Debbie Rochon est une figure incontournable du cinéma d’horreur indépendant.
Actrice, réalisatrice et véritable icône du genre, elle cumule plus de trente ans de carrière et plus de 200 films à son actif.
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Révélée notamment par ses performances marquantes dans les classiques de Troma comme Tromeo and Juliet et Terror Firmer, elle s’est imposée au fil des années comme une artiste complète : actrice, réalisatrice, écrivaine, animatrice radio et chroniqueuse, entre autres pour le mythique magazine Fangoria.
À l’occasion de la récente réédition Blu-ray de son film Model Hunger chez Wild Eye et Vinegar Syndrome, j’ai eu le privilège de m’entretenir avec elle afin de revenir sur ce film culte, mais aussi sur son parcours, sa résilience et sa passion indéfectible pour le cinéma de genre.
UG : Je commence toujours par la même question: te souviens-tu du premier film d’horreur qui t’a traumatisée?
Debbie Rochon : J’avais loué un magnétoscope dans un club vidéo, ainsi que deux cassettes VHS. L’une était Thriller et l’autre The Texas Chainsaw Massacre. À l’époque, des rumeurs circulaient encore selon lesquelles Chainsaw était un documentaire, et les gens y croyaient! Le style de tournage brut perturbait tout le monde et sa légende avait commencé dès sa sortie.
J’ai regardé Chainsaw seule et j’ai été complètement terrifiée. Je logeais alors dans un appartement au rez-de-chaussée, j’ai éteint toutes les lumières et je me suis assise face aux fenêtres, à guetter les ombres. Le film a parfaitement fait son travail!
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UG : Tu as travaillé plusieurs fois avec Troma, et ton rôle le plus emblématique reste celui dans Tromeo and Juliet. Quel est ton meilleur souvenir de ce tournage, et quelle est la plus grande leçon que tu en as tirée?
DR : Mon plus grand souvenir, c’est l’énorme quantité de personnes qui travaillaient sur le film! J’étais aussi impressionnée d’être entourée d’acteurs et de cinéastes aussi talentueux. C’était extrêmement bien organisé et tout s’est déroulé aussi doucement que possible. Probablement le tournage le plus fluide de tous ceux que j’ai faits chez Troma.
Je me souviens aussi que c’était plutôt gênant d’embrasser (de jouer une scène romantique) Jane Jenson. C’était la première scène de « sexe » simulé que je tournais, et elle était très soft! Mais malgré tout, c’était nouveau et assez étrange. Nous nous sommes senties en sécurité, ce qui a beaucoup aidé, et je suis reconnaissante du soutien sur le plateau.
La leçon, ce serait sans doute d’apprendre à rester centrée et calme. C’est important d’être un élément fonctionnel d’un film et, peu importe ce qu’on ressent, un plateau n’est pas un endroit pour partager son anxiété. Je gardais ma nervosité pour moi. Avec le recul, j’étais une actrice encore très verte, donc je ne m’en veux pas d’avoir été nerveuse. J’ai simplement appris une leçon importante! Au final, j’étais très fière de faire partie du film, et le nombre de cinéastes qu’il a inspirés est tout aussi important.
UG : Tu as joué dans plus de 200 films. Qu’est-ce qui te fait dire « oui » à un projet? As-tu déjà refusé un rôle parce qu’il allait trop loin… ou pas assez?
DR : Je travaille beaucoup, oui ! Il y a eu de nombreux rôles que j’ai refusés pour diverses raisons. S’il n’y a rien d’intéressant dans le rôle, je ne le fais pas. S’il ne s’intègre pas à mon horaire, évidemment, je refuse. S’ils n’ont pas les moyens de me payer un cachet raisonnable, je refuse. S’ils sont complètement mal préparés, je refuse aussi.
Artistiquement, j’aime quand les films prennent de gros risques, donc ce n’est pas tant une question d’aller « trop loin » dans le sujet. Je n’ai pas de contrôle sur le résultat final d’un film, j’ai seulement le contrôle sur ce que je fais avec le rôle que j’interprète. Je n’ai pas besoin d’accumuler des crédits, alors à ce stade, je recherche vraiment des personnages qui m’intéressent ou qui me mettent au défi. Et malgré tout ça, j’adore travailler.
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UG : Model Hunger t’a permis de passer derrière la caméra. Qu’est-ce qui t’a donné envie de réaliser ton propre film?
DR : On m’avait déjà proposé de réaliser à quelques reprises avant Model Hunger. Les scénarios étaient vraiment très exploitables, mais pas de manière amusante. Alors j’ai refusé à chaque fois. Quand James Morgart m’a partagé son scénario pour Model Hunger, je visualisais chaque scène très clairement, ainsi que ce que j’aurais envie de faire avec le texte, les personnages, le message, tout.
Quand il me l’a envoyé au départ, je ne savais même pas qu’il me demandait de réaliser. Je pensais simplement qu’il voulait mon avis! Après notre discussion autour de son scénario, il m’a demandé de le réaliser, et j’étais très enthousiaste, parce que j’avais déjà énormément d’idées en tête. C’était un véritable « cadeau » qu’on me propose de réaliser ce film. J’ai appris énormément de choses, notamment ce qui me venait naturellement et ce que je devrais développer et améliorer la prochaine fois. Je suis profondément fière du film.
Si un scénario ne m’avait jamais touchée comme celui-ci, je n’aurais probablement jamais réalisé. Il faut « vivre » avec son film pendant des années (préproduction, tournage, postproduction, festivals, sortie, ressorties, etc.), alors il faut l’aimer profondément et le vouloir comme son propre enfant.
![[Entrevue] « Debbie Rochon » : de hier à aujourd'hui 19 Model Hunger 1](https://cdn.horreur.quebec/wp-content/uploads/2025/12/Model-Hunger_1-750x394.jpg)
UG : Wild Eye et Vinegar Syndrome sortent une nouvelle édition Blu-ray avec le Director’s Cut. Tu as dû faire beaucoup de coupes lors de la sortie initiale?
DR : Pas au départ. La partie la plus difficile a été de retirer certaines scènes pourtant très appréciées, simplement pour des raisons de durée. Beaucoup de personnages n’ont finalement pas été inclus dans le film. John Renna incarnait un formidable chauffeur de camion pour lequel nous n’avions malheureusement pas le temps. Lloyd Kaufman et moi jouions aussi des vendeurs itinérants, de porte en porte, qui ont dû être coupés pour des raisons de timing. Ça, c’était le premier niveau de coupes.
Mais la version actuellement disponible en streaming est amputée d’une grande partie de la violence graphique, tout simplement parce que le distributeur a dû la remonter après qu’elle ait été refusée à plusieurs reprises pour son caractère trop explicite, notamment par Amazon Video. Après avoir réalisé une version plus « douce », ils l’ont envoyée sur des plateformes de streaming comme Tubi, sans opposition cette fois. Le chemin a été long pour réussir à la diffuser, sous quelque forme que ce soit.
La version proposée par Vinegar Syndrome et Wild Eye contient tout le sang, les tripes et les parties intimes qui avaient toujours été prévues! Le vagin prothétique est de retour!
UG : Rabid Grannies est l’un de mes films préférés distribués par Troma. Je t’ai entendu parler de ton amour pour ce film et de ton envie d’en voir un remake. Est-ce que c’est quelque chose qui commence doucement à se concrétiser ou simplement un rêve pour l’instant?
DR : Oui, je pense sincèrement que Lisa Gaye et moi devrions être dans un remake. Elle est très enthousiaste à l’idée de se joindre à moi dans cette croisade! Je crois que si nous faisons tous savoir à Lloyd à quel point c’est une idée formidable, nous avons une chance! Il est le gardien du titre, alors croisons les doigts! Ce serait un PUR PLAISIR d’incarner ces personnages.
UG : Y a-t-il un film ou un projet dans ta carrière que tu considères comme particulièrement sous-estimé?
DR : Je pense sincèrement que Colour from the Dark d’Ivan Zuccon, Exhumed de Richard Griffin et Doom Room de Jon Keeyes sont très sous-estimés et n’ont pas été vus ni découverts par assez de gens. Ils méritent vraiment beaucoup plus d’attention. Le travail artisanal est remarquable dans chacun de ces films.
UG : Et pour la suite, qu’est-ce qui t’attend? Quel projet à venir devrions-nous surveiller de près?
DR : J’ai mon podcast en cours, Obscurities, ainsi que plusieurs films qui sortiront au cours des six prochains mois : le dernier film de Lloyd, The Power of Positive Murder, Slaughter at Camp Swinelake de David Green, Grand Finale: A New York Odyssey de Black Forest Film, et Mulva Demon Ass Kicker de Chris Seaver.
Et pour plus de nouvelles, n’hésitez pas à faire un tour sur DebbieRochon.com!
La nouvelle édition de Model Hunger, réalisé par Debbie Rochon, est disponible dès maintenant chez Vinegar Syndrome.
![[Entrevue] « Debbie Rochon » : de hier à aujourd'hui 23 MODEL HUNGER - Official Trailer - Wild Eye](https://www.horreur.quebec/wp-content/plugins/wp-youtube-lyte/lyteCache.php?origThumbUrl=https%3A%2F%2Fi.ytimg.com%2Fvi%2F07boIjkuSW4%2F0.jpg)
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