La semaine dernière, Deadline a révélé une nouvelle qui aurait dû faire vibrer tout le pays : The Undertone, un film d’horreur indépendant entièrement produit au Canada, a été acquis par A24, distributeur culte de Hereditary, The Witch et Everything Everywhere All At Once.
L’annonce a été abondamment relayée par la presse américaine. Mais au Canada?
Silence radio. Pas un article, pas un relais, pas même un écho discret.
Les Américains se sont enthousiasmés, quand le Canada, lui, a regardé ailleurs.

C’est Brit MacRae — actrice (Netflix, NBC, Amazon) et fondatrice de la plateforme technologique KINO — qui a mis les mots justes sur LinkedIn :
« Every inbound was American. Not one Canadian press outlet reached out. »
Un constat brutal, mais révélateur. Cet effacement n’est pas nouveau. Les créateurs canadiens le savent : chez nous, les réussites locales sont trop souvent célébrées uniquement après avoir été adoubées par l’étranger. Aux États-Unis, il existe un véritable système de mise en valeur, un star system qui nourrit et amplifie ses talents. Au Canada, on se contente trop souvent d’un « bravo poli » avant que les artistes ne traversent la frontière. Alors, quand ils réussissent ailleurs, on applaudit enfin. Mais trop tard.
MacRae enfonce le clou :
« The U.S. has a star system. We have polite applause. Our media, platforms, and cultural orgs don’t consistently put Canadian creators front and center. Then our best people leave, succeed elsewhere, and we clap after the fact. That cycle is sooooo fixable, but only if we collectively DECIDE to fix it. »
Cette inertie, qu’on l’appelle syndrome du coquelicot (tall poppy syndrome) ou simple frilosité culturelle, a un coût. Elle prive nos créateurs de l’oxygène médiatique nécessaire pour s’imposer chez eux, et pousse nombre d’entre eux à s’exporter pour exister.

Un coup de cœur à Fantasia
Pourtant, The Undertone mérite plus qu’un silence. Présenté au Festival Fantasia, il avait déjà conquis le public montréalais. Au sein de la rédaction d’Horreur Québec, il avait suscité curiosité, discussions et engouement, preuve que ce projet 100 % canadien portait déjà en lui une résonance particulière.
Le voir désormais porter les couleurs d’A24 est une fierté, mais aussi une frustration : pourquoi faut-il attendre la validation américaine pour en parler ?
Retourner le miroir
Il y a pourtant là une opportunité. Le succès de The Undertone devrait être un électrochoc. Nous avons les talents, les histoires et les images. Ce qui manque, c’est la volonté collective de les mettre de l’avant. Célébrer bruyamment nos créateurs. Traiter les premières locales comme des événements mondiaux. Exiger des médias qu’ils couvrent le cinéma alternatif avec la même urgence qu’ils consacrent au sport ou à la politique.
Parce que les spectateurs canadiens veulent se voir à l’écran, pas en second rôle, mais au centre de la scène. Et parce qu’attendre toujours l’approbation des États-Unis, c’est condamner notre cinéma à rester une ombre.
Alors célébrons-le haut et fort : The Undertone, réalisé et produit par des Canadiens, vient d’être acquis par A24. Et nous espérons plus que jamais le voir projeté sur nos écrans, avec l’accueil qu’il mérite.




Vous devez être connecté pour poster un commentaire.