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[Fantasia 2022] Legions: un film dépossédé de ses moyens

Le 24 juillet dernier, le festival Fantasia présentait le dernier film du cinéaste et acteur argentin Fabián Forte: Legions. Son premier film Mala carne (2003) a reçu le prix Meilleure réalisation au San Francisco Fearless Tales Genre Fest en 2005, tandis La Corporación (2012) lui a valu une nomination pour un Silver Condor par la Argentine Film Critics Association. Reconnu pour ses œuvres qui mélangent humanisation et déshumanisation, le réalisateur nous propose à nouveau cette recette mixte qui requiert un juste mélange d’ingrédients pour être de bon goût.

Antonio Poyju était un puissant sorcier. Maintenant interné dans un hôpital psychiatrique, il se remémore son passé auprès d’autres patients avides de connaître son histoire. Lorsqu’il apprend qu’une force maléfique menace sa fille unique, il décide de s’évader pour la sauver. Il se butera au scepticisme de cette dernière qui le considère nuisible à sa vie et le renie. Il devra alors prendre les moyens nécessaires pour contrer les obstacles et se débarrasser du démon.
Legions affiche film

Legions commence dans une forêt où nous sommes témoins d’une séance d’exorcisme visuellement réussie, qui donne l’impression que nous sommes sur les traces d’un film de possession qui saura tirer son épingle du grand jeu des films de démons. Fumée rituelle, prière, gémissements, contorsion, tout y est! À bas la menace, l’âme volée est sauvée. Vive le sorcier!

Avancée rapide dans le temps et nous voici à l’hôpital psychiatrique où Antonio Poyju, notre sorcier bien-aimé, raconte à ses confrères ébahis les faits mis à l’écran précédemment. Passionnés par ses récits occultes, les patients l’écoutent raconter, par petites bribes, les étranges aventures de son passé. À la suite de la mort tragique de sa femme, il a dû élever seul sa fille qui, elle aussi, avait des pouvoirs sorciers. L’homme raconte avec amertume l’instant tragique où elle a perdu la foi et quand ses dons lui ont été dérobés par le même démon qui lui a enlevé sa femme.

Nous nous promenons donc d’avant en arrière dans une trame qui juxtapose deux vies, deux univers aux tons distincts qui donnent presque l’impression que le film a été réalisé par deux cinéastes. Rapidement, le fil conducteur qui doit tisser l’avant et l’après s’effiloche et le récit sombre dans un non-sens qui fait sourciller. D’un côté, un univers propice à l’horreur qui nous en donne trop peu, de l’autre, un environnement à la fois dramatique et burlesque qui se perd dans ses idées à peine développées. Malheureusement, le jeu d’acteurs inégal ne réussit pas à sauver l’histoire qui nous fait regarder le temps restant du coin de l’œil.

Il faut toutefois mentionner que Forte est reconnu pour son écriture cocasse. Il joue d’ailleurs avec ce ton clownesque dans Dead Man Tells His Own Tale (El muerto cuenta su historia), dans lequel un homme misogyne devient l’esclave d’un groupe de vampiresses désirant établir un matriarcat universel. Avec un petit côté «Beetlejuicesque», ce film sans prétention a su plaire à un public agréablement surpris en 2016. Toutefois, Legions ne tombe ni dans le sérieux, ni dans le dérisoire et se tient de façon malaisante dans le milieu. À plusieurs reprises, il semblerait logique que le film s’arrête et nous invite à visionner la suite dans un prochain épisode d’une série télévisée à tout petit budget cotée générale.

Note des lecteurs1 Note
Points forts
Première scène prometteuse
Quelques effets spéciaux réussis
Points faibles
Humour et d'horreur mal calibrés
Jeu des acteurs non crédible
Aucune profondeur à l'histoire
1
Note Horreur Québec
Horreur Québec
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