Ré-emballer de vieux cadeaux
Une tendance se dessine depuis quelques années dans la sphère cinématographique : on revisite de vieux classiques en leur donnant une cure de jeunesse.
La méthodologie est récurrente : grâce à une distribution constituée de nouvelles stars montantes (parfois parsemée de certaines icônes originales), on reprend exactement la même formule que le film à succès, à l’exception de quelques légers changements qui pimentent le tout. On le constate notamment avec la franchise Scream (pour ne nommer qu’un seul exemple parmi un océan de reboots), ayant ressurgi en 2022, puis en 2023 et bientôt en 2026 pour un septième volet.
I Know What You Did Last Summer, réalisé par Jennifer Kaytin Robinson (Do Revenge, Thor: Love and Thunder), est la plus récente victime de ce phénomène de « renouvellement ».
Il est difficile de se forger une opinion sur ces classiques qui refont surface de temps à autre dans un nouvel emballage scintillant. D’un côté, on assure une sorte de continuité éternelle aux longs-métrages fondateurs qui ont tant bercé notre imaginaire collectif, pouvant séduire les plus grands fanatiques et plaire aux compagnies de production qui empochent assurément de l’argent « facile ». D’un autre côté, il est essoufflant de voir et revoir le même contenu, en plus de négliger des scénarios originaux avec des thématiques plus actuelles, qui nous feraient possiblement découvrir de nouveaux talents. Dans quelle catégorie pourrons-nous alors insérer I Know What You Did Last Summer (2025), qui sort en salle dès aujourd’hui?
I Know What You Did Last Summer : 1997 – 2025
C’est en 1997 que la première œuvre voit le jour. Réalisé par Jim Gillespie, I Know What You Did Last Summer grimpe en popularité dès sa sortie et demeure apprécié par de nombreux cinéphiles encore aujourd’hui. Dans le même registre que Scream, Halloween et The Texas Chain Saw Massacre, IKWYDLS cimente sa place dans la liste des films d’horreur « classiques ».
L’intrigue est simple : quatre amis se retrouvent pour fêter le 4 juillet — Julie (Jennifer Love Hewitt), Helen (Sarah Michelle Gellar), Barry (Ryan Phillippe) et Ray (Freddie Prinze Jr.). Alors qu’ils sont sur le chemin du retour, un horrible accident changera leur vie à jamais. Ensemble, ils se promettent de ne jamais rien révéler de leur nuit d’épouvante, par peur de gâcher leurs plans d’avenir. Cependant, l’été suivant, ils reçoivent des menaces étranges : « Je sais ce que vous avez fait l’été dernier. » Peu après, un tueur vêtu d’un imperméable noir et muni d’un crochet les attaquera les uns après les autres. Seuls Julie et Ray survivront aux coups de crochet incessants.
Ils feront même partie d’un deuxième film, I Still Know What You Did Last Summer (1998), dont l’histoire revient au même, se déroulant toutefois aux Bahamas avec quelques nouveaux personnages.
Alors que dans les films précédents, on pouvait insinuer que le tueur au crochet — jusqu’à preuve du contraire — n’était qu’une manifestation symbolique de la culpabilité qui venait hanter les jeunes, IKWYDLS (2025) réside dans le concret. Tous les paramètres sont préétablis : les personnages vivent à Southport, la ville côtière marquée par le massacre de 1997.
Cette nouvelle génération, constituée de cinq jeunes adultes — Danica (Madelyn Cline), Ava (Chase Sui Wonders), Milo (Jonah Hauer-King), Teddy (Tyriq Withers) et Stevie (Sarah Pidgeon) — se prend au même jeu que la bande de 1997 : la nuit du 4 juillet, un incident malencontreux les met dans de beaux draps. Un été plus tard, toujours liés par le secret, ils sont victimes des mêmes menaces cryptiques. Aussitôt, la figure au crochet ne tarde pas à faire d’autres victimes.
Une suite nécessaire?
Ce qui est offert avec cette nouvelle interprétation : plus de gore que l’original, avec des scènes graphiques et sanglantes, des parcelles d’humour à la Gen Z qui viennent alléger l’atmosphère, et des moments nostalgiques apportés par Julie et Ray, qui participent activement au développement de l’histoire. Ce n’est pas un secret : en reprenant sensiblement le même moule narratif, on ne réinvente rien. Cependant, les nouveaux personnages attachants sont assez bien interprétés par les acteur·trice·s (hommage à Danica/Madelyn Cline et ses répliques divertissantes), et viennent compenser le sentiment de déjà-vu.
On se doit de noter qu’au fil du développement, il y a un manque de cohésion dans l’enquête : les suspects sont lancés rapidement, sans laisser le temps au public de fonder ses propres suspicions et théories. Notamment, le dénouement semblait précipité et les liens légèrement tirés par les cheveux. Le film aurait gagné à prendre plus son temps avec cet aspect.
En lien avec la première œuvre, il y a une évolution qui fait un minimum de sens en termes de croissance psychologique des deux originaux. Ils s’intègrent relativement bien, mais on ressent tout de même qu’ils ne sont là que pour faire vibrer la corde sensible des groupies.
Ici, deux sentiments coexistent. Est-ce que cette suite était nécessaire? Non. Est-ce qu’on prend plaisir à la visionner? Oui ! Vous pouvez choisir de rester avec le premier sentiment, avec ce film rythmé qui ne se prend pas tout à fait au sérieux, ou choisir d’être dans le clan traditionaliste qui souhaite garder intacts les bons vieux classiques. Les deux sont très valides — à vous de décider !
P.S. – Assurez-vous de rester jusqu’à la fin du générique pour une scène complémentaire surprise…
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