Déf. de polyphagie (Le Robert) : Besoin excessif de manger.
L’été se pointe doucement le bout du nez et parfois, ça peut être plus difficile de se plonger dans une atmosphère d’horreur où les monstres rampent dans l’obscurité. Eh bien, le roman Polyphagie de Véronique Drouin publié chez les Hurlantes éditrices plonge les lecteur·rice·s dans un univers d’horreur renversé, où les hommes craignent de sortir la nuit, par peur d’être les prochaines victimes d’un meurtre.
Romane, une jeune femme avec plusieurs cicatrices du passé, étudie à l’école culinaire Guillot. Après une soirée au Dark Daze, le bar du coin, l’étudiante se réveille dans un lieu inconnu, couverte de sang, désorientée, apeurée et surtout, une main sectionnée à ses côtés. De là débute une lente descente aux enfers durant laquelle Romane cherchera à comprendre ce qui se passe avec elle.
![[Littérature] « Polyphagie » : tête de Thomas sur tripes sanglantes d'Eliott 13 3891837 gf](https://cdn.horreur.quebec/wp-content/uploads/2025/05/3891837-gf-307x450.jpg)
Polyphagie, c’est une lecture d’une soirée. Ce roman de plus d’une centaine de pages se déroule à un rythme parfait : aucune place à l’ennui n’est possible ici. L’autrice commence par une mise en contexte assez courte, mais efficace; on en apprend sur le passé difficile de Romane, ses liens avec sa famille, jusqu’à son groupe d’amis et ses études culinaires. L’histoire n’a aucun point mort, laissant les actions se dérouler à un rythme constant et parfait.
On peut rapidement et facilement se mettre à la place des personnages, surtout Romane. Sans trop en révéler, son passé difficile – l’estime de soi en est un élément clé – nous rend empathique envers elle. Dès les premières pages du roman, Romane, après un lendemain de soirée, se réveille nue, couverte de sang, sans aucun souvenir de ce qui s’est passé. On ressent sa panique; on se met dans sa peau; on a peur pour elle. Au fil de l’histoire, on s’attache facilement à elle.
Ensuite, les thématiques choisies mêlées au genre littéraire du body horror et du gore rendent ce roman un cocktail de sang avec un bord de critique sociale et de féminisme. Santé à l’autrice! On a droit à des membres déchirés et sanglants, mais aussi à des moments plus tristes où l’on voit la façon dont Romane se faisait traiter, étant plus ronde que la moyenne. La grossophobie est apportée d’une façon intéressantes et sous plusieurs lumières : la discipline alimentaire stricte, les normes sociales acceptées en matière d’apparence et la transformation du corps.
Ce qui rend ce roman encore plus pertinent, c’est la manière dont les rôles sont inversés. Ce ne sont plus les femmes qui ont le rôle traditionnel de « victime », mais les hommes. Ces derniers deviennent les victimes d’agressions nocturnes —, le roman met en lumière les peurs et les violences que subissent les femmes. Ce changement est rafraîchissant.
À la lumière de tout ça, la ministre de la Sécurité publique a émis un communiqué incitant les citoyens, spécialement les hommes âgés de 18 et 50 ans, à rester à la maison et de ne sortir que par nécessité.
Cette critique ne peut être plus claire : Polyphagie de Véronique Drouin est un roman à mettre sur votre liste de lecture!

![[Littérature] « Polyphagie » : tête de Thomas sur tripes sanglantes d'Eliott 12 3891837 gf](https://cdn.horreur.quebec/wp-content/uploads/2025/05/3891837-gf.jpg)


Vous devez être connecté pour poster un commentaire.