puppy play

[Littérature] « Puppy-play » : une vie de chien à la sauce « Clive Barker »

Après nous avoir offert le très beau roman Le Sculpteur de vœux, Philippe-Aubert Côté bifurque davantage vers l’horreur avec Puppy-play, paru récemment dans la nouvelle collection Le Mitan aux éditions Alire. Cette nouvelle section est dédiée à la novella. Autant pour son sujet délicat que pour la prose délectable du romancier, découverte dans ses œuvres précédentes, nous avions très hâte de parcourir ce dernier.

Un jeune homosexuel, qui trouve un certain épanouissement en pratiquant le puppy-play, une activité sociosexuelle où un individu se plaît à incarner un chien, voit sa vie bouleversée lorsque différentes créatures surnaturelles surgissent dans son univers.
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Ce qui retient particulièrement l’attention dans ce nouveau roman de Philippe-Aubert Côté, c’est la manière délicate, précise et nuancée avec laquelle il explore une communauté souvent mal comprise, et trop rarement représentée avec sérieux ou empathie. L’histoire se déroule au sein d’un milieu queer, mais les thèmes qu’elle explore : la violence conjugale, la solitude, le deuil, ou encore la famille de substitution, touchent à une sensibilité profondément universelle. Très vite, on réalise qu’il dresse un véritable portrait des mœurs montréalaises, un regard qui invite doucement le lecteur, même le plus réticent, à mettre de côté ses préjugés pour reconnaître l’humanité derrière les masques canins.

La pratique du puppy-play peut dérouter celles et ceux qui n’en connaissent rien. Imaginer une personne en laisse, marchant à quatre pattes ou buvant dans une gamelle peut sembler insolite. Pourtant, la figure de l’homme-animal traverse la mythologie depuis toujours, et plusieurs indices de lecture, tout comme la superbe couverture signée François Vaillancourt, encouragent à faire des rapprochements qui enrichissent l’expérience du récit.

Cela dit, Puppy-play est une histoire d’horreur, et ses assauts horrifiques fonctionnent très bien. Les habitués du genre pourront certainement tisser plusieurs liens entre ses créatures et celles que Clive Barker a libérées dans ses textes au fil des années. Il faut admettre que cette parenté avec l’auteur de Coldheart Canyon se ressentait déjà dans Le Sculpteur de vœux, mais qu’elle semble plus flagrante dans ce nouveau roman.

Le style fluide et la brièveté maîtrisée du récit dynamisent l’ensemble et nous entraînent avec une habileté désarmante. La finesse du sujet ouvre aussi la voie à plusieurs dialogues savoureux, qui révèlent des personnages imparfaits, mais étonnamment vibrants et plus grands que nature.

En définitive, même si ce récit ne fait pas forcément grimper votre seuil de tolérance, il saura sans doute vous amener à réfléchir… tout en vous offrant un moment de véritable divertissement.

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Pour les fans...
d'univers marginalisés
d'horreur queer
4
Note Horreur Québec

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