C’est dans les années 60 que le réalisateur américain George A. Romero popularise au cinéma les films de zombies, avec des classiques tels que Night of the Living Dead, Dawn of the Dead et tant d’autres itérations of the Dead, qui ont contribué à forger les archétypes du genre. Aujourd’hui, la cinéaste Tina Romero rend hommage au cinéma de son père, en empruntant ses codes classiques qu’elle réinterprète à sa propre manière dans la comédie d’horreur Queens of the Dead, où les zombies s’en prennent désormais à la scène drag de Brooklyn.
Permanentes, maquillage et paillettes : l’esthétique flamboyante d’un bar drag est tout à fait propice à un environnement underground festif qui peut facilement virer au cauchemar lorsqu’on en perd le contrôle. On s’en rendra vite compte lorsqu’une des artistes, après un spectacle, est brutalement attaquée par un mort-vivant, perdant la vie dans une performance aussi grandiose que le lip-sync endiablé qu’elle offrait quelques minutes plus tôt. Rapidement, c’est toute la communauté du bar et des environs qui sera affectée par l’épidémie, alors qu’un groupe, parvenu à s’enfermer à l’intérieur de l’établissement, tentera de survivre à l’invasion.
Queens of the Dead ne cherche pas à développer une intrigue grandiose ou novatrice.
Avec une grande simplicité, le film nous offre quelques informations narratives sur chacun des personnages :
Dre (Katy O’Brian), DJ du bar, s’inquiète du sort de sa partenaire, coincée à l’hôpital pendant la catastrophe ; Ginsey (Nina West) est une mère drag qui effectue ce soir-là un grand retour sur scène, dans une sorte de passation artistique à sa fille choisie ; Barry (Quincy Dunn-Baker), quant à lui, est un homme qui, se retrouvant sur les lieux par pur hasard, peine à trouver sa place au sein de la communauté queer, avec laquelle il vivra l’invasion.
Toutes les intrigues s’entrelacent de façon parfois maladroite, mais on accepte volontiers la proposition, tant l’humour prend le dessus sur la cohérence narrative.
Avec une prémisse pareille, il n’est pas étonnant que la comédie occupe une place centrale dans le film. L’énergie très théâtrale des personnages drag et de la communauté queer contraste efficacement avec l’horreur lente et pesante des zombies. Le mélange fonctionne bien, et la majorité des blagues font mouche. Cela dit, en termes de film d’horreur, Queens of the Dead ne parvient ni à impressionner ni à surprendre : l’œuvre se contente de recycler les scènes les plus convenues du genre. La réalisatrice applique avec soin les codes transmis par son père, mais sans vraiment les repousser plus loin, si ce n’est en les replaçant dans un contexte différent et plutôt rafraîchissant.
Au final, le premier long métrage de Tina Romero est une œuvre énergique, colorée et résolument divertissante. Ancrer le récit dans la scène drag permet une bande sonore éclatée et une direction photo vive, même si l’on aurait aimé un esthétisme encore plus assumé. La réalisatrice livre néanmoins une proposition réussie, qui met en lumière une communauté forte et attachante, rappelant qu’il n’y a rien de plus précieux pour survivre qu’une famille choisie, soudée et solidaire.
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