Dog of God est un ovni cinématographique comme on en voit très peu. L’Amérique a trop souvent cantonné le cinéma d’animation au public enfantin. C’est, certes, une fonction qui lui va comme un gant, mais nous avons tendance à oublier que cette forme peut aussi raconter la peur, la perversion et la mort.
Nous sommes au XVIIe siècle, en Livonie suédoise. Alors qu’une créature erre dans un village pour livrer, comme offrandes, les testicules du diable, un pasteur accuse la belle et voluptueuse barmaid du village d’avoir volé une relique sacrée… et de pratiquer la sorcellerie.
Utilisant la technique de la rotoscopie, les frères et sœurs scénaristes et coréalisateurs Lauris et Raitis Abele signent un film pour le moins unique, qui plaira sans doute aux amateurs de Ralph Bakshi. On y ressent ce même désir d’explorer une contre-culture à outrance, en y ajoutant plusieurs moments de bravoure et d’ingéniosité. Rarement a-t-on vu autant de trash, d’horreur et de sexe dans un dessin animé. Le tout est porté par une poésie macabre délicieuse, qui opère en partie grâce à une conception graphique de grande qualité.
Il n’en reste pas moins que ce scénario fourre-tout, bien qu’il sème des symboles intéressants et mêle intensément différentes légendes, devient rapidement chargé, et peut s’avérer confus par moments. Surtout pour nous, occidentaux, peu familiers avec les méandres du folklore balte. Pourtant, cette dispersion de la trame dans toutes les directions génère un effet boule de neige fascinant. Si quelques détails nous échappent, les images fortes et la surenchère loufoque nous empêchent de décrocher. Le mariage entre le grotesque et l’horreur fait mouche.
En conclusion, Dog of God est un film aussi déroutant que fascinant, qui risque d’en déstabiliser plusieurs — autant par sa forme que par son contenu.
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