Le tout dernier film du réalisateur Osgood Perkins, Keeper (VOQ : L’Élue) , est finalement arrivé en salle cette semaine. Avec une bande-annonce peu révélatrice et des affiches tout aussi mystérieuses, difficile de savoir à quoi s’attendre.
Une chose est certaine : Perkins demeure fidèle à son style sombre et énigmatique, nous plongeant tête première dans une ambiance où chaque parcelle d’ombre nourrit le mystère et l’inquiétude.
Après avoir divisé la critique et suscité de nombreuses conversations avec Longlegs, réussit-il à nous surprendre tout autant avec Keeper? Voyons voir…
Un couple de nouveaux amoureux, Malcolm et Liz, passe quelques jours dans un chalet reclus pour souligner leur anniversaire. Médecin pratiquant, Malcolm est appelé à retourner en ville pour voir un patient à l’hôpital. Liz reste seule dans la grande maison isolée, où elle se met à avoir des visions et à douter de sa sécurité.
L’amour un peu, beaucoup…

Les premières minutes du film s’ouvrent sur une mise en scène qui nous fait voyager à travers plusieurs époques, traçant le portrait d’un amour qui s’enflamme puis s’éteint au fil du temps. Avec un titre comme Keeper et les quelques pistes offertes dans la bande-annonce, on comprend rapidement que le film explore les aléas du couple et la fragilité des relations humaines, le tout entremêlé de drame… et de sang. Après ces premières images, nous rencontrons les deux tourtereaux qui prennent la route, baignés dans la douce candeur du tout début d’une relation.
Dès l’introduction du couple, Perkins resserre le cadre sur Liz, délaissant l’état physique des lieux pour se concentrer sur l’état psychologique du personnage. Nous sommes immédiatement plongés dans l’histoire à ses côtés, la suivant de près, avec toute l’angoisse et l’appréhension qu’elle dégage. Comme l’intrigue se déroule principalement dans le chalet, nous nous retrouvons non seulement dans un huis clos physique, mais également confinés dans la psyché de celle qui déambule dans un espace inconnu qui craque de partout.
Jusqu’ici, Keeper tire bien son épingle du jeu en maintenant son énigme solidement serrée. L’introduction de nouveaux personnages ne fait qu’ajouter à l’ambiguïté d’un récit qui continue d’en dire trop peu pour nous permettre de deviner quoi que ce soit.
… à la folie!
Puis un premier événement troublant survient et tout bascule : soudain, toutes les possibilités semblent ouvertes pour la suite. Toutefois, un terrain de jeu trop vaste, qui offre trop de directions, est rarement gage d’une histoire bien ficelée. Basé sur une histoire de Nick Lepard, qui a également écrit Dangerous Animals, Keeper aurait certainement gagné à ratisser moins large et à se concentrer davantage sur certains éléments clés du récit.
D’un rythme lent et anxiogène, sagement cadré et soutenu par un travail sonore judicieux, la mise en bouche initiale prend un virage à 180 degrés et nous entraîne dans un monde parallèle étrange, qui soulève davantage de questions que de peur réelle.
![[Critique] « Keeper » : Osgood Perkins explore un nouveau recoin de la peur 13 KEEPER Still 02 CourtesyofElevationPictures](https://cdn.horreur.quebec/wp-content/uploads/2025/11/KEEPER_Still_02_CourtesyofElevationPictures.jpg)
The Blackcoat’s Daughter et Longlegs laissent certes perplexes, mais cette perplexité est teintée de stupeur et d’effroi. Le fait de ne pas obtenir toutes les réponses ne fait qu’accentuer l’emprise du film une fois l’écran éteint, comme si l’histoire ne s’était jamais vraiment terminée et que la peur continuait de nous suivre.
Dans le cas de Keeper, toutefois, le manque d’élucidation ne produit pas le même effet. Au lieu d’être hanté par une fin volontairement ambiguë, on demeure plutôt avec des « qui? », « quoi? » et « pourquoi? » qui flottent sans véritable logique.
Sans vouloir divulgâcher quoi que ce soit, disons simplement que Keeper marque pour Perkins une façon jusqu’alors inexplorée d’incarner la peur et le mal. Après lui avoir donné la forme d’un tueur en série, du diable et même d’un jouet possédé, le réalisateur s’aventure ici vers une nouvelle présence tapie dans les recoins sombres. Visuellement intéressant, le dévoilement saura plaire à certains, tandis que d’autres pourraient rester… déconcertés.
Mention spéciale à Tatiana Maslany (The Monkey), qui incarne une Liz bouleversante de vérité dans ce tourbillon infernal. Sa performance, viscérale et parfaitement maîtrisée, se veut l’ancrage émotionnel principal du film. Applaudissements également au décor et au cadrage, qui nous maintiennent dans une angoisse étouffante et renforcent la sensation d’enfermement.
Le film aurait d’ailleurs été plus réussi s’il nous avait maintenus davantage dans ce malaise subtil et inconfortable, plutôt que de glisser trop rapidement vers une complexité où le récit semble parfois s’embourber. Somme toute, Keeper est « efficace » dans son genre, mais il aurait mieux valu que le film choisisse une voie claire et s’y tienne, plutôt que de se dénaturer en cours de route.
À voir, certes, mais avec un esprit ouvert… et des attentes mesurées.

![[Critique] « Keeper » : Osgood Perkins explore un nouveau recoin de la peur 12 KEEPER Still 01 CourtesyofElevationPictures](https://cdn.horreur.quebec/wp-content/uploads/2025/11/KEEPER_Still_01_CourtesyofElevationPictures-1155x770.jpg)


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