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[Critique] Dark Harvest: un carnage d’Halloween avec beaucoup de jus, mais peu de chair

L’histoire derrière la sortie de Dark Harvest est un peu triste. D’abord annoncé en 2019, le dernier film de David Slade, l’homme derrière 30 Days of Night, Hard Candy et Black Mirror: Bandersnatch, a connu quelques aléas de production avant d’être finalement tourné en 2021. Puis, sa parution en salle a été reportée à deux reprises pendant la pandémie de COVID, pour finalement atterrir discrètement comme une patate chaude vendredi dernier chez Prime Video au Canada. Nul doute que les studios ont perdu foi quant au potentiel du slasher surnaturel.

Dans les années 60, au cœur d'une petite ville du Midwest américain, une légende plutôt particulière fait rage: celle de Sawtooth Jack. Chaque Halloween, l'épouvantail maudit, qui guette les champs de maïs environnants, se réveille et entreprend un carnage annuel en chemin jusqu'à l'église locale. La tradition veut que les jeunes hommes des lieux prennent la créature en chasse jusqu'à ce que l'un d'eux la moissonne et remporte ainsi la chance de quitter le patelin. 
Dark Harvest affiche film

Adapté du roman de Norman Partridge paru en 2006, lauréat d’un Bram Stoker Award, Dark Harvest nous transporte dans l’univers fictif d’une ville assiégée par cette légende surnaturelle en surface plutôt attrayante. Richie vit dans l’ombre de son frère depuis qu’il a remporté l’infâme course l’année précédente, mais le jeune homme est déterminé à déserter la petite communauté corrompue ainsi que sa famille divisée par le départ de leur fils aîné vers de pâturages plus verts.

Difficile de rendre l’époque à laquelle Dark Harvest se déroule au goût du jour à l’écran. À travers cette marre de jeunes hommes en surdose testostérone qui coursent à savoir qui fessera le plus fort — pensez à une nuit de Purge exclusivement mâle adolescente — un seul personnage féminin est véritablement abordé, mais pas n’importe lequel: celui de Kelly (attachante Emyri Crutchfield, Amazing Stories), jeune femme afroaméricaine récemment débarquée en ville, et pour qui Ritchie en pince. Sa présence dénonce évidemment le racisme des années, mais permet aussi les uniques angles sensibles du récit.

Mais la réalisation de Slade s’intéresse davantage aux têtes qui s’ouvrent sous nos yeux et aux litres de sang qui se déversent dans les rues de cette chasse annuelle grâce à un bon nombre d’effets gore extravagants. Le mélange entre le pratique et le numérique fonctionne et offre des scènes percutantes, à l’image des magnifiques apparitions de Sawtooth Jack, créature à mi-chemin entre Pumpkinhead et Sam de Trick ‘r Treat.

Le carnage est peut-être divertissant pour l’œil, mais manque de cohésion au niveau du scénario. Michael Gilio (Dungeons & Dragons: Honor Among Thieves) et Norman Partridge adaptent l’histoire pour l’écran, qui ne parvient pas à susciter de réelles passions, ni même de frissons. La faute est entre autres mise sur le développement unidimensionnel de ses personnages — majoritairement antipathiques — et certains éléments de la légende qui demeurent trop flous. Pourquoi la créature doit-elle se rendre à l’église exactement? Comment est-elle née et d’où lui vient sa soif de sang? Plus encore, pourquoi ces gens ne peuvent quitter les lieux? Une scène pendant le générique de fin développe bien quelques éléments de réponses, mais la majorité de ces mystères, qui constituaient pourtant l’un des principaux attraits du métrage, sont pourtant laissés dans l’ombre.

Autrement, l’ambiance d’Halloween bien glauque de Dark Harvest justifie un visionnement pendant la belle saison, même si le titre ne risque pas de se retrouver dans les plus marquants de l’année horrifique.

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Note Horreur Québec
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