Un cinéaste façonné par le choc culturel des années 80
Il suffit d’un seul film pour entrer au panthéon de l’horreur : My Bloody Valentine (1981). Pour George Mihalka, ce slasher canadien, tourné dans une petite ville minière de Nouvelle-Écosse, reste une œuvre fondatrice. Conçu à la suite du raz-de-marée Halloween et Friday the 13th, le film aurait pu n’être qu’une copie parmi d’autres. Mais Mihalka impose d’emblée une identité forte : ses tunnels suintants, son décor industriel oppressant et son réalisme social lui confèrent une authenticité brute.

Quarante ans plus tard, My Bloody Valentine demeure l’un des slashers les plus singuliers de son époque, souvent cité comme le plus « canadien » des films d’horreur.
“What was the most important aspect to get into the industry? … I learnt to make very good coffee!” — George Mihalka
L’art de la bascule entre les genres

Réduire Mihalka à un seul succès horrifique serait pourtant une erreur. Le réalisateur s’est toujours tenu à la frontière entre divertissement populaire et chronique sociale. Dès 1980, il signe Pick-Up Summer (Pinball Summer), une comédie estivale légère, typique des teen movies de l’époque, qui lui permet de se faire une place dans l’industrie en alliant efficacité commerciale et savoir-faire narratif.
Deux ans plus tard, avec Scandale (1982), il ose la comédie érotique satirique directement inspirée de l’affaire du Parti libéral du Québec. Sous ses airs de vaudeville léger, le film pointe du doigt la corruption politique et les hypocrisies sociales, provoquant un petit choc médiatique à sa sortie.
En 1993, il surprend de nouveau avec La Florida, comédie dramatique sur les snowbirds québécois en Floride. Derrière l’humour et les quiproquos se cache une réflexion sur l’identité, l’exil volontaire et le rêve d’ailleurs. Ce déplacement de l’horreur vers la comédie prouve sa souplesse : qu’il filme un tueur au masque de mineur, une bande d’ados à la recherche de liberté ou une famille déracinée au soleil, Mihalka garde le même regard attentif sur les communautés, les fractures culturelles et les désirs inassouvis.
La télévision comme terrain d’exploration

L’autre pan de sa carrière s’écrit à la télévision, où il a signé plusieurs séries marquantes. Scoop I et Scoop II (1992–93) dressent un portrait sans concession du monde journalistique québécois. Omertà – La loi du silence (1996–99) plonge dans l’univers du crime organisé montréalais, devenu culte pour toute une génération. À l’international, il participe à Dracula: The Series (1990-91) et à la vénérée Da Vinci’s Inquest (1998-2005), confirmant son aisance à marier suspense, réalisme et atmosphère sombre.
Hollywood n’a pas su pleinement capitaliser sur son talent, mais la communauté cinéphile, elle, ne l’a jamais oublié. L’hommage qui lui a été rendu lors du Festival Fantasia, en juillet dernier, scelle cette reconnaissance. Une discussion pilotée par Marc Lamothe (programmateur et commissaire du Prix Denis-Héroux) et Elza Kephart (réalisatrice et activiste environnementale) a permis de revisiter son parcours : ses débuts, ses films majeurs et ses séries cultes, aussi bien locales qu’internationales.
Une rencontre au Festival Fantasia
Dans ce contexte, notre collaborateur David Machado a eu le privilège de rencontrer George Mihalka à Montréal. Une entrevue où le cinéaste revient, avec sa verve légendaire, sur son parcours atypique, ses influences et sa vision du cinéma québécois et canadien d’hier à aujourd’hui.
👉 Découvrez l’entrevue complète ici :




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