librairie un livre éponyme au podcast.
Oui, oui, vous avez bien lu : Mélanie Bouchard et Hélène Thomson se sont prêtées au jeu de l’écriture afin de nous offrir un bouquin dynamique, authentique et respectueux!
Horreur Québec tient à remercier vivement les éditions Saint-Jean de nous avoir envoyé une copie du livre et d’avoir joint au colis un second ouvrage, dont la critique sera publiée dans les prochaines semaines. Merci de votre grande générosité!
Glisse dans l’univers du true crime québécois et canadien avec Mélanie et Hélène, les animatrices du balado à succès Crime de bine! Plonge avec elles au cœur de mystères non résolus, d’enquêtes captivantes et de crimes odieux qui ont fait les manchettes au fil des ans. Hélène et Mélanie se demandent ce qui a bien pu mener un gars ordinaire de 28 ans à commettre un attentat à la mosquée de Québec en 2017, retracent le chemin parcouru par les membres de la secte Lev Tahor, décortiquent le triste destin des jumelles Dionne sous un nouveau jour, s’attardent au meurtre crapuleux, toujours non résolu, du couple Servant-Vallée... et plus encore!
Du balado au livre
Deux vieilles amies du secondaires, une passion commune pour le true crime et beaucoup de temps libre en pleine pandémie : c’est comme ça qu’est né le balado Crime de bine. On ne se doutait pas que 150 épisodes, plus de 4 millions d’écoutes, 5 années et 4 enfants plus tard, ce projet allait changer nos vies.
Si vous êtes une bine certifiée, vous serez comblée à la lecture de Crime de bine : 12 cas de true crime 100 % québécois et canadiens. Vous y retrouverez l’ambiance, à la fois dynamique et douce, propre au balado animé par Bouchard et Thomson. Ce livre est une belle continuité de leur œuvre et de leur univers : on ne perd aucunement l’essence de ce qu’elles sont et de ce qu’elles ont créé au fil des ans.
Tout comme dans leurs épisodes audio, les deux autrices ne se gênent pas pour laisser transparaître leur opinion, faisant naître un sentiment complice en nous. Elles nous rappellent qu’elles sont avant tout humaines et que ces histoires viennent elles aussi les chambouler.
La mise en page très dynamique du bouquin, à la frontière entre le dossier d’enquête et la page de journal, donne un caractère unique au livre. Ici et là se trouvent des espaces de discussion entre Mélanie et Hélène, renforçant le sentiment d’être dans une salle d’enregistrement avec elles. Les textes semblent presque écrits pour être lus à voix haute, leur donnant ainsi un charme incontestable!
Crime de bine est un livre plein de la présence de ses autrices : beau à regarder et incroyablement pertinent par les sujets et les histoires abordés.
Ce livre, c’est leur façon de rendre hommage aux histoires marquantes qui habitent notre pays. De donner une voix à des victimes qui n’en ont plus. De mettre des mots sur l’indicible, et de continuer à chercher, à leur manière, des réponses dans l’incompréhensible.
Un léger bémol
Un seul point laisse le lecteur légèrement mitigé dans cet ouvrage pourtant très soigné. Dans certaines histoires, la place accordée à la victime semble étonnamment restreinte. Il s’agit sans doute d’un simple manque d’informations disponibles sur la personne concernée et sur son entourage, un écueil fréquent dans les récits criminels anciens, mais l’on peut tout de même ressentir une petite déception en constatant qu’un chapitre en particulier porte le nom de la meurtrière plutôt que celui de celle qui y a perdu la vie.
Le chapitre consacré à « Madame Nette » revient sur l’affaire Deschambault, où une femme a assassiné une autre afin de lui voler l’enfant qu’elle portait. La victime, Suzanne (Beaumier) Lauzon, avait 23 ans au moment des faits et était enceinte de huit mois d’une petite fille. C’est sa vie, et celle de son enfant à naître, qui a été brutalement fauchée, le soir même de son shower. Pourtant, dans ce chapitre, Suzanne semble s’effacer un peu. Le récit s’attarde surtout sur Jocelyne Dupras-Deschambault, la meurtrière, laissant peu d’espace à un portrait de Suzanne ou à ces détails de vie qui auraient permis de la rencontrer autrement qu’à travers la violence qu’elle a subie.
Je suis bien consciente que cela découle probablement d’un manque de matière documentaire, d’autant plus que les autres chapitres offrent une place admirable aux victimes et leur rendent hommage avec beaucoup de délicatesse. Mais je n’ai pu m’empêcher de ressentir un pincement au cœur en pensant à la famille de Suzanne. L’impression demeure que le récit, malgré lui, éclaire surtout celle qui a commis l’horreur, laissant dans la pénombre celle qui l’a réellement subie.
Authenticité et respect
Le livre se veut authentique et respectueux. Une honnêteté et une transparence exemplaires transcendent les récits grâce aux touches ajoutées par Mélanie et Hélène. On sent, pour chaque histoire, qu’un grand soin a été apporté, dans les détails des récits, la recherche, les photos d’archives, mais aussi dans la sélection des affaires. On retrouve ici un beau mélange entre récits sanglants bien connus et histoires frissonnantes restées trop longtemps dans l’ombre.
On perçoit également l’importance de la communauté derrière la réussite du balado. Dans les remerciements, les filles prennent le temps de glisser un mot à leurs auditeurs et auditrices :
[C]e livre n’aurait pas pu voir le jour sans l’appui de nos bines (auditrices et auditeurs ) qui font partie intérgrante de l’aventure Crime de bine. Sans vous, on ne peut être nous!
À mettre sous le sapin!
Crime de bine : 12 cas de true crime 100 % québécois et canadiens s’impose comme un cadeau idéal à déposer sous le sapin pour les passionnés de crimes réels. Et pour les bines de longue date, rappelons que le balado poursuit sa lancée et publie toujours régulièrement sur les plateformes de streaming et sur ses médias sociaux.
Horreur Québec tient également à souligner, une fois de plus, la grande générosité des éditions Saint-Jean.
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