Meilleur2020 Elise

[Le meilleur de l’horreur 2020] Les choix d’Élise Lucie Henripin

En 2020, l’horreur a traversé le quatrième mur pour s’imposer dans nos vies. Le virus, autant que la peur de le contracter, ont contaminé notre quotidien en plus de provoquer d’épouvantables dommages collatéraux, des problèmes d’argent à la détresse psychologique. Cette année aura été un terrain fertile pour les maladies et troubles mentaux.

Nous sommes plusieurs à nous être effondrés sous le poids de la tristesse, l’angoisse et de l’incertitude. Pour moi, de nombreuses journées se sont déroulées avec pour seul exploit d’être parvenue à sortir du lit. Quand la force de manger, de se laver et de prendre soin de soi manque, les hobbies et les passe-temps perdent leur saveur. On ne lit plus de livres, on ne voit plus de films. Malgré le temps libéré par le confinement, j’ai vu moins d’œuvres cette année que les autres. Une quarantaine, peut-être? Assez, heureusement, pour pondre ce top 10.

Alors que l’heure se prête aux bilans, certains d’entre vous ont peut-être l’angoisse ne n’avoir pas consommé assez de culture et de ne pas avoir su profiter du temps que nous a imposé la mise en quarantaine. Si c’est votre cas, soyez tendre envers vous-même. Vous n’avez pas passé vos journées à ne rien faire, vous les avez passées à survivre à dix mois de pandémie.

10- The Pool de Ping Lumpraploeng

Après une journée de tournage, Day fait la sieste dans une grande piscine sans savoir que celle-ci est en train de se vider. À son réveil, il ne reste plus assez d’eau pour atteindre le rebord, et il partage les lieux avec un crocodile. Évidemment, il faut accepter l’invraisemblable pour apprécier ce film qui tire le meilleur de son environnement et ne met jamais le suspense sur pause. Malgré certains effets CGI plus ou moins raffinés, les scènes de confrontation entre l’homme et la bête nous gardent au bord de notre siège, et le parcours intime qui s’inscrit en filigrane donnent de la profondeur au personnage.

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8- Vampires VS The Bronx d’Oz Rodriguez

Agréable petite surprise que cette comédie d’horreur, dans laquelle un groupe immobilier achète tour à tour les commerces du quartier pour les transformer en trappes à hipsters… et en repaires de vampire. Malgré son peu de subtilité, la critique de la gentrification coule bien, exagérée pour suivre la formule de la comédie. Plus léger qu’Attack the Block, Vampires VS The Bronx propose un divertissement sans prétention, et les nostalgiques seront heureux de reconnaître Method Man dans le rôle du prêtre.

Vampires VS The Bronx image film

8- The Invisible Man de Leigh Whannell

Leigh Whannell injecte du sang neuf au monstre de la Universal, qu’il renouvelle aux thèmes et aux couleurs de l’actualité. Toujours excellente, Elizabeth Moss incarne une femme qui échappe à une relation abusive, simplement pour être traquée par son ex partenaire maintenant invisible, avec une conviction qui rappelle celle de Linda Hamilton avec Sarah Connor. Une caméra élégante isole le personnage et garde le spectateur sur le qui-vive avec la menace d’un danger indécelable. On peut oublier Tom Cruise et The Mummy!

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7- The Columnist de Ivon van Aart

Une journaliste de plus en plus obsédée par les commentaires négatifs qui circulent à son égard sur les médias sociaux décide de prendre les choses en main en éliminant ses détracteurs un à un. Ironiquement, elle aide parallèlement sa fille à s’opposer publiquement à l’autorité de son directeur d’école. Où commence et où s’arrête la liberté d’expression? On pourrait presque dire que The Columnist se prête bien aux Fêtes puisqu’il s’ouvre sur une débat entourant le Zwarte Piet, le compagnon hollandais de Saint-Nicolas, reconnaissable à son visage peint en noir.

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6- The Hunt de Craig Zobel

Quand, à sa manière plus ou moins cohérente, Donald Trump a dénoncé The Hunt sur Twitter après en avoir visionné la bande-annonce, Zobel savait qu’il tenait en main l’un des films les plus attendus de l’année — d’autant plus que sa date de sortie avait été bruyamment repoussée à deux fusillades. Le film fournit exactement ce qu’il promet: une satyre socio-politique à la violence, à l’humour et au rythme déchaîné. Dans le rôle principal, Betty Gilpin livre une performance toute simplement épique.

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5- Jusqu’au déclin de Patrice Laliberté

Il faudrait avoir vécu au fond de la forêt dans un abri autosuffisant pour ne pas avoir entendu parler de Jusqu’au déclin, le premier film québécois porté à l’écran par Netflix. Plus thriller que film d’horreur, il raconte l’histoire d’un groupe de survivalistes qui suivent une formation au cœur de l’hiver québécois. Évidemment, les choses ne se déroulent pas comme prévu, et le nombre de participants dégringole comme une avalanche. Preuve que ceux qui passent leur vie à se préparer pour une catastrophe ne sont pas forcément plus prêts, mais plutôt plus dangereux!

Jusqu'au déclin image film

4- Host de Rob Savage

En plein confinement, des amis se réunissent sur la plateforme Zoom pour une séance de spiritisme qui tourne au vinaigre. On connaît déjà la formule des films qui se limitent au cadre de l’écran, comme Unfriended, et Host ne réinvente pas la roue. Il en maîtrise toutefois les codes, qu’il combine à ceux du found footage, pour nous offrir une sale frousse, profitant des similitudes entre la solitude des personnages et celle des spectateurs.

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3- Bleed With Me d’Amelia Moses

L’hiver sert aussi de décor à Bleed With Me, où l’amitié fragile entre deux jeunes femmes co-dépendantes se désintègre lors d’un séjour au chalet où l’une soupçonne l’autre de consommer son sang dans son sommeil. L’atmosphère chaleureuse du chalet, où le feu crépite, s’oppose au ton onirique et semi-réveillé qui brouille les lignes entre rêve et réalité. Les thèmes de la maladie mentale et de l’automutilation sont traités avec une sensibilité et une nuance peu répandues au cinéma, où ils sont souvent synonymes de folie dangereuse et imprévisible.

“Bleed

2- His House de Remi Weekes

Bol et Rial ont quitté leur pays avec leur fille, mais sont arrivés en Angleterre sans elle. Effrayant et émouvant, His House raconte l’histoire de deux demandeurs d’asile en deuil qui doivent s’adapter au sol britannique et apprendre à vivre dans la maison hantée dans laquelle ils ont été installés. Coincés entre l’horreur de la bureaucratie et celle des revenants qui grouillent dans les murs, écartelés entre le désir d’honorer le passé et celui de le laisser derrière, ils tentent de survivre.

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1- Alone de John Hyams

Un homme traque une femme dans une forêt. Ainsi décrit, la simplicité de son synopsis ne semble pas prêter à Alone de quoi se distinguer, mais ce serait négliger l’exploitation parfaite de la nature sauvage de la côte Pacifique, le jeu intense des acteurs qui incarnent le chat et la souris, le rythme qui ne s’essouffle jamais et la maîtrise des codes visuels et auditifs. Ne le laissez pas échapper à votre radar!

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Mon coup de gueule

The Craft: Legacy de Zoe Lister-Jones

Jouer dans les plate-bandes d’un film culte, c’est un risque, mais pas nécessairement une catastrophe. Malheureusement, The Craft: Legacy prouve qu’il faut plus que de la magie pour réinventer un classique. Dommage, parce que malgré mon amour pour The Craft, le film renforce l’idée que les adolescentes manquent de discipline et de circonspection, et une version actualisée aurait été bienvenue. Malheureusement, Legacy semble avoir investi tous ses efforts dans le seul souci de créer une œuvre féministe. À ce niveau, pari relevé. Hélas, on ne peut en dire autant du scénario, du développement des personnages et du jeu des acteurs, tous négligés. L’insulte finale? Les éléments gothiques et horrifiques du premier ont été complètement mis de côté. C’est Nancy qui serait déçue.

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Assistante à la rédaction

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