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[Critique] « The Hand That Rocks the Cradle » : théâtre des archétypes et de l’impersonnel

Sorti en 1992, The Hand That Rocks the Cradle demeure l’un de ces thrillers domestiques tombés dans l’oubli. C’est donc avec une certaine curiosité qu’on découvre aujourd’hui une relecture du même titre sur Disney+ et sur Hulu. En octobre dernier, nous avions rencontré Michelle Garza Cervera, la réalisatrice derrière cette nouvelle version prévue pour 2025.

Aujourd’hui, place à notre critique d’un long-métrage revisité… où, entre archétypes et impersonnalité, le malaise laisse souvent place à l’ennui.

Une mère à bout de souffle engage une nouvelle gardienne pour s'occuper de ses enfants. Mais Polly Murphy (Maika Monroe) se révèle être bien différente de celle qu'elle prétend être... Sa simple présence au sein du foyer viendra menacer l'équilibre familial ainsi que le mariage de ses employeurs.

Impersonnel

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Malgré des thèmes forts, qui auraient pu donner lieu à un drame poignant — la maternité, la rivalité entre femmes, la charge mentale — La main qui berce l’enfant peine à susciter la moindre émotion. Le récit demeure plat, froid, profondément impersonnel. Le jeu d’acteur, sans être mauvais, manque cruellement de souffle : les personnages semblent vidés de toute intensité, réduits à des silhouettes mécaniques.

Sur le plan visuel, le film affiche une esthétique soignée, parfois même élégante, mais sans véritable éclat. L’image, léchée à l’excès, finit par accentuer la neutralité du propos. Un bel emballage pour un contenu sans relief. Le résultat pourrait séduire un public occasionnel, le temps d’un après-midi pluvieux, mais laissera les cinéphiles sur leur faim.

Quant à l’intrigue, elle se fait attendre… puis ne vient jamais. L’histoire s’étire, amorphe, comme suspendue dans un vide narratif où l’on espère en vain une tension, un rebond, une révélation.

Le théâtre des archétypes

Dans la continuité de son ton générique, The Hand That Rocks the Cradle déploie un véritable théâtre d’archétypes. Les personnages, sans profondeur ni personnalité, ne sont que des silhouettes au service d’un schéma narratif convenu. Leur unidimensionnalité empêche toute forme d’attachement : impossible d’éprouver la moindre empathie pour cette mère dépassée ou pour sa gardienne au comportement inquiétant. Le spectateur reste à distance, simple observateur d’un récit auquel il ne parvient jamais à adhérer.

Un scénario bâclé

La plus grande faiblesse du film de Michelle Garza Cervera demeure son scénario. Les détails essentiels manquent, rendant difficile la compréhension des enjeux et des motivations. Le spectateur se voit contraint de combler les vides, parfois au détriment de la cohérence. Si le principe du show, don’t tell — montrer plutôt que raconter — a sa valeur, il ne saurait justifier une narration amputée de ses éléments clés. Sans repères, on décroche, encore une fois.

Le « punch » final, quant à lui, tombe à plat. Surgissant de nulle part, il provoque davantage de confusion que de surprise. Le scénario, décousu, recycle des ressorts vus et revus sans jamais leur donner de souffle nouveau.

LA MAIN QUI BERCE LENFANT

Un malaise

En conclusion, difficile d’ignorer la manière dont le film aborde les thèmes du lesbianisme et des identités sexuelles. Bien que ces enjeux soient essentiels et profondément ancrés dans notre société contemporaine, leur traitement ici laisse un malaise. L’homosexualité n’est pas intégrée au récit comme une composante narrative, mais utilisée comme un ressort de tension, presque comme une curiosité destinée à créer l’étrangeté. Ce choix, à la fois maladroit et daté, trahit une vision qui aurait mérité plus de nuance et de respect.
En 2025, réduire la diversité à un simple levier dramatique n’a plus sa place à l’écran.

The Hand That Rocks the Cradle | Official Trailer | Hulu

Notre entrevue

Plus de trente ans après The Hand That Rocks the Cradle, la cinéaste mexicaine Michelle Garza Cervera s’attaque à une peur profondément humaine : celle qui s’infiltre dans la banalité du quotidien. Dans cette entrevue, la réalisatrice se confie sur sa démarche, son rapport au malaise et sa volonté de revisiter les codes du suspense domestique.
À écouter ici 👉 La main qui berce l’enfant – Entrevue avec Michelle Garza Cervera

The Hands that Rocks the Cradle est disponible sur:
The Hands That Rocks the Cradle
Note des lecteurs0 Note
Pour les fans...
Du film de 1992
D'ici simple
De drame familial
2
Note Horreur Québec

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