Continuons notre fouille dans les archives cinématographiques queer avec une histoire inspirée de l’univers de l’autrice Shirley Jackson. Cette semaine, j’ai envie de vous faire plonger dans la longue histoire du manoir des Hill. Vous connaissez sans aucun doute la série Netflix The Haunting of Hill House, eh bien sachez que cette frissonnante série est inspirée non seulement d’un livre, mais aussi d’un film!
Jackson pose les bases d’une histoire qui deviendra plus grande qu’elle et qui fascinera génération après génération. Avec son livre, elle crée une présence et une représentation queer nécessaire et intéressante, qui sauront être reprises dans les adaptations à l’écran!
Accrochez-vous, on fait une plongée pour revenir aux sources du manoir hanté des Hill! Pour ce faire, aujourd’hui, nous explorerons The Haunting, de Robert Wise (West Side Story, The Sound of Music, Born to Kill) sorti en 1963.
Le Dr John Markway réunit une équipe d’amateurs animés par l’ambition et le désir de prouver que le manoir des Hill est hanté. Depuis près de 90 ans, des phénomènes étranges se produisent dans ce manoir. Chaque personne y ayant vécu a connu une fin tragique et inexplicable. La petite bande réussira-t-elle à prouver la présence d’entités spectrales dans ce château? Et surtout, survivront-ils à leur enquête ?
Avec une tension maîtrisée, une ambiance bien installée et une intrigue prenante, vous ne vous ennuierez pas avec The Haunting!
La bande de personnages colorés, presque caricaturaux, vous promet un visionnement passionné!
Qui est Shirley Jackson?
En 1959, Shirley Jackson fait paraître The Haunting of Hill House, un roman d’horreur prenant et immersif. Dès lors, une représentation queer en ressort : à travers le récit horrifique qu’elle nous raconte, Jackson fait aussi naître un intérêt romantique d’Eleanor pour Theodora.
Née en décembre 1916 aux États-Unis, Shirley Jackson nous a légué une œuvre riche. De son vivant, elle aura écrit tant pour les jeunes âmes que pour les plus téméraires et courageux d’entre nous. Entre nouvelles, romans, livres jeunesse, c’est en 1948 qu’elle fait paraître son premier roman The Road Through The Wall, et dès lors, elle attire les foules.
Parmi ses œuvres les plus marquantes, on retrouve, entre autres, We Have Always Lived in the Castle et évidemment The Haunting of Hill House. Non seulement Shirley Jackson a écrit des romans puissants et envoûants qui ont su charmer les lecteurs du monde entier, mais elle l’a fait en étant une femme et en intégrant ici et là des représentations queers. Rien que pour ça, une saucette dans son univers est nécessaire, pertinente et subjuguante.
The Haunting… adaptation explicite
Si le roman de Jackson a fait parler, particulièrement par la présence d’un personnage lesbien, dans son adaptation, Robert Wise décide d’être encore plus explicite que ne l’avait été l’autrice. En plein code Hays aux États-Unis, il est assez facile de deviner que le film en a choqué plus d’un. Cependant, cela n’a pas empêché le film de connaitre un fort succès!
Bien qu’avec du recul et un regard contemporain sur le film de Wise, on se rende rapidement compte que plusieurs aspects de la représentation queer et lesbienne faite du personnage de Theo sont erronés, stéréotypés ou complètement déplacés, il n’en reste pas moins que Theodora est un personnage important, même encore aujourd’hui, dans la représentation de la communauté. The Haunting a pavé la voie pour cette représentation à bien des égards.
Loin de la lesbienne maléfique
Lors de ma précédente chronique, je vous présentais Dracula’s Daughter. Le film était l’une des multiples représentations de la figure lesbienne comme un monstre, une vilaine. Ici, ce qui permet de faire de The Haunting un film majeur dans l’histoire de la représentation queer, plus particulièrement lesbienne, c’est l’absence d’une connotation horrifique en lien avec l’orientation sexuelle de Theodora.
En avance sur son temps, The Haunting n’utilise pas le lesbianisme de Theo comme une signification louche ou pour faire passer un message indésirable. En fait, le film utilise cet élément comme un autre dans sa trame narrative. Certes, le personnage aime les femmes, mais ce n’est pas le cœur du film, c’est simplement une donnée parmi tant d’autres, qui ne définit pas la personnalité complète de Theodora. En ce sens, le film de Robert Wise est innovant!
Héritage moderne
Ce qui est intéressant dans le cas du roman d’origine de Shirley Jackson, c’est que peu importe les adaptations de son histoire, la représentation lesbienne est toujours présente!
Pour celleux qui ont visionné The Haunting of Hill House sur Netflix, mon article a probablement fait écho ! Ici aussi, l’orientation sexuelle de Theodora n’est qu’un facteur parmi tant d’autres de sa personnalité, ne la définissant pas et, surtout, ne la diabolisant pas.
Je me souviens avoir vraiment apprécié mon visionnement de cette série. À l’époque, je ne connaissais pas les racines et l’histoire du récit. Alors, en visionnant The Haunting récemment pour vous faire cet article, j’ai été agréablement surprise de constater à quel point l’adaptation par Netflix est juste. Énormément d’éléments du film de Robert Wise ont été repris dans la série, que ce soit tel quel ou en clin d’œil. Je vous recommande donc vivement de visionner The Haunting si vous avez vu The Haunting of Hill House. Et même, pourquoi ne pas profiter des vacances d’été pour revisionner la série?
En guise de conclusion…
Encore une fois, j’espère avoir pu vous faire découvrir un côté insoupçonné ou trop souvent occulté d’un récit faisant aujourd’hui partie de la culture populaire. Je le réécris : ouvrez les yeux et vous verrez à quel point les représentations queers sont un peu partout!
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