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[FNC 2025] « Theatre of Horrors » : l’ahurissant destin d’un phénomène aussi sanglant qu’influent

Wow, vous ne le savez pas encore, mais Theatre of Horrors : The Sordid Story of Paris’ Grand Guignol est le documentaire que vous avez toujours rêvé de visionner. Rien de moins. Et vous avez de la chance, car le film sera présenté à Montréal en première nord-américaine dans la section Temps Ø du FNC les 10 et 12 octobre à la Cinémathèque québécoise.

Mais qu’est-ce que le Grand Guignol?

C’était un tout petit théâtre logé dans une ancienne chapelle reconvertie, perdu au fin fond d’une étrange ruelle de Paris. Il ouvrit ses portes en 1897, la même année que Bram Stoker publiait Dracula en Angleterre, alors que Georges Méliès réalisait ses tous premiers courts métrages fantastiques. C’était dans cette salle sombre qu’on présentait de courtes pièces qui dépeignaient les aspects les plus laids de l’humanité. On y racontait toutes sortes d’histoires gothiques ou noires, mettant en vedette une panoplie de savants fous, de tueurs en série et, oui, on vous le donne en mille : pas mal de filles qui crient — normalement plus ou moins déshabillées aussi.

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Dans ces spectacles pour adultes avertis, on jouait à torturer et à tuer des gens, de façon la plus graphique possible, soit souvent en les démembrant, alors que coulait, en effet, abondamment le sang. Le théâtre continua de faire salle comble jusqu’à sa fermeture définitive à l’aube de 1963, quelques mois à peine avant que H. G. Lewis ne lance l’un des tout premiers films gore, soit son fameux Blood Feast.

Mais à part avoir donné un adjectif à la langue française (grand-guignolesque), pourquoi diantre ce tout petit théâtre, jadis pourtant fort populaire, ne passa-t-il hélas pas à l’histoire?

Sûrement à cause de celles et ceux qui, aujourd’hui, inventent des termes comme elevated horror, afin de regarder de haut ce qui ne correspond pas à leurs critères élitistes.

Influent, vous avez dit influent?

Peu importe, car cet excellent documentaire lui redonnera ses lettres de noblesse, en exposant son legs et son influence tentaculaire.

Il est notamment question de ses balbutiements, ses tournées et autres factions « franchisées », de ses liens avec l’étude de la psychiatrie (!), de ses effets spéciaux (qu’on s’inventait au fur et à mesure) et surtout de son impact sur le développement du septième art, en particulier sur le genre fantastique français, puis sur le plan international (du splatter au gore, au slasher, au torture porn), et vice-versa. Tout en contextualisant habilement l’impact de l’actualité de son époque, notamment lors et après les deux grandes guerres.

On traite aussi de la carrière de ses plus importants artisans, dont la plus célèbre actrice du Grand Guignol, Paula Maxa (1892-1970), née Marie-Thérèse Beau sur la rue des Martyrs (!), qui fut une authentique scream queen. Surnommée la femme la plus assassinée du monde, elle aurait été tuée sur scène à plus de 10 000 reprises!

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Exposer la face cachée du théâtre de Paris avec doigté

Une histoire méconnue qui nous est racontée grâce à des entrevues avec des intervenants de tous horizons : journalistes, auteurs et historiens, provenant des deux côtés de l’Atlantique (dont le Québécois Mario DeGiglio-Bellemare). Et même quelques actrices, dont la vénérable Denise Dax, qui revient avec le sourire sur son temps passé sur la scène du Grand Guignol.

Le film a été produit, monté et réalisé par David Gregory, prolifique cinéaste et cofondateur de Severin Films, ayant réalisé moult documentaires sur et réédité tout plein de classiques du genre horrifique et autres films cultes depuis 2000.

En termes de réalisation, on emploie ici une foule de techniques visuelles, toutes on ne peut plus maîtrisées. Absolument rien ici n’a été laissé au hasard, car tout a vraisemblablement été confectionné avec le plus grand soin. Entremêlées aux entrevues filmées, on retrouve des images d’archives méticuleusement choisies (photos, publicités, etc.) et des extraits de films, en passant par un magnifique générique (rappelant celui de Delicatessen), bon nombre d’infographies et autres segments animés.

Le diable est dans les détails

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On se doit de mentionner que ces derniers ont été créés spécialement pour le film, afin de recréer la prémisse de certaines pièces, lorsque racontées par des intervenants, en utilisant toutes sortes de techniques traditionnelles d’animation, soit stop-motion, dessin et papier-carton. On lève notre chapeau bien haut à leurs artisans que sont Mike Etoll, Leslie Supnet et Ashley Thorpe.

Et c’est sans parler de la très belle bande musicale (du compositeur Mark Raskin, collaborateur de longue date de Gregory), de la pertinence des propos et de l’éloquence des intervenants figurant dans les entrevues filmées, toutes captées dans de fort jolis lieux. Et vous savez qui a prêté sa distinguée voix pour narrer ce magnifique film ? Ni plus ni moins que celle d’une légende vivante du cinéma de genre, Barbara Steele. Eh oui, la même qui a travaillé avec les plus grands : de Bava à Fellini et Margheriti, en passant par Corman, Dante, Cronenberg, Demme… Une bien belle cerise sur un sundae déjà bien garni !

Bref, si vous n’avez qu’un quelconque intérêt pour le sujet, n’hésitez surtout pas à aller le voir en salle au FNC, vous en ressortirez émerveillés, avec un sourire grand comme ça et surtout avec un regard renouvelé sur vos films gore préférés.

THEATRE OF HORRORS: THE SORDID STORY OF PARIS’ GRAND GUIGNOL (2025) TRAILER
Note des lecteurs1 Note
Pour les fans...
de documentaires sur l'histoire du cinéma de genre.
de films d'horreur dits gore.
des histoires tordues et improbables.
4.5
Note Horreur Québec

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