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[Critique] « Never Let Go » : quand la fin du monde doute d’elle-même

Nous avons assisté récemment à une résurgence massive du film d’horreur religieux avec des titres comme Immaculate, The First Omen ou encore Azrael. Si ces trois productions abordaient et critiquaient les pratiques de la religion catholique, aucune d’entre elles ne contestait le système de croyances en soi… Jusqu’à maintenant! C’est précisément ce que fait le nouveau d’Alexandre Aja (Crawl, Haute Tension), Never Let Go (Ne jamais lâchez).

Une mère célibataire (intense Halle Berry) survit dans une maison en plein milieu de la forêt avec ses deux fils. Pour aller chasser, ces derniers doivent tous être attachés à une longue corde qui les relie à la demeure afin de ne jamais se perdre ou risquer d'être touchés par ce qu'elle appelle « Le Mal » : une force diabolique rôdant autour, que seule la femme peut percevoir. Mais lorsqu'un des enfants perd sa corde et que rien d'inquiétant ne survient, il commence à douter des dires de sa mère...
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Alexandre Aja, réalisateur français connu pour ses œuvres souvent directes, majoritairement qualitatives et plutôt jouissives en matière de violence, surprend ici en s’aventurant dans l’« elevated horror » — un sous-genre plus sérieux, qui réfléchit véritablement à son propos et à ses thématiques. Au final, l’exercice est relativement réussi — relativement étant le mot clé ici.

Le concept de base de Never Let Go est très intrigant, et Aja parvient rapidement à instaurer une ambiance oppressante en exposant les relations de pouvoir malsaines entre la mère et ses enfants. Si leur modeste maison forestière est déjà un environnement inquiétant et isolé, elle devient encore plus angoissante lorsque les deux jeunes se retrouvent piégés dans un système de croyances qu’ils ne peuvent remettre en question, sous peine d’être enfermés dans une petite pièce exiguë pendant des heures, forcés de prier pour chasser le mal.

Tout cela aurait pu faire de cette mère une antagoniste exceptionnelle, nous plaçant dans la même position que les enfants en se demandant constamment si ce mal existe réellement ou si ses propos sont mensongers. Malheureusement, ce n’est pas la direction que prend Never Let Go en nous plongeant immédiatement dans le point de vue de la femme, la seule à voir le mal, que nous voyons donc aussi. Toute forme d’ambiguïté est ainsi jetée par la fenêtre : le mal existe bel et bien.

Ce point de vue permet alors d’accumuler une série de jump scares où ce mal prenant la forme de zombies mi-humains, mi-serpents, attaque la famille. Dans l’ensemble, ces scènes sont efficaces, bien que quelque peu prévisibles.

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Cependant, la relation entre les deux frères est l’élément qui permet à Never Let Go de vraiment briller. Les deux jeunes acteurs sont fantastiques, et le conflit religieux qui les oppose génère des moments extrêmement malsains et intenses. D’un point de vue thématique, on assiste à l’opposition d’un frère qui croit et d’un autre qui ne croit pas, créant une situation tendue à la Caïn et Abel. Le film interroge ainsi le concept de croyance et les fractures qu’il peut causer au sein d’une famille lorsqu’il y a divergence, un thème particulièrement pertinent dans un contexte américain marqué par une situation politique très divisée. Mais qu’en fait le film? Malheureusement, pas grand-chose.

Le principal problème de Never Let Go réside dans son incapacité à aller au bout de ses idées. Qu’il s’agisse de la question du point de vue mentionnée plus haut ou du troisième acte qui refuse de résoudre le conflit idéologique soigneusement installé dans la première heure et demie, l’ensemble devient frustrant. C’est donc ce troisième acte raté qui empêche au film d’être l’une des meilleures surprises de 2024. À la place, nous sommes face à un thriller d’horreur qui devient de plus en plus générique à mesure qu’il progresse.

Never Let Go réussit donc sur plusieurs aspects, mais échoue là où cela compte le plus, c’est-à-dire dans le traitement de ses idées et de ses thématiques, qui étaient pourtant pleines de promesses. Cela ne l’empêche pas d’être un film qui se regarde bien, mais sur lequel on ne vous conseillerait pas de vous jeter dès que possible.

Note des lecteurs0 Note
Pour les fans...
de zombies qui font « grrrr »
de conflits familiaux malsains
des marécages poisseux de la Louisiane
3
Note Horreur Québec

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