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[Critique] Knock at the Cabin: la fin du monde une fois au chalet

Qu’on aime ou non M. Night Shyamalan, ses films créent toujours de l’engouement. Cette année, il produit, réalise et co-signe Knock at the Cabin (La cabane isolée), une adaptation du roman d’horreur psychologique The Cabin at the End of the World de Paul Tremblay.

L'été s'annonce idyllique pour Wen (Kristen Cui) et ses pères, Andrew et Eric (Ben Aldrige et Jonathan Groff), qui ont loué un beau chalet en forêt. Leurs vacances prennent fin abruptement lorsque quatre étrangers dépareillés et armés les prennent en otage. Leur leader (Dave Bautista), un homme immense qui s'exprime doucement, la larme à l'œil, affirme que la fin du monde arrive et qu'il n'y a qu'un moyen de l'arrêter: Andrew et Eric doivent sacrifier un membre de leur famille.
Knock at the cabin affiche film

La critique avait encensé le roman, un récit poignant mené de main de maître par l’un des meilleurs auteurs d’horreur contemporain. C’est donc peu dire que les lecteurs ont des attentes élevées envers Shyamalan, qu’on connait pour ses tops (The Sixth Sense) autant que ses flops (Lady in the Water). Ils pousseront donc un soupir de soulagement en apprenant que Knock at the Cabin est une adaptation fidèle… jusqu’à la fin du troisième acte, où elle prend un virage majeur.

D’accord, il ne faut pas faire la gaffe de trop comparer l’adaptateur à l’adapté: la littérature et le cinéma parlent un langage différent, on ne veut pas museler la créativité du cinéaste, les copies conformes sont rarement intéressantes, alouette. Malheureusement, ce tournant transforme le récit en un produit plus vendeur et grand public, emballé en prime dans un gros ruban judéo-chrétien bien net. Pour certains, Knock at the Cabin pourrait ressembler à une œuvre religieuse et conservatrice travestie en film d’invasion. On sent bien l’influence de la production et des investisseurs.

Alors que l’une des forces du roman reposait dans son ambiguïté, Shyamalan lève plutôt le voile sur le mystère pour offrir une finale optimiste et proprette — le réalisateur brise d’ailleurs son habitude de conclure avec une grande twist, ce qui aurait pu être rafraîchissant ailleurs. Quand on y pense bien, il est évident que The Cabin at the End of the World se terminait de manière trop ouverte et sinistre pour les sensibilités hollywoodiennes. Force est d’admettre qu’un studio indépendant et un réalisateur moins connu nous auraient probablement livré une œuvre bien plus horrifiante. Ainsi, Knock vit dans l’ombre de ce qu’il aurait pu être.

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Du côté des acteurs, il y a peu à redire, sinon un ensemble légèrement figé par moments. La petite Kristen Cui se débrouille fort bien dans son premier rôle, et Ben Aldridge incarne son personnage avec une émotion bouillante qui va droit au cœur. Mais la star est sans conteste David Bautista (Army of the Dead, Glass Onion), qui brille dans le rôle d’un doux géant résigné qui porte le poids du monde sur ses épaules. L’ancien lutteur prouve qu’il a les muscles pour des rôles de composition et mérite mieux que de toujours jouer les gros bras.

Avec le raffinement du sens de l’espace et de la composition qu’on lui connait bien, Shyamalan renforce l’effet de huis clos avec une abondance de plans très serrés qui soulignent l’humanité des personnages et, surtout, leur angoisse face à un choix aussi absurde et impossible. L’effet de proximité créé par cette caméra intimiste fait vibrer nos cordes sensibles et alimente une tension très bien installée.

Soyons francs: malgré ses failles, et elles sont nombreuses, Knock at the Cabin est loin d’être mauvais.

Note des lecteurs20 Notes
Points forts
Dave Bautista
Composition de l'image
Points faibles
Idéologie chrétienne presque propagandiste
Surexplicatif
Édulcoré dans un (saint) esprit hollywoodien
3.5
Note Horreur Québec
Assistante à la rédaction

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